Allégorie des saisons, Bartolomeo Manfredia, 1610
Mini Rondel
Passent les saisons,
Les jours gris ou roses,
S’effeuillent les roses
Sous les frondaisons
Sur les trahisons
Des gens et des choses
Passent les saisons
Les jours gris ou roses
S’ouvrent mes prisons
Quand sur moi tu poses
Tes yeux dont tu doses
Mes verts horizons
Passent les saisons…
« Toi » in Fumées
René Courbet de Champrouge
« Tout l’art du rondeau consiste à ramener le refrain sans effort, gaiement, naturellement », écrit Théodore de Banville dans son Petit Traité de poésie.
C’est ce naturel qui émane de ce mini-rondel de René Courbet de Champrouge, qui fut lauréat du prix Maurice Rollinat. Ce poète, qui habitait à Dunkerque, a bien respecté la construction sur deux rimes, la règle des deux premiers vers retrouvés à la fin de la deuxième strophe et du premier vers repris à la fin de la troisième strophe.
Mais, si la structure du poème correspond, comme c'est la règle, aux trois quatrains et aux treize vers de la forme fixe, René de Champrouge a ici choisi le pentasyllabe, plus léger et plus dansant que le décasyllabe habituel. Ce rythme sied au mouvement hâtif et éphémère des saisons, l’évocation du regard de la femme aimée instaurant comme une pause amoureuse dans le passage inéluctable du temps. Un poème émouvant dans sa légèreté apparente.