Nicole Uzan et Maurice Delaistier
(Crédit Photos DR)
Vendredi 16 mars 2012, à 20h 30, on célébrait Le Printemps des Poètes, salle Beaurepaire à Saumur. La chanteuse lyrique Nicole Uzan et le compositeur et guitariste Maurice Delaistier y proposaient un spectacle de « poésie-concert », intitulé Chants d’amour, d’exil et de révolte, et associant ces « deux frères de son », l’art poétique et l’art musical.
Les facéties d’Alphonse Allais, les délires verbaux de Michaux, les colères de Lorca et de Neruda y voisinaient avec les chants yiddish d’Iszk Manguer, les errances de Saint-John Perse, les folies d’Artaud et d’autres encore. Aux mots des poètes répondaient en écho les notes de Mozart, Granados, Ravel, Britten, Ginastera ou Aperghis. Ce soir-là, en chantant en anglais, en espagnol, en allemand, en yiddish et en hébreu, Nicole Uzan nous a montré, s’il en était besoin, combien la poésie est universelle.
On a pu apprécier la sobriété de la mise en scène fluide de Lionel Parlier, subtilement mise en lumière par Jean Grison, qui distribue justement les temps musicaux et les espaces de parole et de chant. « Nous avons voulu que les correspondances entre poèmes et musiques choisies donnent à ce spectacle une sorte d’apesanteur », précisent en effet les deux artistes. Leur diction étonnamment précise et claire, ménageant avec art silences et accents, nous a donné à entendre Lorca le déchiré, Saint-John Perse le nostalgique, Artaud le cruel… Les déplacements scéniques, toujours justifiés par le texte, n’en ont jamais parasité l’écoute.
J’ai particulièrement aimé le travail musical sur des haïkus japonais, d’abord chantés par le guitariste sur une musique de sa création, puis modulés de façon très prenante par la chanteuse, dont l’étendue du registre vocal est remarquable.
Entre le chant du rossignol éternel et les battements d’ailes des rouges-queues amoureux, le printemps poétique était, ce soir-là, dans tous ses états.
Sources :
Programme : Chants d’amour, d’exil et de révolte, Poésie-Concert