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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 08:00

 

 Seon-la-sirene-1896-Musee-d-art-moderne-St-etienne.jpg

La sirène, Alexandre Séon (1896),

Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne

 

 

Qui portait la sandale aux couleurs d’océan,

Echouée sur le sable parmi les bois flottés,

Déposée par la mer l’écume et les courants ?

 

Etait-ce la naïade au couchant dessinée,

Dont les gestes ailés remodèlent les vagues,

Et qui les pieds légers sur la grève dansait ?

 

Etait-ce la pêcheuse dont le grand filet drague

Crevettes et couteaux dans la flaque endormie,

Où sont les crabes nains et les verts cheveux d’algues ?

 

Etait-ce le marin souhaitant l’accalmie,

Aux embruns déchaînés, sur le pont ruisselant,

Qui frissonne et ne sait s’il reverra sa mie ?

 

Etait-ce la sirène amoureuse d’un homme

Qui endura la mort et les mille tourments

Afin d’être une femme et de croquer la pomme ?

 

Je ne saurai jamais qui portait la sandale

Abandonnée au sel et aux flots incléments,

Dérisoire épave d’un naufrage fatal,

 

Qui vogue sur les eaux et flotte dans le temps.

 

 

Pour la proposition de Noune d'écrire un poème à forme fixe inspiré par une photo, j’ai choisi cette semaine d’écrire un texte en terza rima. Cette forme codifiée fut importée d’Italie (Dante la pratiqua) en France au XVI° siècle. On la retrouve sous la plume de Jodelle, Baïf ou Desportes. Délaissée par la suite, elle reparaît au XIX° siècle avec Théophile Gautier (http://www.unjourunpoeme.fr/poeme/terza-rima) et Leconte de Lisle ( http://flormed.e-monsite.com/pages/f-fixes-3/terza-rima/), ou encore Hérédia .

Ecrit souvent en alexandrins, ce poème n’est pas limité dans sa longueur et c’est la disposition de ses rimes qui en fait l’intérêt. Le premier vers rime avec le troisième, le second avec le quatrième et le sixième, le cinquième avec le septième et le neuvième, et ainsi de suite. Toutes les rimes sont donc répétées trois fois, sauf la première et la dernière et les rimes plates en sont absentes. On a par ailleurs coutume de séparer les tercets de la terza rima par des blancs et d’isoler le dernier vers.

 

Pour le Jeudi en Poésie des Croqueurs de Mots,

Thème proposé par Nounedeb : sur la photo d’une sandale bleue sur une plage, pour un sonnet, un rondeau, un haïku ou tout autre forme fixe.

link 

 

 

 

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commentaires

V
Je reviendrai vous lire ...
Répondre
C
<br /> <br /> A bientôt, pour d'autres échanges.<br /> <br /> <br /> <br />
J
merci pour ce joli poème et pour ces explications techniques<br /> belle soirée
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C
<br /> <br /> Cela m'a amusée de pratiquer cette forme fixe. Je l'ai un peu adaptée dans le dernier vers car en général celui-ci est totalement indépendant sur le plan syntaxique alors que, ici, j'ai utilisé<br /> un enjambement.<br /> <br /> <br /> <br />
M
Très joli poème.
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C
<br /> <br /> Merci, Malika. Belle journée à vous.<br /> <br /> <br /> <br />
A
Magnifique et le poème et la forme que tu nous fais découvrir. Cela me rappelle le limérick, différent, mais intéressant aussi à pratiquer.
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C
<br /> <br /> Il paraît qu'il y a trois sortes de liméricks : "ceux qu'on peut dire aux dames, ceux que l'on peut répéter aux curés et les vrais" ! Il faudra que tu m'y inities, Alice.<br /> <br /> <br /> <br />
N
Magistral! Et le plaisir de découvrir, par vos soins, une forme nouvelle, quelque peu acrobatique. Merci, Catheau.
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C
<br /> <br /> Merci à vous pour ce défi, qui nous permet de rêver sur des objets insignifiants. Amicalement.<br /> <br /> <br /> <br />
M
Très beau poème sur cette sandale bleue de Noune que l'on peut imaginr de miltiple façon ! et merci pour les explications !<br /> Bonne journée ensoleillée<br /> Monelle
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C
<br /> <br /> C'était l'occasion rêvée pour une petite célébration de ces objets méprisés, rejetés sur les plages. Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />

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