Pendule offerte au Maréchal Foch , par la Ville de Cassel, en
souvenir de son séjour en cette Ville, du 23 Octobre 1914 au
22 Juin 1915. (Carte postale trouvée entre les pages du carnet
de ma grand-mère.)
Dans le carnet de poésie de ma grand-mère, ce poème de quatre strophes alternées de quatre et six vers inaugure la période de la Grande Guerre. Les textes s’y font plus sombres, et l’on y sent frémir la douleur de l’absence de ceux qui sont au front. Non daté et intitulé « Après la guerre… », avec sept points de suspension, ce poème est comme une sorte de préfiguration des bouleversements affectifs à venir. Ecrit d’une petite écriture ronde et régulière, il est signé M. Gay.
Lorsque je reviendrai, je ne trouverai plus,
Dans la lourdeur des soirs qui bruniront la plaine,
Le rêve dont mon âme aimante est encore pleine
Car mes pleurs du passé, l’oubli les aura bus !
Le cadre de ma vie, où vous étiez venue
Comme la bonne fée, au bout de l’avenue
Qui montre le chemin conduisant au bonheur,
Les vents l’auront terni de toute leur poussière,
Et les festons jaunis qui joncheront la terre
En les brisant, je les arroserai de pleurs ! …….
Si je ne reviens pas, vous n’écouterez plus,
Dans la langueur du soir illuminant la plaine,
Cette chanson d’amour dont notre âme était pleine,
Qu’à chanter pour nous seuls, nos deux cœurs s’étaient plûs. (sic)
Et lorsque, solitaire, au bout de l’avenue,
Lassée, au soir mourant, d’attendre ma venue
Vous vous ressouviendrez de tout notre bonheur !
Triste vous reviendrez, pensant que cette terre,
C’est un peu notre amour qui s’envole en poussière !
Et vos yeux, vos beaux yeux se rempliront de pleurs !
Qui était ce jour-là l’hôte de ma grand-mère qui lui écrivait un texte aussi mélancolique ? Sans doute pas cette Madame M. Gay qui publia en 1922, aux éditions de la Librairie Geldage, un manuel scolaire, intitulé Claude et Francine, Premier Livre de Lecture courante. Poésie de Madame Genty ! Je pencherais plutôt pour un très jeune homme, un de ceux que la guerre engloutira, et qui imagine l’après-guerre avec pessimisme. Les deux premières strophes évoquent son retour et ses larmes car l’amour a fui. Les deux dernières envisagent sa mort et les larmes de celle qui l’a aimé. Dans un cas comme dans l’autre, la guerre aura tout détruit !
Pour le Jeudi en Poésie de Brunô.
Mercredi 24 février 2010.