Samedi 12 mars à la MJC de Saumur et samedi 19 mars 2022 à la maison des Associations de Rou-Marson, les huit Poédiseurs, dont je fais partie, étaient heureux de partager de nouveau la Poésie, cette Poésie « indispensable mais [on] ne sait à quoi », ainsi que le disait avec humour Cocteau. Pour ce Printemps des Poètes 2022 consacré à L’Ephémère, nous avions choisi sur ce thème des poèmes classiques et contemporains, des poèmes encore de certains d’entre nous (Dany Lecènes, Suzel Puren, François Folscheid et moi-même), comme autant d’invitations à savourer l’instant.
Notre lecture a commencé avec des envolées de bulles de savon légères et précaires tandis que Véronique en égrenait les mots avec un extrait du « Savon » (1967) de Francis Ponge : « […] Les trop travaillées parmi ces bulles éclatent et retombent en gouttes d’eau. Et vanité que de vouloir rien en refaire ! Il n’y a qu’une seule solution : les remélanger dans la masse liquide, les y perdre sans aucun regret. »
Depuis toujours la rose est le symbole de l’Ephémère et Françoise nous a fait entendre le dialogue de Françoise Hardy et de la rose dans la chanson « Mon amie la rose » (1964) : « On est bien peu de chose/ Et mon amie la rose/ Me l’a dit ce matin […] ».
Car, comme l’écrit François Folscheid (D’infiniment de pluie et d’aube, 2015), repris par Edith, même s’« il y a toujours un bouquet de roses au/ balcon des promesses […] le jour/ vient toujours où toute fleur d’envole dans un/ nuage d’oubli./ Ne reste plus alors que la trace d’un rêve,/ La violence d’être, le poids de ce qui est. »
François, Véronique et moi-même avons rappelé les moments uniques vécus par « Komako et Yokô : deux femmes de Kawabata », que j’avais rassemblés dans une série de 13 haïkus (dans mon recueil Mais l’ancolie…, 2015) : « Reflet dans la vitre/ Eclat d’un regard unique/ Un monde flottant […] Cosses envolées/ La femme à genoux/ Qui bat des haricots rouges […] Femmes dans les flammes / Mort et métamorphose/ Sous la Voie lactée ».
Cette première partie s’est achevée sur Tristan et Yseult de Hervé Querfféléant, joué à la flûte alto par Dany, tandis que Véronique offrait une fleur au public.
C’était à mon tour de dire « A une passante » de Baudelaire, ce magnifique sonnet des Fleurs du Mal (1857), portrait d’une femme « en grand deuil » croisée fugacement dans la rue et que le poète aurait pu aimer : « […] Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, / Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais ! »
Dans le poème d’Anna de Noailles, dit par Dany, « Ô suave ami périssable » (Poème de l’amour, 1924), la poétesse s’adresse à son amour. Tout en sachant qu’il est mortel, elle exalte ce moment fugitif où ils s’aimèrent : « […] Et cependant, quoi que tu fasses, / Il restera que je t’aimais, / Que j’ai dit ta grâce à l’espace, / Et penché sur tes yeux ma face/ Où le soleil se résumait ! »
Pour souligner la fuite inéluctable du temps, Véronique et Claude ont dit à deux voix « Tout passe », un texte anonyme du XVIII° siècle (Anthologie de la poésie acadienne, 2009). Une sorte d’invitation à une sagesse du quotidien : « Sous le firmament/ Tout n’est que changement/ Tout passe […] Tel est notre sort/ Il faut que par la mort/ Tout passe […] Rien n’est plus efficace/ Pour supporter nos maux/ Que ces deux simples mots/ Tout passe »
A la fin de la deuxième partie, Dany a joué à la flûte alto What if a day de John Dowland et c’était à mon tour de donner une fleur à un auditeur.
Alliant la sagesse extrême-orientale à la culture occidentale, le poète et calligraphe François Cheng dit simplement et magnifiquement l’impermanence de choses dans La vraie gloire est ici (2015) et A l’orient de tout (2005). Françoise nous l’a fait entendre : « Flaque de lumière, / Flaque d’eau, / Au sein de l’éternelle rotation des astres, / Cette brève flamme dansante chasse la lente grisaille / d’un après-midi […] » et « Les libellules sont passées/ Rides sur l’eau/ Le martin-pêcheur a plongé/ Rides sur l’eau/ L’étang limpide n’en a cure/ Lorsqu’il revient à ce qu’il est/ Les truites se glissent insoucieuses/ entre les nuages ».
C’est à deux qu’Edith et Suzel ont dialogué avec le « Rêve d’une femme » de Marceline Desbordes-Valmore (Elégies, 1824). La poétesse se parle à elle-même et se demande si elle, « dont le front a pâli », veut « recommencer [sa] vie » et reprendre le chemin de sa « destinée » : « […] Reprends donc de ta destinée, / L’encens, la musique, les fleurs ? / Et reviens d’année en année, / Au temps qui change tout en pleurs ; / Va retrouver l’amour, le même ! / Lampe orageuse, allume-toi ! / « - Retourner au monde où l’on aime… / Ô mon Sauveur ! Eteignez-moi ! »
La « Consolation à Monsieur du Périer » (Œuvres, 1598) de Malherbe est un des poèmes les plus connus de la langue française. Le poète s’adresse à un ami en deuil de sa fille. Le texte émeut particulièrement quand on sait que le poète perdit deux enfants. Je l’avais choisi, ayant souhaité rappeler les vers célèbres du dernier quatrain : « […] Mais elle était du monde où les plus belles choses/ Ont le pire destin ; / Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, L’espace d’un matin. »
Pour clore ce troisième temps, Françoise offrait alors une fleur à quelqu’un de l’assistance pendant que Dany jouait, toujours à la flûte alto, un Prélude de César Franck.
Puis notre musicienne a dit un poème d’Ondine Valmore, la seconde fille de Marceline Desbordes-Valmore à mourir jeune de la tuberculose. « Adieu à l’enfance » est comme une tragique prémonition du sort tragique qui lui fut dévolu : « […] L’heure est sonnée, adieu mon printemps, fleur sauvage ; / Demain tant de bonheur sera le souvenir. / Adieu ! Voici l’été ; je redoute l’orage ; / Midi porte l’éclair, et midi va venir. »
Suzel a dit ensuite un poème de sa composition, « Ma maison intérieure ». Elle y exprime l’impalpable de la vie intérieure : « J’habite au numéro zéro, chemin du silence. » Elle y décrit une forme d’aspiration indicible et fugace : « Et mon cœur s’étire tellement, / Vers l’amour immense, Qui est dedans, qu’il n’en existe plus… / Et fuit éternellement, / Comme l’eau d’une rivière, / Comme l’eau d’un torrent. »
François Villon écrivit sans doute « La Ballades des pendus ou Epitaphe de François Villon » (1489), pendant l’une de ses incarcérations, à l’ombre de la potence. C’est ce poème macabre et désespéré, décrivant des pendus qui se balancent au vent, qu’avait choisi Claude pour souligner la précarité misérable de la condition humaine. « […] La pluie nous a lessivés et lavés/ Et le soleil desséchés et noircis/ Pies, corbeaux, nous ont les yeux crevés/ Et arraché la barbe et les sourcils/ Jamais nul temps nous ne sommes assis/ De ci, de là comme le vent varie/ A son plaisir sans cesser nous charrie/ Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre/ Ne soyez donc de notre confrérie/ Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre.
Véronique apportait un contrepoint plus optimiste avec « Un espoir virulent » (mars 2020), de Carl Norac, un poète belge. Dans ce poème, celui-ci exprime le désir « Que les mots soient au monde, / Même quand le monde se tait. » Signifiant la brièveté de l’instant poétique, il commence ainsi : « J’ai attrapé la poésie, / Je crois que j’ai serré la main à une phrase/ qui s’éloignait déjà ou à une inconnue/ qui avait une étoile dans la poche. / J’ai dû embrasser les lèvres d’un hasard/ qui ne s’était jamais retourné vers moi. J’ai attrapé la poésie, cet espoir virulent. […] »
C’était au tour de Claude d’aller vers le public avec une fleur et, de nouveau, à Dany de jouer à la flûte alto L’amour de Moy, un air traditionnel.
Pour entamer la cinquième partie, Françoise avait retenu deux extraits de Ombres et lueurs de l’involuté (2018) de François Folscheid. Le premier extrait exalte le chant du merle qui possède « cet étonnant pouvoir : il fait vibrer la tige de / l’instant. […] Quelques secondes seulement, mais/ quelques secondes à mille carats d’or pur. » Le second texte saisit au bond la « fugacité pure de l’écureuil ». « […] feu de/ rousseur en éclat de rétine - on ne le voit, on/ ne l’entrevoit jamais qu’à notre insu, à l’instant/ de sa disparition. »
Edith avait sélectionné mon poème « Instant d’enfance » (Mais l’ancolie…, 2015). J’y exprime le bonheur tendre de tenir un nourrisson dans ses bras, moment éphémère qui enclot toute la douceur du monde. Mais il s’achève ainsi : « […] Se peut-il que ce temps où tout est plénitude/ Où l’on hume en tremblant cette senteur de lait/ Soit lui aussi réduit à toute finitude/ Et qu’éphémère et vif il s’enfuie à jamais ? »
François, avec des extraits de son recueil Gravir le silence (2021), s’interrogeait alors sur la pérennité du poème : « […] Se brisent les mots, s’envole le sens. / Seulement une trace, un murmure de roseaux, le froissement du sang dans une/ coupe de vent. » Avec un texte inédit, il exprimait avec sensibilité le volatil des choses : « Dans l’angle mort, femme-fruit se dérobe. Ca glisse, ça s’enfuit. Aucune main ne peut/ saisir cette neige, cet éclair de sable et de sang – tantôt vapeur – danse sur un doigt, / libellule à son herbe d’eau -, tantôt algue et chant, colère de lune sur la peau. […] »
Après François, j’avais choisi de dire « Tango » (Petits riens pour jours absolus, 2016) de Guy Goffette, un poète belge, dont l’œuvre est toute empreinte de la mélancolie de vivre. Trois quatrains exprimant le souvenir ténu d’un amour disparu et qui commencent ainsi : « Quand il ne restera plus de moi/ que ce vieux chapeau noir sur la table/ où seras-tu mon bel amour/ parmi les roses/ qui vont mourir ce tantôt, […] »
Pour clore cette cinquième partie, Edith s’avançait avec une fleur à la main et Dany jouait à la flûte alto une Sicilienne de Leopold Anton Kotzeluch.
La sixième partie de la lecture a commencé avec une suite de tercets, écrite par Dany, et dite par elle-même, « L’Ephémère », l’anaphore de ce mot ponctuant chaque tercet. Elle y égrène des instants fugaces de la vie : « Dans l’essaim de ballons multicolores retenus par cents fils têtus/ La bulle de savon/ L’éphémère […] Sous les cils chaleureux des amoureux circonstanciels/ L’ardeur du toujours/ L’éphémère […] Sous le mot allumé par le silence poétique/ La nouvelle éternité/ L’éphémère ».
Suzel avait, quant à elle, choisi de dire le célébrissime poème « L’Etranger » de Baudelaire (Petits poèmes en prose, 1869). On connaît ce dialogue entre le poète et lui-même, cet « homme énigmatique », cet « extraordinaire étranger », qui n’aime ni sa famille, ni ses amis, ni sa patrie, ni la beauté non plus que l’or mais qui affirme : « J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages ! »
Claude et Véronique ont uni leurs voix pour dire un de mes poèmes inédits, « Vers l’an neuf », écrit le 1er janvier 2019. Après avoir évoqué la Parque, « la couseuse », « la brodeuse impassible, « la tisseuse impavide », j’y exprime mon aspiration à conserver en moi les instants du quotidien qui font la vie belle : « […] Oh ! ne pas oublier/ La senteur de l’hamamélis/ dans mon salon d’hiver/ Et le parfum subtil de mes roses anciennes […] ». Mon espoir étant qu’« au fil du sablier […] Luira une étincelle/ Pour dilater le temps/ Et le faire éternel »
Anna de Noailles (Poème de l’amour, 1924), choisie par Françoise, sait bien que bonheur et ennui s’en vont « se perdre dans les eaux amères ». Et pourtant : « - Pourquoi nous semble-t-il toujours, / Dans la peine ou bien dans l’amour, / Qu’aucun des deux n’est éphémère ? ... »
C’était le temps que résonne South wind, un traditionnel, à la flûte alto, par Dany, alors que Suzel offrait une fleur à un auditeur.
François entamait la septième partie avec de courts textes de Jean-Claude Xuereb (Fil de l’éphémère), associant dessin et réalité à la difficile volonté d’écriture : « […] L’oiseau noir de Braque d’un cri raye l’espace/ de la fenêtre/ je vois/ j’écris/ j’essaie de figer dans le tremblement des mots/ le pur éclair de son passage/ mais comment dire le perpétuel ailleurs/ de cet oiseau mental qui traverse le temps/ par la trame déchiquetée du hasard »
Pour ma part, j’avais retenu « Jeux d’enfants » (L’autre vie, 2019) du poète saumurois Yves Leclair. Il saisit l’instant d’un retour de la Côte sauvage au cours duquel il découvre les chaises du jardin, « abandonnées, désordonnées », qu’il n’avait pas rangées. Il se remémore ce moment passé où « quelque chose comme de la joie eut lieu ». Mais il n’y a plus désormais « que des grands creux d’absence, quelques pages effacées, l’évangile de l’oubli. »
Dany a donné alors la parole à Gilles Baudry, un moine de l’abbaye de Landévennec, avec un poème intitulé « Il a neigé tant de silence ». Le poète se demande comment « sertir l’espoir/ du monde dans l’amande du poème […] » Avec « une voix si ténue » « comment traduire ce que les mots recèlent ? » Et il conclut : « […] Il a neigé tant de silence/ sur la page, que ce qui fut jadis écrit/ porte le sceau des sans-visage. »
C’était au tour de François d’offrir une fleur à un participant et à Dany de jouer une Partition pour alto.
Edith et Suzel ont débuté le huitième temps de la lecture avec le « Colloque sentimental » de Verlaine (Les Fêtes galantes, 1869). Les ombres de deux amants évoquent le passé « dans le vieux parc solitaire et glacé ». Si l’un évoque avec passion les souvenirs brûlants d’autrefois, l’autre n’en a plus aucune mémoire : […] « - Qu’il était bleu, le ciel, et grand, l’espoir ! / L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir. / Tels ils marchaient dans les avoines folles, / Et la nuit seule entendit leurs paroles. »
Avec « Je suis celui » (Dis-moi ma vie, 1972) de Pierre Seghers, Véronique nous a fait réfléchir sur ce qu’est l’homme au monde, sa relativité et sa petitesse. Débutant par : « Je suis celui d’un seul moment qui durera toute la vie/ éclair, éclat, le miroitement d’un instant/ […] », il s’achève par : […] Je passe, je reviens/ et m’efface et je réapparais toujours le même, un blé/ venu des sarcophages né pour ensemencer et faire/ d’autres grains du secret qui n’est rien, un homme, une misère… »
Françoise, qui aime beaucoup François Cheng, l’avait de nouveau retenu avec deux extraits de Enfin le royaume (2018), l’un célébrant l’instant : « Sois prêt à accueillir/ tout instant qui advient : / Sente gorgée de soleil, / grisée de lune, clairière. » Et l’autre exaltant l’alouette : « De flamme et d’azur/ Alouette au chant pur/ D’un bond tu accèdes/ A la plus haute fête ! »
Je revenais moi aussi à un de mes poètes préférés, Guy Goffette, avec le poème « Un peu d’or dans la boue » (Eloge pour une cuisine de province, 2013). Il y exprime l’aspiration à une vie autre que celle qui propose oubli, répétition et inanité du quotidien. « Je me disais aussi : vivre est autre chose/ que cet oubli du temps qui passe et des ravages/ de l’amour, et de l’usure – […] récoltant/ quoi ? le ver dans la pomme, le vent dans les blés/ puisque tout retombe toujours, puisque tout/ recommence et rien n’est jamais pareil/ à ce qui fut, ni pire ni meilleur/ qui ne cesse de répéter : vivre est autre chose. »
C’est ainsi que Suzel, nous invitait à « autre chose », à savourer et à rêver pendant « L’heure exquise » (La bonne Chanson, 1870), de Verlaine. Une demande de l’amant à sa « bien-aimée » en une suite de quadrisyllabes : « […] Un vaste et tendre/ Apaisement/ Semble descendre/ Du firmament/ Que l’astre irise… / C’est l’heure exquise. »
Le huitième temps de lecture s’achevait avec l’offre d’une fleur au public par Claude tandis que résonnait Boulavogue, un traditionnel à la flûte alto.
Dans la dernière partie de la lecture François a d’abord proposé quelques haïkus d’Anne-Lise Blanchard (Le Ravissement de la marche, 2021). Description de ces brefs instants saisis au vol et rythmés par la marche : « Ravissement de la marche/ quand on est juste/ de passage […] Frémissement/ Eclair roux en son élan/ le chamois disparaît/ Ballast refait/ retard probable dix minutes/ éclair noir – le merle ».
Dans la même perspective, François a décliné une suite inédite de quintils de François de Cornière, « Attraper ce qui fuit ». Sous « un vrai défilé de nuages blancs », le poète écrit ce qu’il a sous les yeux : « […] J’ai noté ça pour un poème/ et le grand chêne d’à côté/ les lignes droites des avions/ les hirondelles en vol plané ». « Toujours vivant », il a « envie de [se] rappeler cette phrase/ autrefois de passage entre nous : « Attraper ce qui fuit ». Et il se souvient « des mésanges bleues/ qui chaque année/ comme aujourd’hui/ dans leur petit nichoir/ - Toujours intact si tu savais -/ recommencent tout/ recommencent tout. »
Nous avons terminé notre lecture avec « Le bonheur est dans le pré » (1917), choisi par Edith. Nous avons dit ensemble l’anaphore : « Cours-y vite, cours-y vite […] Cours-y vite. Il va filer », Edith se réservant la chute finale : « Il a filé ! »
Nous avons dédié ces deux lectures poétiques (à la MJC de Saumur et à Rou-Marson) au peuple ukrainien et à sa résistance héroïque en lisant quelques vers du Testament de Taras Shevchenko (1814-1861) et de Contra spem spero de Lessia Oukraïnka (1871-1913).