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Chaque année je les attends
mes nénuphars mes nymphéas
et je songe à Monet
qui un jour découvrit
les fééries de son étang
pour ne plus s'en déprendre
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Nymphéas roses, 1897-1899
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Nymphéas, vers 1914
Chaque année je les attends
mes nénuphars mes nymphéas
et je songe à Monet
qui un jour découvrit
les fééries de son étang
pour ne plus s'en déprendre
Nymphéas roses, 1897-1899
Nymphéas, vers 1914
La Madeleine aux deux flammes, Georges de la Tour
Dans les années profondes
Où ma vie s’est lovée
Les journées surabondent
Dans un temps chaviré
Dans les années d’enfance
Je rêvais follement
Futur en fulgurance
Amours infiniment
Dans les années fertiles
Où j’avançais choisie
La vie était idylle
Au goût de l’ambroisie
Dans les années lointaines
Où mon cœur a battu
Les visages essaiment
Et les voix se sont tues
Et dans l’année nouvelle
Incertaine empesée
J’aspire à l’étincelle
Qui saura m’embraser
Pour 2022 qui commence,
le 13 janvier 2022
La Pythie de Delphes, John Collier, 1892, Musée d'Australie Méridionale, Adélaïde
Lorsque l'année s'achève, point la mélancolie ;
Le temps se fait fardeau et se creusent les rides ;
On revit ce qui fut et tout ce qui a fui,
Aux tréfonds de soi-même il se fait un grand vide.
Lorsque l'année commence, on renaît d'espérance ;
Tout ce qu'on n'a pas fait, c'est sûr on le fera !
On attend les demains avec impatience,
Le monde s'offre à nous tel un bel opéra.
On dansera ému sur une valse à Vienne,
On marchera fier au pas de Radetzky,
Et l'on s'embrassera sous les feux d'artifice.
On sera ignorant de l'éternelle antienne,
Celle du désespoir et des temps assombris,
Mais comme on aimerait être la Pythonisse !
Le 2 janvier 2021
Bonne année à tous mes lecteurs, fidèles ou éphémères !
Ground Zero (cnn.com)
En ce 11 septembre 2020, voilà dix-neuf ans qu'ont eu lieu les attentats terribles du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. C'est pourquoi je publie de nouveau le poème que j'avais écrit en 2011 et intitulé "Le coeur à Ground Zero". Il a trouvé sa place dans mon recueil de poèmes, Mais l'ancolie...
Là
Où le verre et l’acier
S’élevaient babéliens
Dans le ciel des affaires
Là où ce fut la fournaise
Et l’enfer
Là où trois mille vies
Se sont embrasées
Ont été asphyxiées
Ont été consumées
Ont été calcinées
Ont été sacrifiées
Sont parties en fumée
Sont devenues poussière
Dans le crématoire américain
A ciel ouvert
Là
C’est désormais le creux
Rectangulaire
Celui de la douleur
Où pleurent
Les eaux du souvenir
Et où celui qui reste
Avec un papier calque
Vient retrouver
Vient caresser
Vient réécrire
Le nom
De celle qu’il aima
Sur la margelle grise
Le cœur à Ground Zero
Au lendemain du 11 septembre 2011
C’est un printemps de confinement
Mais le jardin ne le sait pas
Tous les ans c’est pour lui la même renaissance
Entre ses murs de tuffeau blanc
Et son chêne verdi envahissant le ciel
Dans ce jardin reclus je marche chaque jour
Tel le prisonnier dans sa cour enfermé
Ignorant du futur qui ne sait si un jour
Il reverra l’été
Mes pas continués ont formé un sentier
Sur le gazon touffu aux herbes écrasées
Des moucherons folâtres
En vibrants bataillons une escorte me font
Des lézards affairés en petits crocodiles
Sous mes pieds fatigués en flèche se défilent
Un grossier bourdon bleu violemment me frôle
De son corps velouté de matou en goguette
Sur le buisson de photinia aux fleurs en chou-fleur
Les carabes brillants sont des bijoux glacés
Dans l’ombre des palmiers croissent des grappes jaunes
Et mille raisins noirs
Ils forment un duo dans cette solitude
Puisque l’un est un mâle et l’autre une femelle
Les fruits du magnolia ont chu
Pommes de pin noircies accoucheuses de graines
Et l’on attend la fleur dans sa blancheur musquée
Qui s’enorgueillira en calice dressé
Emergeant de leur conque
Les roses en leur pâleur se déplient se déploient
Fragile transparence prête à se déchirer
Sous le laurier en feuille aux promesses d’étoile
Sur les losanges verts du treillis régulier
Le jasmin rosâtre tente en vain l'escalade
Jusqu’aux ardoises grises offertes à la brise
Dans le petit chemin bordé de noisetiers
Tout blanc du seringa lilial
Ombragé par les fleurs de l’odorant lilas
Je respire en vertige les senteurs fleuries
Et les larmes perdues de la glycine mauve
Par-delà le mur beige aux chiffres à l’envers
Distraction du maçon
Je devine curieuse la voix de ma voisine
Enfermée dans son âge et ses infirmités
Qui parle à ses enfants en un bruit de sourdine
Parfois un bêlement dans le champ d’à côté
Me fait me souvenir du doux agneau pascal
Et le grincement vif d’une scie électrique
Se veut annonciateur des bûches de l’hiver
Dans ce jardin de cloître où recluse je rêve
L’hirondelle émigrée a retrouvé son nid
Ses folles arabesques vers le soir s’envolent
M’entraînant avec elle en une valse folle
Dans ce temps suspendu où je suis comme un moine
Le jardin me console de l’immobilité
La cloche de l’église bat ma tempe pensive
La tourterelle grise sur le toit me fait signe
Les aboiements d’un chien m’aspirent au dehors
Au jardin des reclus
La vie se continue
Photos : ex-libris.over-blog.com
Hirondelle sous mon porche de tuffeau, Photo ex-libris.over-blog.com
Au-dessus du bassin
de pierre rectangulaire
les libellules bleues
batifolent légères
les vibrants papillons
folâtrent ingénus
les grenouilles vert pomme
sautillantes font ploc
indolents les poissons
en rouge bavent et bâillent
sous le ballet dément
le bal en noir et blanc
des arondelles folles
enivrées de ciel bleu
et gobeuses d’insectes
qui montent et redescendent
avec de grands jetés
de vives arabesques
des piqués formidables
des fuites éperdues
vers le porche en tuffeau
le triangle des nids
où pépient leurs petits
Le jardin déserté
fini sera l’été
Un autre poème : http://ex-libris.over-blog.com/article-villanelle-pour-l-hirondelle-70806240.html
La chute de la flèche de Notre-Dame, Crédit photos LCI
Elle a péri dans les flammes
La forêt de Notre-Dame ;
Sur le parvis endeuillé
Gisent des charbons brûlés.
Les gargouilles et les stryges
Soudain crient et puis se figent,
Quand la flèche en fou fracas
Sur la nef tombe et s’abat
Philippe Villeneuve et le coq de la flèche, Crédit photos Capture d'écran Jacques Chanut
Elle a chu la fine épine,
Dentelle qui tout domine,
Mais le coq de son sommet
Continuera de chanter.
Dans la galerie biblique,
Les rois tremblent et sont stoïques,
Le vent enfle le brasier,
Dévorant les toits plombés.
Les fières tours s’arc-boutent,
Elles résisteront toutes,
Protégeant le grand bourdon,
Sa musique en carillon.
Quand le feu enfin s’achève,
Un grand silence se lève,
Et Paris bouleversé
Sait que sa Dame est sauvée.
Après des siècles de règne,
Il ne se peut que s’éteigne
Le fanal du grand vaisseau
Qui vainquit tous les assauts.
La Croix après l'incendie, Geoffroy Van der Hassel, AFP
Quand on ouvrira la porte,
Parmi les eaux qui sanglotent,
Dans la nef à ciel ouvert,
Surgit la Croix de lumière.
Lundi de Semaine sainte,
Journée tragique et défunte,
Notre-Dame, corps vivant,
Comme le Christ souffrant,
Aura vécu son martyre,
Mais sans jamais s’avilir,
Aura souffert sa Passion
Vers une Résurrection.
Le Vendredi saint 2019
Belle année 2019 à tous mes lecteurs !
Que ce poème soit une invitation à vivre chaque instant avec intensité et à en découvrir la beauté ainsi que nous y invite François Cheng :
"Chaque expérience de la beauté, si brève dans le temps, tout en transcendant le temps, nous restitue chaque fois la fraîcheur du matin du monde." (Cinq méditations sur la beauté)
Je la vois la couseuse
Assise à ma fenêtre
La brodeuse impassible
La tisseuse impavide
Qui ourle et qui déroule
Le tapis des années
Qui file et qui dévide
Les milliards de secondes
Les minutes myriades
Et l’infini des heures
De sa main implacable
Aux doigts inéluctables
Et du temps que j’écris
Tout s’est déjà enfui
Mais au-dedans de moi
Comment garder la trace
De la durée qui passe
Et m’enserre au passé
En cette année nouvelle
Il faut qu’en moi demeurent
Les matins d’incendie
Quand le soleil levant
Signe des ombres roses
Sur les murs blancs de chaux
Et qu’en mes yeux perdure
Le rouge des poissons
Bullant dans le bassin
Parmi les nénuphars
Ou le chat blanc et roux
Déambulant au mur
Ou le gros pigeon gris
Au collier bleu et vert
Au pas de sénateur
Sur le gravier de Loire
Et que toujours résonnent
La cloche claire du portail
Et les abois des chiens
Dans la nuit solitaire
La déchirure aiguë
Du violon de Renaud Capuçon
Et les vers d’Aragon
Oh ! ne pas oublier
La senteur de l’hamamélis
Dans mon salon d’hiver
Et le parfum subtil
De mes roses anciennes
Pour jamais éprouver
La douceur de la peau
De mes petits-enfants,
Leurs regards émouvants
Leurs gestes pleins d’élan
Les grâces infinies
De mes petites-filles
Et les promesses belles
De mes deux petits-fils
Quelle que soit cette année
Il faudra que j’en vive
Sa dureté de caillou
Sa beauté étrangère
Au fil du sablier
Au cœur battant des jours
Au clair d’une rencontre
Au feuilleté des pages
Surgira bien un mot
Règnera un sourire
Luira une étincelle
Pour dilater le temps
Et le faire éternel
Le 1er janvier 2019
Photos : ex-libris.over-blog.com
Givre
Sous son linceul silencieux
Tramé de givres et de blanc
Deux mille seize se meut
Vers un oubli agonisant
Sous son linceul silencieux
Cousu de givre déperlant
Et de dessins précieux
L’année s’enfuit à pas très lents
Sous son linceul silencieux
Ourlé de givre grelottant
Et mille fils soyeux
Le temps hésitera longtemps
Sous son linceul silencieux
Cousu de givre frissonnant
L’année des mois vertigineux
Meurt esseulée sous le ciel blanc
Samedi 31 décembre 2016
En cette ultime journée de l'année 2016, tout en givre, blanc et froidure, je souhaite à mes lecteurs, à mes visiteurs, une nouvelle année, en pureté et en beauté.
Le soir tombait
Tout doucement
Diane planait
Au firmament
Le ciel mourait
En rose et blanc
La mer rêvait
Immensément
Les pins dansaient
Obscurément
On contemplait
Infiniment
A l’anse de Magaud,
dimanche 17 juillet 2016