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17 novembre 2010 3 17 /11 /novembre /2010 14:25

square st lambert site jf lamour .fr

Le square Saint-Lambert (Photo Site J-F Lamour.fr)

 

C’est au square Saint-Lambert à cinq heures moins le quart

Les étourneaux s’enfuient bien avant dans le soir

Cœur battant du quartier le jardin vibrionne

Curieux comme des chats mes regards braconnent

       Une vie transitoire  

 

Sur l’herbe des jardins faisant un éventail

Les lycéens s’allongent comme après la bataille

Les filles violemment repoussent leurs cheveux

Et leur copain caresse de regards amoureux

Le nu sous le chandail

 

De belles nounous noires aux yeux mélancoliques

Distribuent des goûters en  gestes mécaniques

A des gamins qui pleurent le nez dégoulinant

Femmes des exilés au monde indifférents

Comme elle est loin l’Afrique

 

Dans l’allée du milieu une petite fille

Un doux elfe des villes dont le rire fuse en trilles

Court à toute vitesse pourchassée par son frère

Et se jette en aveugle dans les bras de son père

Elle crie et babille

 

Dans l’orbe des maisons stylées mil neuf cent trente

Statues d’Oursons de Chien en impassible attente

Peupliers acacias cédrelas cerisiers

Créent une claire esquisse au trait bien dessiné

Et j’y suis la passante

 

C’est au square Saint-Lambert dix jours avant l’été

A l’heure de la sortie du lycée Camille Sée

Le soleil dans le ciel joue à colin-maillard

Le jet d’eau vient et va vivant et babillard

Vibrants instantanés

 

 Paris, vendredi 12 juin, 2009

square Saint-Lambert,  le saint qui guérit les hernies.

 

 

 

Je publie de nouveau ce poème écrit en 2009 et qui correspond bien au thème proposé par Lajémy, pour la semaine du 14 au 21 novembre 2010.

 

Pour Le Casse-Tête de la Semaine de Lajémy,

Thème :  "Coeur de ville". Cette semaine, on part se balader en ville, dans le coeur des villes, dans les quartiers animés, où il se passe toujours quelque chose, et comme dirait Mickey 3D : "Il ne nous reste plus qu'à traîner dans les rues, s'embrasser. Regardez-bien les yeux des filles, ils vont se mettre à chanter..." Bonne balade.

 

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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 10:50

  Aurevily félicien rops

Illustration de Félicien Rops pour Les Diaboliques de Jules Barbey d'Aurevilly 

 

 

 

C’était sous Charles X

Dans un salon normand

Et s’adonnant au whist

Des nobles devisant 

 

Vieilles douairières

Décadents gentilshommes

Une comtesse fière

Dont le mystère étonne

 

Et saura-t-on jamais

Qui de sa fille ou d’elle

De Marmor l’Ecossais

Aura été la belle

 

Dans l’ardeur de gagner

C’était le dieu du chelem

Et dans ses mains très blêmes 

Des cartes biseautées 

 

Madame de Tremblay

De sa fille la rivale

Vipérine et fatale 

Voudra-t-elle se venger

 

Quand vient le jour mourant

Un éclat électrique

Celui d’un diamant

Et d’une toux phtisique

 

Quel est cela qui brille

Qui est celle qui tousse

Mais voyons c’est ma fille

Ma bague en taille douce

 

Et la belle comtesse

Remet sa pierre au doigt

Mâche en délicatesse

Des fleurs de réséda

  

Marmor est-il celui

Qui fut l’empoisonneur

De la mort d’Herminie

Est-il instigateur

 

Dans une jardinière

Aux fleurs de réséda

Un nouveau-né en terre

Au mystérieux trépas 

 

C’était sous Charles X

Dans un salon normand

Une partie de whist

Au parfum inquiétant

 

 

 

Frontispice des diaboliques

Fronstipice de l'édition des Diaboliques par Félicien Rops

 

 

Pour le Casse-Tête de la Semaine de Lajémy,

Thème : Les jeux de société

 

 

 

 

 

 

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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 09:26

 

   orpailleur

  Orpailleurs

 

Homme

 

 Orpailleur sans espoir

Dans la batée des jours

Découvreur de cailloux

   

SpanishConquistadors 

Conquérants espagnols

 

Conquérant en haillons

D’un faux Eldorado

Couleur de verroterie

   

nombre d 'or 

 

Architecte obsédé

Par le nombre parfait

Jamais additionné

 

alchimiste Adriaen van ostade 

L'Alchimiste, Adriaen van Ostade, 1661

 

Alchimiste déçu

Dans les vapeurs du plomb

Malade du poison

 

LUCAS Cranach l'Ancien l'âge d'or 

L'Age d'or, Lucas Cranach l'Ancien

 

Ne rêve pas de l’âge d’or

Vis seulement

Ton âge d’homme

 

 

Pour le Casse-Tête de la Semaine de Lajémy,

Thème : L’or

 

 

 

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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 17:48

max-ernst-a-friends-reunion au-rendez-vous-des-amis  

Au rendez-vous des amis, tableau de Max Ernst, 5 décembre 1922,

1. René Crevel, 2. Philippe Soupault, 3. Arp, 4. Max Ernst, 5. Max Morise,

6. Dostoïevsky, 7. Rafaele Sanzio, 8. Théodore Fraenkel, 9. Paul Eluard,

10. Jean Paulhan, 11. Benjamin Péret, 12. Louis Aragon, 13. André Breton,

14. Baargeld, 15. Giorgio de Chirico, 16. Gala Eluard, 17. Robert Desnos.

 

 

Déclaration du 27 janvier 1925

 

Eu égard à une fausse interprétation de notre tentative, stupidement répandue dans le public,

Nous tenons à déclarer ce qui suit à toute l’ânonnante critique, littéraire dramatique, philosophique, exégétique et même théologique contemporaine :

1° Nous n’avons rien à voir avec la littérature ;

Mais nous sommes très capables, au besoin, de nous en servir comme tout le monde.

2° Le surréalisme n’est pas un moyen d’expression nouveau ou plus facile, ni même une métaphysique de la poésie ;

Il est un moyen de libération totale de l’esprit

                        et de tout ce qui lui ressemble.

3° Nous sommes bien décidés à faire une Révolution.

4° Nous avons accolé le mot de surréalisme au mot de révolution uniquement pour montrer le caractère désintéressé, détaché, et même tout à fait désespéré, de cette révolution.

5° Nous ne prétendons rien changer aux mœurs des hommes, mais nous pensons bien leur démontrer la fragilité de leurs pensées, et sur quelles assises mouvantes, sur quelles caves, ils ont fixé leurs tremblantes maisons.

6° Nous lançons à la société cet avertissement solennel :

Qu’elle fasse attention à ses écarts, à chacun de ses faux-pas de son esprit nous ne la raterons pas.

7° A chacun des tournants de sa pensée, la Société nous retrouvera.

8° Nous sommes des spécialistes de la Révolte.

Il n’est pas de moyen d’action que nous ne soyons capables, au besoin, d’employer.

9° Nous disons plus spécialement au monde occidental :

                                    le surréalisme existe

-         Mais qu’est-ce donc que ce nouvel isme qui s’accroche à nous ?

-         Le surréalisme n’est pas une forme poétique.

Il est un cri de l’esprit qui retourne vers lui-même et est bien décidé à broyer désespérément ses entraves,

                                    et au besoin par des marteaux matériels !

 

                                                         Du bureau de recherches surréalistes

                                                         15, rue de Grenelle

 

Louis Aragon, Antonin Artaud, Jacques Baron, Joë Bousquet, J. A Boiffard, André Breton, Jean Carrive, René Crevel, Robert Desnos, Paul Eluard, Max Ernst, T. Fraenkel, Francis Gérard, Michel Leiris, Georges Limbour, Mathias Lübeck, Georges Malkine, André Masson, Max Morise, Pierre Naville, Marcel Noll, Benjamin Péret, Raymond Queneau, Philippe Soupault, Dédé Sunbeam, Roland Tual.

 

Après la révolution du vocabulaire entreprise par Victor Hugo, qui voulait mettre un "bonnet rouge au vieux dictionnaire" (Les Contemplations, Livre I, VII, 1856), après "la lettre du voyant" de Rimbaud à Paul Demeny, prônant un "long, immense, raisonné  déréglement de tous les sens (15 mai 1871), c'est la révolution surréaliste qui invitera à une révolution totale de l'esprit.

 

Histoire du Surréalisme, suivie de Documents surréalistes, pp. 218-219, Maurice Nadeau, Editions du Seuil, 1964.

 

 

Pour le Casse-Tête de la Semaine de Lajémy, Thème : Révolution.

 

 

 

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13 juin 2010 7 13 /06 /juin /2010 15:16

 

Hokusai 1760-1849 Ocean waves

Les vagues de l'océan, Hokusai

 

Le dragon des abysses

Soudain a remué

Ses écailles argentées

Sous la surface lisse

 

Les grappes de coraux

Les milliers de poissons

Comme dans un tonneau

En pleine ébullition

 

Les algues déchirées

Le krill et le plancton

Les enfants de Nérée

Ivres dans l’explosion

 

Sur la plage au matin

Le soleil s’est levé

Tout est calme et serein

La journée commencée

 

Au loin à l’horizon

Les eaux ont reflué

Happées vers les bas-fond

D’une profonde apnée

 

Les sables dénudés

Crabes et coquillages

Et comme abandonnés

Des bois et des cordages

 

Instant d’éternité

Dans l’azur suspendu

Vent d’incrédulité

La vague est revenue

 

Un ouragan liquide

Un typhon affolé

Les folles Danaïdes

Par le flot déchaînées

 

La vague portuaire

Enfin s’est retirée

Sur les terres amères

Des vies se sont noyées

 

C’était la fin décembre

Et moi je me souviens

Prisonnier de ma chambre

Sur l’océan Indien

 

Pour Le Casse-Tête de la Semaine,

Thème : Caprices météorologiques,

Dimanche 13 juin 2010

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15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 08:09

 Dali christophe colomb

  The Ship, 1942, Salvador Dali

 

Il en avait rêvé de ces contrées lointaines

Il les voulait trouver pour l’honneur de sa reine

 

Il les avait armés ses féminins vaisseaux

Et ils avaient vogué des journées sur les eaux

 

Il avait entendu la vigie crier Terre

Après des mois de vagues de bonace et d’éclairs

 

  1492-christophe-colomb-06-g

Cristophe Colomb de Ridley Scott

 

Il avait mis le pied plein de fièvre et d’orgueil

Sur un sol inconnu au-delà des écueils

 

Il avait accosté à la Guanahami

Et écouté pensif des perroquets les cris

 

Il avait abordé la terre de Cuba

Et il avait goûté aux feuilles de tabac

 

 1492 christophe colomb 1492 the conquest of paradise 1991

Christophe Colomb de Ridley Scott

 

Il avait rencontré des êtres pacifiques

Au visage doré à la candeur biblique

 

Il avait tant aimé d’Hispaniola les bords

Et s’était enivré aux lueurs de l’or

 

De la Mer Océane devenu amiral

Des Indes vice-roi gouverneur général

 

ColombTerre 

 

Il avait rembarqué pour trois autres voyages

Le Vénézuela d’infinis paysages

 

Dans les senteurs d’épices les cris la violence

Il avait succombé au désir de puissance

 

Enchaîné mis aux fers dedans sa caravelle

Il avait dû quitter les bleutés archipels

 

Il n’avait jamais su que c’est un nouveau monde

Qu’il avait inventé lui Christophe Colomb

  

salvador-dali cristophe colomb 

La découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, 1958-1959, Salvador Dali

 

 

 

Pour le Casse-Tête de la Semaine de Lajémy

Lundi 15 mai 2010

 

 

 

 

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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 16:26

1897-la-mort-et-les-masques1 ensor 

                                                                     La mort et les masques, 1897, James Ensor.

Je devais avoir un peu plus d’une dizaine d’années, dans une de ces cités du nord de la France où, comme le chante Jacques Brel, « un canal s’est pendu ». C’était le temps du carnaval. Pendant plus d’un mois, la  ville et les communes avoisinantes y sont prises d’une frénésie dominicale, qui rappelle l’époque où les pêcheurs faisaient la foye, avant de partir pour six mois pêcher la morue en Islande.

Du notable à l’ouvrier, tout le monde se mêle à  la Vissherbende, la bande des pêcheurs. Souvent travestis en femmes, coiffés d’extravagants chapeaux à fleurs, auxquels pend une figue qu’attrapent les enfants, armés de parapluies démantibulés qui jettent leurs baleines vers le ciel désespérément gris, les cletchards battent le pavé flamand, en s’enivrant de chansons paillardes. Ils intriguent en allant sonner à la porte des uns, ils font halte chez les autres qui tiennent chapelle toute la journée et les régalent de bière, de soupe à l’oignon et de potschevleeshe.

Ce dimanche-là, mes cousins et moi, avec mon amie de coeur Ghislaine, nous nous étions retrouvés chez mes grands-parents pour regarder les carnavaleux de leur balcon. Ils habitaient place de l’Hôtel de Ville, un observatoire idéal, puisque, de la terrasse de la mairie, le Maire jette aux pêcheurs les kippers ou harengs, souvenir des temps d’autrefois. Malgré notre envie, nous avions l’interdiction formelle de nous mêler à la bande et ma grand-mère, en gardienne des bonnes moeurs, nous faisait prier chaque dimanche soir du Carême, pour tous ceux qui, sous le masque, commettent des péchés mortels pendant le carnaval.

Il y a peu, j’ai retrouvé par hasard une photo prise cet après-midi-là. Je l'ai regardée en tremblant. Je me suis revue, arborant un sourire qui se veut charmeur dans mon visage rond de petite fille heureuse, déguisée en Niçoise. Je porte un corselet de velours noir sur une jupe à fines lignes rouges que maman m’a cousus. Mon visage est ombragé par un joli chapeau de paille claire, cerné par un ruban de satin noir. La longue robe de soie grisée à la chinoise qu’a revêtue ma cousine, de deux ans plus âgée que moi, le maquillage charbonneux qui souligne ses yeux, la vieillissent et il me semble que je vois dans cette adolescente dégingandée la femme qu’elle est devenue. Mon cousin  s’est donné une dégaine de corsaire - Jean Bart oblige !- Une fine moustache dessinée au bouchon lui ombre la lèvre ; un foulard de pirate lui enserre la tête ; un anneau brille à son oreille. Il est chaussé de bottes, portées haut sur des collants gris, qui lui font des jambes toutes grêles. Quant à mon amie Ghislaine, je ne sais pourquoi, elle n’est pas déguisée. Elle regarde loin devant elle et semble à l’extérieur, comme absente de notre petit groupe. Derrière la porte vitrée qui donne sur le balcon, mes grands-parents, un peu flous, nous regardent, telles des sentinelles.

Observer le carnaval du haut de ce belvédère privilégié, c’était quelque chose de très excitant pour nous, enfants empêchés de participer à la bande. Nous étions à la fois dans la foule et en dehors d’elle. Et j’ai toujours aimé cette distance qui permet de voir sans participer, attitude qui est sans doute un peu celle du voyeur. Curieuse impression que celle d’y être et de n’y être pas !

Nous étions ainsi accoudés tous les quatre à la rambarde du balcon de ciment depuis environ une heure, tout au plaisir de détailler la multitude des masques qui déambulaient en braillant sous la conduite de Cô-Pinard, le tambour-major, flanqué de la cantinière, chargée de son tonneau de genièvre. Ma grand-mère venait de nous distribuer  des gaufres fourrées et des caramels Lutti, ceux qui ont un emballage blanc avec des lettres bleues.

Mon regard avide suivait dans la foule bigarrée deux masques, de dos, qui marchaient en cadence. Ce duo m’intriguait parce que j’avais l’impression que les autres masques se détournaient de lui ou reculaient à son approche. J’avais les yeux rivés sur la longue cape sombre de l’un d’entre eux et qui balayait le pavé inégal. En quoi donc ce personnage de haute taille, qui paraissait en imposer à tous, était-il déguisé ?

-         Regarde, Ghislaine, ce grand masque là-bas, à ton avis, il est déguisé en quoi ? demandai-je à mon amie avec qui je partageais tout. 

Elle n’eut pas le temps de me répondre. Comme s’il avait entendu ma question, le carnavaleux avait fait brutalement volte-face. Je poussai un cri inarticulé en crispant mes doigts sur le bras de Ghislaine qui se raidit. Le masque portait un habit collant, d’un noir de terril, sur lequel étaient grossièrement dessinés à la peinture blanche les os du squelette. Son visage aux traits fuligineux était une porte ouverte sur la nuit. De sa main gauche, il brandissait un os de plastique, de ceux que l’on donne à son chien pour qu’il s’y fasse les dents. Son comparse, qui était suspendu à son bras, s’était lui aussi retourné, emporté par un violent élan. C’était un homme aussi sans doute, qui avait revêtu une longue robe verte toute chiffonnée, comme au sortir d’un marécage. Son visage terreux, de la couleur de ceux que l’alcool empoisonne, était à demi caché par une longue perruque jaune, surmontée d’une couronne de pacotille. Tous les deux s’étaient avancés de concert sous le balcon, comme si nous les avions aimantés, et ils nous regardaient avec intensité. Derrière le tambour-major, les fifres s’étaient mis à jouer une sorte de marche funèbre. La foule poursuivait désormais sa déambulation sur un rythme sinistre, d’une lenteur de cauchemar.

C’est alors que, dans une sorte de rêve éveillé, je vis le masque à tête de mort lever la main droite. C’était Ghislaine qu’il désignait de son gant gainé de charbon. Sur le balcon, nous étions statufiés tous les quatre. Le masque se mit à compter lentement, en détachant avec ostentation chaque doigt de la main. Quand il fut arrivé à dix, il tint un instant- qui me sembla ne pas vouloir finir- ses deux mains ouvertes comme des soleils noirs. Il n’avait cessé de regarder Ghislaine. Mes cousins m’ont raconté plus tard que c’est à ce moment précis que je me suis évanouie.

L’éclatement alcoolisé d’un sucre camphré dans ma bouche me sortit de ma petite mort. J’étais allongée sur le canapé Louis XVI du salon de mes grands-parents. Ma grand-mère avait ouvert sa petite fiole d’eau de Lourdes et elle était en train d’en rafraîchir mon visage. Les rideaux de velours bleu avaient été tirés et la Cantate à Jean Bart, qu’accompagnaient les cuivres de la clique, parvenait assourdie à mes oreilles. Dans la pénombre, mes deux cousins, figés comme au garde-à-vous, me regardaient avec inquiétude. Mon grand-père, les bras immobiles sur les accoudoirs luisants du fauteuil à col de cygne, semblait désemparé. Quant à Ghislaine, assise à mes côtés sur un petit tabouret bas, son visage surtout me fit peur. Il était livide, des cernes y étaient apparus et une fine sueur perlait à son front haut.

Dix jours plus tard, elle était emportée par une encéphalite foudroyante.
Vous comprendrez peut-être pourquoi je hais les masques et les carnavals.
                                                             

la bande des pêcheurs gaston vinckle 1912


                                                                      La Bande des Pêcheurs, Gaston Vinckle, 1912.




Pour Le Casse-Tête de la Semaine de Lajémy : Costumes et masques.
Mercredi 17 mars 2010. 














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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 16:41

Cupidon Vermeer
Cupidon, Vermeer de Delft.



Toi mon cœur battant

Dedans ma poitrine

Or des sentiments

Qui tout illumine

 

Toi mon cœur changeant

Frêle girouette

Victime des vents

A la moindre alerte

 

Toi mon cœur vaillant

Comme un étendard

Fidèle au serment

L’honneur en rempart

 

Toi mon cœur tremblant

Qui pleure et qui geint

Une feuille au vent

Que rien ne retient

 

Toi mon cœur aimant

Aux portes ouvertes

A mon bel amant

Qui fera ma perte

 

Toi mon cœur dolent

Secoué de larmes

Où perle le sang

Des vives alarmes

 

Toi mon cœur absent

Perdu sur les routes

Qui va titubant

En pleine déroute

 

Toi mon cœur ardent

De l’amour épris

Brasier violent

De la tragédie

 

Toi mon cœur sanglant

Sans fin piétiné

Par l’indifférent

Qui l’a méprisé

 

Toi mon cœur mourant

Au long des années

L’implacable temps

T’a martyrisé





Le Casse-Tête de la Semaine, Thème : Mon Coeur.
Jeudi 11 février 2010
 

 

 

 

 

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30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 11:15

 

livre-ouvert.jpg

J’aurais aimé être

La fleur que tu cueilles

Et que tu effeuilles

 

J’aurais aimé être

Les pages du livre

Dont les mots t’enivrent

 

J’aurais aimé être

Le chien que tu dresses

Et que tu caresses

 

J’aurais aimé être

Cette  tendre épaule

Quand ta main la frôle


J’aurais aimé être

Celui qui est tien

Et je ne suis rien



Le thème de la semaine: J'aurais aimé être (Proposition de Lajemy Pour Le Casse-Tête de la Semaine)

Samedi 30 janvier 2010

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Voie lactée ô soeur lumineuse

Des blancs ruisseaux de Chanaan

Et des corps blancs des amoureuses

Nageurs morts suivrons-nous d'ahan

Ton cours vers d'autres nébuleuses

 

La chanson du Mal-Aimé, Apollinaire

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