Si je ne devais retenir qu’une chose de l’émission de La Grande Librairie du jeudi 15 septembre 2011, c’est cela qu’ont exprimé les quatre écrivains invités : Emmanuel Carrère (Limonov) dans une moindre mesure pour ce dernier livre, Delphine de Vigan (Rien ne s’oppose à la nuit), Jean-Philippe Blondel (Et rester vivant) et Boualem Sansal (Rue Darwin). Il a existé pour chacun un instant à partir duquel ils ont eu la certitude qu’ils ne pouvaient pas ne pas écrire sur leurs douloureuses racines familiales. J’ai pensé à la phrase d’Hubert Haddad entendue récemment et que je crois restituer dans son exactitude : « La vie est un long, un très long infanticide. »
J’ai beaucoup aimé, vers la fin de l’émission, ce moment où Boualem Sansal, qui fut élevé dans une tribu berbère par une grand-mère impériale, s’est tourné vers Delphine de Vigan, issue d’une famille traditionnelle française, et lui a confié de sa voix apaisée de sage combien son histoire était la sienne.
Et peut-être est-ce ce qu’a dit la tenancière d’un motel américain à Jean-Philippe Blondel qui résume le mieux l’atmosphère si particulière de cette émission : « Il n’y a pas de bien ni de mal, il n’y a que des circonstances. Va vers ce qui te cicatrise. » Et pour ces quatre-là, la cicatrisation, c'est l'écriture.