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16 février 2023 4 16 /02 /février /2023 11:28

 

Un jour de février, s'en vint la Tourterelle
Sur une cheminée, son perchoir favori.
Indiscrète et curieuse ainsi était la belle ;
Audacieuse, elle penche au bord du trou noirci.

 

Las ! Elle ignorait tout des couloirs, des coursives,
Des boyaux, des conduits, des sombres corridors,
Où la flamme s'élève et crépite, agressive,
Quand le feu illumine en éclairs de phosphore.

 

Elle tombe et tournoie, curiosité fatale,
En une ellipse folle et bientôt elle choit
Dans un renfoncement, cavité atriale,
Affolée, éperdue, tout le corps en émoi.

 

Par bonheur, ce jour-là, rien ne brûlait dans l'âtre,
Mais loin est le ciel pur, le nuage et le bleu !
Etourdie, elle gît dans l’abîme noirâtre,
Appelant un sauveur de son cœur et ses vœux.

 

Le maître de céans, sommeilleur en ses rêves,
Entend soudainement un bruit inopportun.
Il maudit le tapage et sa sieste brève :
« Qu’on me laisse tranquille, je veux dormir, enfin ! »

 

Et puis se ravisant, de fous battements d’ailes
Le font se relever ; armé d’un long balai,
Il pénètre dans l’antre et piège de l’oiselle ;
Victorieux, il parvient à l’ôter du guêpier.

 

Délivrée de l’Hadès, la voilà qui volette,
Ivre de retrouver l’air et la liberté ;
Le maître de maison, heureux, lui fait la fête,
L’accueillant en sa main, tel un nouvel Orphée.

 

Doucement, à pas lents, il va vers la lumière
Du jardin où roucoulent les autres compagnons ;
Dans un grand mouvement ouvre à l’aventurière
La porte de l’azur et des bleus horizons.

 

Moralité

L’on aimera toujours dévoiler le mystère
Mais la tâche souvent n’est rien que téméraire.

 

Le 14 février 2023

 

Fable librement inspirée par la présence d’une tourterelle, tombée dans le conduit de notre cheminée.

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

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27 décembre 2020 7 27 /12 /décembre /2020 18:54

La Poule et le Chien

C’était après Noël, quand les gourmets repus

Aspirent au répit car ils n’en peuvent plus.

Une Poule et un Chien se disputaient un os,

Relief d’un repas comme pour une noce,

De chapon ou de dinde on ne le savait pas,

Mais dont chacun voulait en faire son repas.

Sur l’odorant perron où traînait la mangeaille,

Le volatile était chef du champ de bataille.

Sautillant, picorant l’objet de gourmandise,

Il assaillait sans cesse le Chien en couardise,

Qui léchait humblement les marches cuisinières

Et ne savait comment ce bel os soustraire

A la Poule agressive, toujours sur l’offensive,

Spécialiste en parade, en feinte et en esquive.

Or, que le plus petit l’emportât sur le gros

Faisait rire les gens qui s’exclamaient : « Haro ! »

La belle rassurée prend un brin la tangente,

Etourderie fatale à la Poule imprudente !

D’un preste coup de patte, le Chien, vif et véloce,

En offrande à sa gueule s'empare du bout d’os.

Celle qui se croyait vainqueur du quadrupède,

Vexée et dépitée, que le sort dépossède,

Humiliée, s’enfuit dedans son poulailler.

 

Moralité

 

Ne vous fiez jamais à qui fait profil bas,

Il pourrait vous duper en incertain combat.

 

Fable librement inspirée par Fifille et Jade, la poule et la chienne de mon amie Bénédicte.

 

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1 septembre 2020 2 01 /09 /septembre /2020 09:30

 

A la fin de l’été, près d’un bassin tranquille,

Un Jardinier zélé taillait, la main habile,

Un buisson d’hortensias d’un rose desséché,

Aux pétales fanés, tout recroquevillés.

 

Au-dessus du quidam volaient les hirondelles,

Bourdonnaient les abeilles, rêvaient les tourterelles,

Quand, soudain, il avise sur le rebord pierreux

Une Grenouille verte au regard curieux.

 

Son iris doré le fixe et dévisage

L’amoureux de la flore et l’as du jardinage,

L’ami des animaux, le sauveur des oiseaux,

Le confident des bêtes, moineaux et  crapauds.

 

Etonné que Phryné, la belle ensorceleuse,

Jette sur sa personne un regard d’amoureuse,

Il est soudain la proie d’une invincible envie

Et d’une douce main caresse la jolie.

 

La belle est immobile et sa peau en frissonne,

Aux doigts du Jardinier sourit et s’abandonne,

Quant à lui, séduit par l’immobilité,

Il jouit et savoure un instant de beauté.

 

Hélas ! Triste ici-bas ! Le temps est éphémère,

La Grenouille rieuse a fui tel un éclair.

Le Jardinier s’en veut et pleure amèrement

De n’avoir plus longtemps prolongé ce moment.

 

Et puis il s’interroge : qui était cette dame

Au regard immobile, à la robe ottomane ?

Une âme voyageuse, une reine des fées,

La diseuse de pluie, riche en fécondité ?

 

Jamais il n’oubliera cet instant virtuose

Où l’amour s’est allié à la métamorphose,

La rencontre furtive, étonnante et secrète

D’un Jardinier ému, d’une Grenouille verte.

 

Texte librement inspiré par la rencontre réelle entre mon jardinier de mari et une des grenouilles de notre bassin.

 

 

Photos : ex-libris.over-blog.com

 

 

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17 juin 2020 3 17 /06 /juin /2020 16:24

 

Un ramier amoureux voulut faire son nid

Sur une cheminée d’une maison bretonne.

Tout en persévérance et petit à petit,

Dans le fût du foyer il fit une colonne.

 

 

Pour ses œufs à venir il créa un chef-d’œuvre,

Tout en paille et en plume, en brindille, en crottin.

Tant il fut ingénieux avec cette manœuvre

Qu’il s’enorgueillissait d’être un Armoricain.

 

Le maître de céans regagnant ses pénates,

Un beau soir de juin, s’en vint pour faire un feu.

Hélas ! La sanction s’en trouva immédiate,

Le lieu en peu de temps devint gris et fumeux.

 

 

Notre homme s’en étonne : en scrutant  le conduit,

Il découvre bientôt ramures et brindilles.

Il crie, il récrimine contre l’ennui produit

Et contre le ramier, son nid et sa famille.

 

 

Il s’en va faire appel à un homme de l’art,

Spécialiste en toiture et en grand ramonage.

Usant de hérissons et de cannes bizarres,

Le couvreur détruisit nid et échafaudage.

 

L’écolo me dira que c’est un grand péché

D’avoir ainsi ôté l’asile au volatile ;

Mais l’oiseau ingénieur aura vite trouvé

Un bel arbre accueillant pour nouveau domicile.

 

Moralité

Quand la cheminée de bois se remplit,

Croyons-en ce que le proverbe dit :

« Petit à petit, l’oiseau fait son nid ».

 

Fable librement inspirée par la présence, sur toute la hauteur de notre cheminée, de plumes et de brindilles, apportées par un couple de pigeons squatters.

A Kergavat, mercredi 17 juin 2020

 

Photo ex-libris.over-blog.com

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12 juin 2020 5 12 /06 /juin /2020 20:55

Pie et son oisillon (DPR/AFP Archives Sebastian Kahnert)

Un bataillon de Pies régnait sur un quartier,

Réveillant de ses cris les rues du voisinage ;

L’Ajasse  avait fierté d’ainsi s’égosiller

Et se souciait bien peu de causer du dommage.

 

Le soir, elles s’en venaient, jacassantes, bavardes,

En reines  des jardins sans aucune vergogne :

C’était conciliabules, causeries piaillardes,

Si l’on récriminait, elles criaient Qui Qu’en grogne !

 

Ces fières demoiselles, vêtues de noir et blanc,

D’un éden sévrien se croyant les maîtresses,

Virent d’un mauvais œil un Lapin nonchalant

Dessus leur territoire, insulte manifeste !

 

Quand le pauvre Animal se promenait tranquille,

Elles fondaient sur lui en un vol en festons ;

De leur becs acérés usant comme d’aiguilles,

En harpies irritées elles piquaient le Piéton.

 

Le Tête-de-Lion n’avait d’autre recours

De se carapater jusque dans le garage

Qu’on lui avait donné comme issue de secours ;

Il était terrifié par cet assaut sauvage.

 

Il fallut attendre un quidam en colère

Qui, de sa carabine, en une volée de plombs,

Secourut à propos le roux bouc-émissaire,

Qui échappa ainsi à la loi du talion.

 

Moralité

 

Méfiez-vous de la pie,

Bavarde,

Si vous n’y prenez garde,

De son bec elle brocarde

Et vous met en charpie.

 

Fable librement inspirée par la présence de pies agressives et d’un lapin-nain dans le jardin de mes petits-enfants.

 

Le 12 juin 2020

 

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25 mars 2020 3 25 /03 /mars /2020 15:51

Deux Lapins nains vivaient heureux comme Epicure

Chez deux  Bourgeois-Bohèmes, partisans de Nature,

Qui s’en furent un jour pour une croisière ;

Des Têtes de lion il fallut se défaire.

La Dame, sûrement, les mit dans un carton

Et les jeta vivement, sans une hésitation,

Dans un jardin lointain par-dessus la clôture :

Pour nos pauvres Lapins, quelle mésaventure !

Quand le soir fut venu, le blanc fit tant la fête

Qu’il mourut bien vite d’une indigeste herbette ;

Quant à l’avisé noir, il se mit dans un coin

Attendant sagement soleil du lendemain.

Le Maître de céans, après maintes esquives,

Parvint à l’attraper, ultime tentative.

Appelant ses Enfants et sa Femme à grands cris,

Il montre le captif à ses Bambins ravis,

Qui caressent le poil du tremblant animal,

Anxieux, on le comprend, d’un sort futur fatal.

Sa crainte était en vain, on l’accueillit si bien

Qu’il se retrouva vite tel un vrai patricien.

On le dota fissa d’un luxueux clapier

Avec nombre d’étages reliés d’escaliers,

Où  le Conin* pouvait s’ébrouer sans mesure,

Manger force carottes et riches épluchures.

Mais ce qu’il préférait, c’était la promenade,

- Certes sans les gambades et puis les cavalcades -

Quand la Fille du Maître le maintenait en laisse,

Tout soumis qu’il était à sa jolie maîtresse.

« Trèfle de plaisanterie » se disait mon Lapin,

« J’ai bien failli mourir avec des turlupins,

Me voilà bienheureux d’avoir trouvé des maîtres

Qui ne me jetteront pas hors de leur périmètre. »

Fable librement inspirée par l’arrivée fortuite de deux lapins nains, négligemment jetés dans le jardin de mon fils.

.* Conin est l'ancien nom du lapin comme goupil était celui du renard.

 

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29 mai 2019 3 29 /05 /mai /2019 16:51

Photo ex-libris.over-blog.com

Une grenouille verte vivait dans un bassin

Parmi les poissons rouges et moult congénères ;

Elle aimait sautiller et coasser matin

Et gober des insectes et de frétillants vers.

Elle attendait le mai et la lente éclosion

D’un beau nénuphar rose dont elle était éprise ;

Quand il apparaissait, éperdue d’émotion,

Elle poussait plus haut ses tendres vocalises.

Le nymphéa, qui se savait la fleur du Divin,

N’avait pas un regard pour la douce reinette,

Issue de cette race de vils amphibiens,

Dont les Français friands remplissent leur assiette.

Malgré mises en garde et avertissements

Du peuple du bassin inquiet pour l’amoureuse,

La grenouille en folie plongea éperdument

Afin d’étreindre enfin la fleur tant ombrageuse.

Las ! Elle ne savait pas que l’amour est mortel :

La trouble Fleur de Nixe la prit dans ses rhizomes

Et l’entraîna bientôt en un nœud criminel

Au fin fond du bassin et de son noir royaume.

 

Moralité

Ne vous attachez point aux gens qui vous dédaignent,

Il y a fort à parier que votre cœur ne saigne.

 

Fable librement inspirée par la présence annuelle d'un nénuphar et de grenouilles dans notre bassin de pierre.

A notre grande surprise, en ce jour de l'Ascension, nous avons découvert notre reinette au coeur du nénuphar où elle a passé l'après-midi au soleil. De quoi faire mentir la chute de ma fable !

 

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2 mars 2019 6 02 /03 /mars /2019 16:19

 

Le Blaireau et le Goupil

Un Blaireau "paresseux, défiant et solitaire", *

Régnait sur un empire d’anciennes galeries.

De son museau rayé il n’était pas peu fier,

C’était un autocrate, maître en topométrie.

Il souhaita un jour agrandir ses pénates

Afin de mieux loger blaireautins et blairelles ;

Il trouvait son logis telle une casemate

Et entreprit dès lors de manier la truelle.

Fouissant du terreau, du sable et des cailloux,

Il arriva enfin chez un propriétaire

Dont le terrain bientôt fut sens dessus dessous.

Mais le Blaireau déjà y voyait sa tanière,

Faite de corridors et d’infinis couloirs,

Où ses nombreux enfants vivraient en phalanstère,

Protégés par Vesta, dans un doux nonchaloir.

Ces lieux dorénavant seraient héréditaires !

Le maître de céans, alarmé par l’odeur

Des déjections jaunâtres et par les monticules,

Etait désemparé et de méchante humeur

Et ignorait comment défier le noctambule.

Il essaya les pièges, le poison et le feu

Mais le Tesson toujours échappait à ses feintes :

« L’univers est à tous, et même aux culs-terreux ;

Qu’on vienne me quérir dedans mon labyrinthe ! »

Il aurait dû bien plus mesurer ses paroles

Et n’aurait su mieux dire car il fut pris au mot :

Maître Goupil un jour investit son sous-sol

Et s’empara des lieux comme à Fort Alamo.

 

Moralité

 

A malin malin et demi !

Foin de bien mal acquis !

Les griffes et les dents

Sont le fait d’impudents.

Le Blaireau stupéfié

S’en fut tout mortifié.

 

* Définition de l'animal par Buffon

 

 

 

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27 juin 2017 2 27 /06 /juin /2017 17:46

Tourterelle et huppe dans le jardin de Rou (Photo ex-libris.over-blog.com, juin 2017)

On était en juin, veille de la Saint-Jean,
Trois huppes fasciées déambulaient hautaines,
La crête empanachée et l’allure égyptienne,
Aux abords de l’été, striées de noir et blanc.

Fières de leur plumage du plus bel orangé
Elles s’enorgueillissaient et tenaient conférence,
Tout à leur entre-soi et leur indifférence,
Portant beau leur lignée, pétries de vanité.

Vint une tourterelle exilée de Turquie,
Marchant sereinement dans ce conciliabule,
Le trio s’en offusque et crie sans préambule 
A l’oiseau émigré de retourner au nid.

« Nous étions au tombeau des anciens pharaons,
Hiéroglyphe fameux de la piété filiale,
Nous portons sur la tête une marque royale
Et fîmes rencontrer Saba et Salomon.

 Vous êtes sans vergogne d’envahir céans
Nos jardins, nos vergers, nos cours et nos villes ;
Nous ne supportons plus votre chant qui distille
Le triple hou-hou-hou d’un être se plaignant. »

« Orgueil et vanité sont échasses de sot, »
Répondit calmement la tendre tourterelle,
« Salomon me chantait pour célébrer sa belle
Et, ne vous en déplaise, mon chant n’est pas sanglot.

Je suis l’oiseau sans tache, en holocauste à Dieu
Que les Hébreux offraient en lieu de sacrifice ;
Je ne céderai point à votre vain caprice,
Point ne me résoudrai à déserter vos cieux.

Je vous dirai enfin un grand désagrément
Qu’il me faut révéler pour crier l’artifice :
Tout est dans le paraître et puis dans le factice,
Votre nid est bien sale et pue assurément. »

Moralité

Oyons le vieux Corneille qui dit dans Le Menteur :
« Les visages souvent sont de doux imposteurs.
Que de défauts d’esprit se couvrent de leur grâce.
Et que de beaux semblants cachent des âmes basses ! »

Fable librement inspirée par la présence de trois huppes et d’une tourterelle 
dans le jardin de Rou.

  

La Conférence des oiseaux (Farid Al-Din, 1177), peinte par Habiballah of Sava

On aperçoit la huppe au-dessus du perroquet vert au milieu à droite

 

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 16:54
Le héron près de l'étang de mes voisins (Photo ex-libris.over-blog.com, vendredi 28 avril 2016)

Le héron près de l'étang de mes voisins (Photo ex-libris.over-blog.com, vendredi 28 avril 2016)

 

 

Campé sur ses deux pattes, le bec telle une lame,

Orgueilleux, élégant, fier comme Artaban,

Sa huppe vive et noire flottant comme une flamme,

Un Héron dominait le peuple de l’étang.

 

Paresseux, nonchalant, il en était le maître,

Ses repas, chaque jour, étaient chez Lucullus ;

Poissons et batraciens à dextre et à senestre,

Oiseaux et musaraignes et couleuvres en plus.

 

Il fit tant et si bien qu’il décima la mare,

Gourmet de campagnols, insectes et mulots.

Quand il s’en avisa il était bien trop tard :

Le marais était vide, affamé son jabot.

 

Moralité

 

Souvent, celui qui vit en luxe et abondance,

Et s’étourdit des biens qu’il possède à foison,

Serait bien avisé d’agir en prévoyance,

Voir plus loin que son bec pour n'être point héron.

 

Fable librement inspirée par la présence d’un héron, familier de l’étang de mes voisins.

 

 

Le Héron imprévoyant.
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Voie lactée ô soeur lumineuse

Des blancs ruisseaux de Chanaan

Et des corps blancs des amoureuses

Nageurs morts suivrons-nous d'ahan

Ton cours vers d'autres nébuleuses

 

La chanson du Mal-Aimé, Apollinaire

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