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25 janvier 2021 1 25 /01 /janvier /2021 18:34

Statue du dieu Pan par le sculpteur grec Fanis Sakkelariou, dans le parc des Buttes-Chaumont

 

Suzanne Granget (Nids d'écriture en Berry) nous propose d'écrire avec plusieurs ou tous les mots-plumes suivants :

Source - terre - fée - cristallin - rituel - lover - tourbillon - mimosa - fontaine - vertige - passer - corset.

 

Quand le grand Pan sauvage investissait la terre,

Animant la Nature en un fou tourbillon,

En nymphe à la fontaine et en fées familières,

La source était vivante, amoureuse d'Alcyon.

 

Quand le grand Pan est mort, on éprouva vertige.

Des nixes et des faunes finit le rituel,

La forêt silencieuse oublia ses prodiges,

Et nul ne viendra plus s'enivrer d'hydromel.

 

Parmi les mimosas, un jour doré d'été,

J'aimerais ardemment, au milieu des collines,

Revoir le dieu Pan, sa bestiale beauté,

Ses déesses des eaux et leur voix cristalline.

 

Dimanche 10 janvier 2021

 

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25 janvier 2021 1 25 /01 /janvier /2021 18:17

Photo Suzanne Granget

L'atelier d'écriture en ligne de Suzanne Granget, Nids d'écriture en Berry, nous propose des mots épars. Voici ce qu'ils m'ont inspiré :

 

Comment vivre

Dans ce monde mystérieux

Solitaire et nocturne

Comment y affronter la haine

Et l’étrangeté de la différence

Dis

Quelqu’un

Viendra-t-il te prendre

Sous son aile consolante

Et

Te rendre la présence

Au berceau de l’enfance

Quand tu ignorais tout

De ta future histoire

 

 

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21 décembre 2020 1 21 /12 /décembre /2020 15:57

Photo Suzanne Granget

Nids d’écriture en Berry, un atelier d'écriture animé par Suzanne Granget, nous a proposé des Mots épars.

Voici ce qui m’est venu :

 

Où s’en vont les âmes

Tout après l’épreuve

Lourdes de leur peine

Comme de la pierre

Où s’en vont les âmes

 

Tristes sans colère

Et sans violence

Devers l’invisible

Elles vivent en nous

En profonde houle

Et en brume bleue

 

Lundi 21 décembre 2021

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16 avril 2019 2 16 /04 /avril /2019 14:33

  Le mystère de la passion

  Manuscrit du Mystère de la Passion (vers 1450), de Arnoul et Simon Gréban

Hier, lundi 15 avril 2019,  dans la soirée, l'incendie de la très ancienne charpente de Notre-Dame de Paris a entraîné la chute de la flèche de la cathédrale. Après une longue lutte avec le feu, les pompiers sont venus à bout des flammes et la structure du bâtiment, en dépit des inquiétudes, a été préservée. En l'honneur de ce bâtiment qui a défié les siècles, je publie de nouveau ce texte que j'avais écrit en décembre 2010.

« Quand donc viendra la clôture de ce dur labeur ? » se demandait avec angoisse Arnoul, le gentil escholier de la Sorbonne, déjà passé maître ès arts, et qui était depuis moult années clerc en théologie. Cloîtré dans sa petite chambre aux murs chaulés de blanc, tout en haut de la tour d’escalier de son logis de la rue de la Licorne, dans cette chaude fin d’après-midi, il laissait son regard errer jusqu’aux tours de Notre-Dame, qui surplombaient altièrement les toits du quartier misérable où il demeurait.

Il y vivait chichement avec Ombeline, sa vieille servante, depuis qu’à l’âge de onze ans, il avait quitté Compiègne, après le siège malheureux de la ville, qui avait conduit la Pucelle sur la place du Marché à Rouen. Grâce aux recommandations du bon maître Thomas de Courcelles, doyen de la cathédrale et proviseur de la Sorbonne, il était devenu l’organiste et le maître de chorale du lieu saint et son petit logis en était proche.

C’est sous les voûtes ogivales et résonnantes de Notre-Dame, dans le prisme coloré des feux des deux rosaces du transept, dans l’élévation mugissante de la musique des grandes orgues, dans le chant pur et céleste des jeunes garçons de la maîtrise, qu’avait jailli comme un miracle l’idée d’écrire  Le Mystère de la Passion. Dès lors, corps et âme, Arnoul avait été tout entier habité par ce dessein. Il avait rompu avec ses compagnons de débauche, il avait cessé de fréquenter les tavernes et tout le temps qu’il ne passait pas sur les bancs de la Sorbonne, il le consacrait à écrire l’histoire du gentil Notre-Seigneur.

Ce qu’il voulait dire, crier, hurler, c’est que le Christ avait donné sa vie pour tous les hommes, en rédemption de leurs péchés, et que sa Passion se poursuivrait jusqu’à la fin du monde. La souffrance des hommes, elle lui déchirait les yeux chaque jour, quand il sortait, tout ébloui par la lumière, sur le parvis de Notre-Dame.

Il se souvenait de ce qu’on lui avait raconté et il songeait souvent aux protestations d’innocence en ce même lieu du grand maître des Templiers, Jacques de Molay, et à sa mort infamante par le feu. Il regardait en frissonnant la haute échelle patibulaire, servant aux condamnés à monter jusqu’à la potence. Quand, il passait près de l’Hôtel-Dieu, il s’effrayait de la longue file des indigents, boiteux, aveugles, mutilés, loqueteux, tous ces misérables qui se pressaient près des portes aux lourdes ferrures, pour être soignés ou recevoir un bol de bouillon. Son cœur se serrait aux abords de l’hospice des Enfants-Trouvés, lorsqu’il songeait à ces petits êtres innocents qui ne connaîtraient jamais ni père ni mère.

Il ne pouvait oublier non plus que c’est la peste, la noire ravageuse, qui lui avait enlevé ses parents dans sa prime enfance. Quant à la guerre qui durait bientôt depuis cent ans, elle laissait la France exsangue et rien n’avait plus ni sens ni raison. Un roi était devenu fou ; les Ecorcheurs, mercenaires impitoyables et sans aveu, torturaient les voyageurs dans les forêts ; les canons remplaçaient les bombardes et tuaient davantage ; et, forfaiture suprême, l’on avait laissé aller à la mort Jeanne la Pucelle.

Alors, quand l’écriture lui devenait trop lourde, quand sa main se crispait sur sa plume, il appelait à la rescousse son frère Simon, secrétaire du comte du Maine. Fidèle et combatif, celui-ci venait le rejoindre à bride abattue dans sa retraite. Tous les deux, recréant l’intimité fraternelle de leurs toutes premières années, s’attelaient jusqu’au petit matin à la tâche prométhéenne que Arnoul s’était fixée.

Ils s’étaient distribué les passages et chacun rédigeait selon son art. Simon, méditatif et rationnel, était passé maître dans la création des personnages allégoriques, Justice, Miséricorde, Paix, Sagesse, et il n’avait pas son pareil pour tourner des morales et des sentences. Imaginatif, il excellait encore dans les indications pour la mise en scène, les didascalies concernant le jeu des acteurs et ajoutait d’une main preste : « cum pueris » ou bien « cum organis ». Arnoul, musicien dans l’âme, se réservait la composition des chants et de la musique, qu’il souhaitait solennelle. Sensible et émotif, c’est lui qui composait avec ardeur les couplets lyriques, les ballades, les rondeaux. Ombeline n’avait-elle pas pleuré quand il lui avait récité la « Complainte de Judas », les « Lamentations de la Vierge » ou la « Prière de Jésus au jardin des Oliviers ?

« Ô père, ne m’oublie pas,

Regarde la cruelle agonie

Dans laquelle tu m’as plongé :

On ne peut suer un tel sang

Sans que la cause n’en soit vive… »

Mais combien elle avait ri, tout en ayant un peu peur aussi, lorsque les deux frères lui avaient joué « Le Chœur des démons » :

« Commencez , mes petits diablotins ,

Grignotez et croquez vos notes,

Et marmottez comme des singes

Ou des vieux corbeaux tout affamés. »

Ainsi, peu à peu, lentement, au prix de maints efforts toujours recommencés, pendant nombre d’années, dont Arnoul ne se rappelait pas le chiffre, La Passion avait pris forme, nourrie de la propre chair des deux frères, de leurs études, de leurs travaux, de leurs rencontres, de leurs prières et de la violence de ce monde dans lequel ils essayaient de vivre tant bien que mal. Et un soir de givre et de glace, aux abords de Noël, alors qu’Ombeline rajoutait sans cesse du bois dans l’âtre, ils avaient contemplé, épuisés mais heureux comme les bergers à la crèche, la pile de manuscrits renfermant Le Mystère de la Passion. Ils étaient incrédules et se demandaient comment ils avaient pu composer ainsi trente-cinq mille vers et faire naître de leur esprit deux-cent-vingt-quatre personnages, qui prendraient vie en quatre journées.

 

  rosace nord

  Rosace nord de Notre-Dame de Paris

 

Alors, dans un même élan, Arnoul et Simon Gréban sortirent dans le froid vif et pinçant, et dirigèrent leur pas vers Notre-Dame. Là, dans la cathédrale vide, où ne brillait que la petite flamme du tabernacle, ils s’agenouillèrent pieusement, Arnoul sous la rosace sud et Simon sous la rosace nord. Et dans le tournoiement lumineux des médaillons, sous la pluie multicolore des fleurs du Paradis, les yeux mouillés de larmes, tout attachés sur le Christ en Majesté, la Mère de Dieu, la multitude de saints, de prophètes, d’anges, de rois, d’apôtres qu’ils avaient côtoyés pendant des années, ils remercièrent du plus profond de leur cœur le doux Seigneur qui, dans sa très haute miséricorde, leur avait octroyé la grâce d’achever Le Mystère de la Passion.

 

  Roasace sud Notre-Dame-de-Paris - rosace sud

  Rosace sud de Notre-Dame de Paris

 

 

 

 

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13 octobre 2015 2 13 /10 /octobre /2015 17:19

La clé des songes, Magritte

 

Il trahit les images

Il dépayse les choses

Il dupe les vocables

Il dément la réalité

Il pervertit les idées

Il se rit des pourquoi

Avec la clé des songes

Il ouvre la porte au mystère

Et flibuste les mots

 

Pour Mil et Une http://miletune.over-blog.com/2015/10/sujet-semaine-42.html

 

 

 

 

 

 

 

 

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12 février 2014 3 12 /02 /février /2014 11:51

une-cigarette-allumee-dans-un-cendrier-Tomasz-Sienicki--2.jpeg

Cigarette allumée dans un cendrier, Tomasz Sienicki, 2005

 

Dans mon passé loin inhalé

Elle fumait des Craven  A

Dans mon passé loin respiré

Ombre bleutée je la revois

 

Doigts fin bagués sur boîte rouge

Doux parfum blond de Virginie

Lèvres ourlées fumée qui bouge

Senteur exquise qui s’enfuit

 

Et dans le filtre des années

Sur les mois gris devenus cendre

Où le vieux temps s’est consumé

Flotte dans l’air la note tendre

 

Pour Mil et Une, link

Sur la photo d’une cigarette qui se consume

 

 

 

 


 

 

 

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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 22:25

 les-vendanges-rouges-vangogh.jpg

      Les vendanges rouges, Vincent van Gogh

 

Au soleil de septembre
Sur le coteau qui penche
Par-delà les rangs verts
Nos deux voix s’appelant
Parmi les sarments noirs 
Nos deux mains se cherchant
Tout au travers des pampres
Nos regards se vrillant

Au soleil de décembre
Dans les années qui penchent
Pour toujours savourer
Cet amour titubant
J'en ai goûté la pulpe
Recraché les pépins

 

Pour le Prix Orange de la saint Valentin, de Short Edition link

 

 

 


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7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 18:54

 

Damien du toit

Kolmanskop, Ville fantôme, Damien du Toit, 2006

 

 

Ma vie

Une marche tout au long de couloirs

Blancs

Où des portes  s’ouvrent

Sans bruit

Ma vie

Une déambulation dans des corridors

Sans fin

Où des battants glissent

En silence

Ma vie

Une avancée dans les sables mouvants

Du temps

Comme dans un tableau déchiré

De Vilhelm Hammershᴓi

 

Pour Mil et Une, link

sur un tableau de Damien du Toit, Kolsmankop

 

hammershoi.jpg

      Portes ouvertes, Vilhelm Hammershoi, 1905

 

 

 

 

 


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29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 14:56

utamaro-portrait-d-une-courtisane-fumant-la-pipe.jpg

Courtisane à la pipe, Utamaro

 

La première fois qu’il avait vu Yukiko une cigarette aux lèvres, il était demeuré pétrifié. Cela était en complète contradiction avec la vision qu’il avait de la femme du Japon, d’un blanc de craie, aux yeux mi-clos, et tellement soumise  sous son échafaudage de cheveux aile de corbeau. Non, vraiment, cela offensait son sens de l’esthétique, sa conception de la femme extrême-orientale.

Et pourtant, il n’avait rien osé lui dire. Il avait attendu que les jours se passent, que le temps se dévide, qu’il découvre qu’elle n’était pas du tout celle qu’il aimait ou plutôt qu’il avait cru aimer. Et puis, un jour, par hasard, dans une galerie de peinture, il avait vu une composition d’Utamaro, intitulée « Courtisane à la pipe ». Ce moment lui était resté fiché en plein cœur, telle une épingle de chignon en nacre, et il avait su définitivement qu’il ne l’aimait plus.

 

Pour le défi des Croqueurs de mots n°115.

 Choisir des mots dans son livre de chevet : p. 12, le 3, p. 15, le 8, p.20, le 5, p. 35, le 11, p. 38, le 10, p. 45, le 6, p. 53, le 7, p. 67, le 24, p. 78, le dernier, dernière page, le 1.

Les mots ont été choisis dans le roman de Thomas B. Reverdy, Les Evaporés.

 

 

 

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16 janvier 2014 4 16 /01 /janvier /2014 08:29

 homme-zodiacal.jpg

      "L'homme zodiacal ou l'homme anatomique", enluminure des frères de Limbourg,

Très Riches Heures du duc de Berry

 

Ô vous ma belle Ursine dont le corps est d'ivoire

Et dont les cheveux d'or sont reflets de soleil

Vous ma céleste soeur ma jumelle-miroir

Captive vous ferai dans l'orbe des merveilles

 

En vous sera le ciel et l'eau et puis la terre

En vous les univers connus et inconnus

La magique mandorle unira nos chimères

Nos deux corps amoureux nos âmes ambiguës

 

Du Zodiaque absolu le temps viendra toujours

Et j'y ajouterai l'ours noir et le cygne

Gémeaux nous brillerons à l'éther de l'Amour

Dans la constellation seront Jean et Ursine  

 

Pour Mil et Une,

sur l'enluminure des frères de Limbourg, "L'homme zodiacal",

dans Les Très Riches Heures du duc de Berry

 

 

 


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