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18 janvier 2023 3 18 /01 /janvier /2023 15:05

 

En exergue à mon sixième recueil de poèmes, Flânerie sépia, qui vient de paraître chez Mon Petit Editeur, j’ai choisi de placer des vers de Guy Goffette,

« […] la beauté, c’est que tout

va disparaître et que, le sachant,

tout n’en continue pas moins de flâner. »

VII, Un peu d’or dans la boue,

La vie promise (1991), Guy Goffette,

Poésie / Gallimard, p. 187

 

Celui qui écrit des Petits riens pour jours absolus est un poète du « réel le plus simple et le plus quotidien » que j’aime beaucoup. Je l’avais rencontré aux Poétiques de Saumur il y a quelques années, en septembre 2013. Il m’avait dédicacé La vie promise, et il me l’avait souhaitée « sous les ciels changeants de la Loire et dans la lumière des poèmes ». Ses vers disent que la beauté existe et que, même si elle est éphémère, elle demeure, et qu’il importe que nous puissions continuer à la saisir dans la flânerie.

Dans ce sixième recueil, les poèmes s’échelonnent de 2008 à 2022. Certains sont classiques puisqu’il y a par exemple un sonnet, d’autres sont ponctués ou ne le sont pas. Leur forme m’est souvent dictée par le premier vers qui enclenche la suite et impose son rythme.

La flânerie, c’est le fait de se promener sans hâte, en s'abandonnant à l'impression et au spectacle du moment. Cela renvoie à une déambulation sans but, une errance à travers l’espace et le temps. S’y attache aussi une connotation de hasard. La flânerie est ici de couleur sépia, de la couleur des photos d’autrefois et, pour moi, la couleur du temps qui passe. Ainsi deux poèmes s’attardent sur une photo, celle de mon père et de moi-même quand nous étions enfants.

Quelques poèmes sur le Jour de l’An évoquent le passage du temps, tout comme un autre sur le grenier, lieu où le temps se lit à travers la poussière et l’effritement des objets. Dans ce recueil, je déambule encore sur la digue et sur la plage, devant la mer, là où je suis née. Il y a aussi des errances dans Paris, dans des livres que j’ai aimés. J’y rencontre de nouveau des visages connus ou entrevus et j’évoque des promenades dans mon jardin, notamment pendant le confinement.

Avec ces textes, je cherche modestement à faire revivre l’émotion de ces instants éphémères du quotidien, qui ne reviendront plus, ayant revêtu cette mélancolique couleur sépia. « Mélancolie » est le mot de la langue française que je préfère. Je l’avais souligné au début de mon recueil Mais l’ancolie…, paru en 2015 : « J’en aime le parfait équilibre entre les cinq consonnes et les cinq voyelles, la douce tristesse de la deuxième syllabe nasalisée s’harmonisant avec les deux liquides, tandis que le i final apporte sa stridence plus légère au terme du mot. »

J’ajoute que si les poèmes sont datés précisément, c’est sur la demande d’une de mes lectrices lors de la parution de mon premier recueil. « On aimerait connaître ce qui t’a inspirée, les conditions dans lesquelles tu as écrit le poème » m’avait-elle dit. C’est donc à sa demande que les poèmes sont inscrits précisément dans le temps.

J’ajouterai que la poésie m’est un bon viatique pour le quotidien. Avec le groupe des Poédiseurs auquel j’appartiens, nous nous retrouvons une fois par mois pour partager nos découvertes de la poésie contemporaine. Actuellement, nous préparons une lecture pour le Printemps des Poètes 2023, dont le thème est « Frontières ». Ce sera le 18 mars 2023 à 15h, à la Maison des Associations de ROU-Marson. A la demande d’Anne Faucou et de son association Matrimoine, nous serons aussi à la MJC de Saumur le samedi 25 mars à 15h pour évoquer les femmes en poésie.

 

 

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commentaires

S
Depuis le début de notre rencontre sur nos blogs et à la lecture de chacun de vos recueils, j'ai une attirance pour votre poésie.
Répondre
C
Merci, Suzanne. Dans mon recueil, "Au musée Cernuschi" rappelle notre rencontre.

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