Un jour de février, s'en vint la Tourterelle
Sur une cheminée, son perchoir favori.
Indiscrète et curieuse ainsi était la belle ;
Audacieuse, elle penche au bord du trou noirci.
Las ! Elle ignorait tout des couloirs, des coursives,
Des boyaux, des conduits, des sombres corridors,
Où la flamme s'élève et crépite, agressive,
Quand le feu illumine en éclairs de phosphore.
Elle tombe et tournoie, curiosité fatale,
En une ellipse folle et bientôt elle choit
Dans un renfoncement, cavité atriale,
Affolée, éperdue, tout le corps en émoi.
Par bonheur, ce jour-là, rien ne brûlait dans l'âtre,
Mais loin est le ciel pur, le nuage et le bleu !
Etourdie, elle gît dans l’abîme noirâtre,
Appelant un sauveur de son cœur et ses vœux.
Le maître de céans, sommeilleur en ses rêves,
Entend soudainement un bruit inopportun.
Il maudit le tapage et sa sieste brève :
« Qu’on me laisse tranquille, je veux dormir, enfin ! »
Et puis se ravisant, de fous battements d’ailes
Le font se relever ; armé d’un long balai,
Il pénètre dans l’antre et piège de l’oiselle ;
Victorieux, il parvient à l’ôter du guêpier.
Délivrée de l’Hadès, la voilà qui volette,
Ivre de retrouver l’air et la liberté ;
Le maître de maison, heureux, lui fait la fête,
L’accueillant en sa main, tel un nouvel Orphée.
Doucement, à pas lents, il va vers la lumière
Du jardin où roucoulent les autres compagnons ;
Dans un grand mouvement ouvre à l’aventurière
La porte de l’azur et des bleus horizons.
Moralité
L’on aimera toujours dévoiler le mystère
Mais la tâche souvent n’est rien que téméraire.
Le 14 février 2023
Fable librement inspirée par la présence d’une tourterelle, tombée dans le conduit de notre cheminée.