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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 20:44

Urbain-Grandier 2

 

 

Dimanche 18 septembre 2011, pendant les Journées du Patrimoine, j'ai découvert la ville des possédées, Loudun. Je suis entrée dans l'église Saint-Pierre du Marché, dont Urbain Grandier fut le curé, et où l'on exorcisa les religieuses ursulines, compagnes de soeur Jeanne des Anges. J'ai vu la place Urbain Grandier, devant la collégiale Sainte-Croix, où le prêtre séducteur, auteur d'un traité controversé sur le célibat des prêtres, fut brûlé vif, le 18 août 1634, après avoir été soumis à la question extraordinaire. J'ai entendu les lointains échos de cette histoire d'intolérance et de fanatisme, qui fut sans doute un extraordinaire cas d'hystérie collective, doublé d'une machination politique.

A la faveur de cette visite, je publie de nouveau ce poème écrit il y a deux ans.

 

 

Le soir, près du foyer, quand la flamme s’élève,

Je rêve aux hérétiques, à tous les condamnés,

Alors qu’aux noirs fagots d’où s’est tarie la sève

S’abandonne le corps des maudits torturés.

 

Dans un lent cauchemar, je vois le tombereau

Cahotant lourdement et la foule en folie

Huant les misérables, les mains liées au dos,

Et je sens les crachats de la meute qui crie.

 

Devers le haut bûcher, les malheureux s’avancent

Dans leur robe soufrée, pétrifiés d’angoisse,

Et devant leurs yeux fous, des silhouettes dansent

Une gigue macabre qui tous les membres poisse.

 

Je songe à vous, damnées, par l’espoir désertées,

La pucelle Jeanne d’Arc, La Voisin la sorcière,

Femmes au cœur ardent par l’homme pourchassées,

Insoumises et rebelles, indomptables et fières.

 

Je pense à vous, Jean Hus, et, vous, Savonarole,

A l’esprit orgueilleux, à l’âme inaliénable,

Emprisonnés souvent pour d’obscures paroles,

Bafoués, méprisés, pour jamais détestables.

 

Quand la flamme a rampé sur vos corps enroidis,

Quand vous avez atteint aux rivages du Styx,

Quand les charbons se font incandescents rubis,

De la cendre s’envole un flamboyant phénix.

 

  Urbain Grandier

  Le supplice d'Urbain Grandier, Joseph-Nicolas Jouy,

Musée des Beaux-Arts de Bordeaux

 

 

 

Pour le Jeudi en Poésie des Croqueurs de Mots,

Thème proposé par Moog : feu de cheminée

 

 

 

 

 

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commentaires

J
<br /> j'adore ce texte ! bravo<br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Merci, Jimbo, que je vais aller visiter.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> je suis impressionnée devant ce poème qui raconte l'horreur de comportements passés contre la profondeur de l'amour. Une hystérie collective qui avec l'inquisition salit les religions dogmatiques.<br /> Un écriture qui envoûte. Cordialement. Suzâme<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Merci, Suzâme. Les "chasses aux sorcières" n'ont, hélas, pas fini de sévir.<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> Merci pour cette leçon d'histoire et ce poème que tous ces pauvres brûlés vifs par la folie des hommes méritent bien... Merci pour eux et pour leur mémoire. Bises<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Urbain Grandier : victime des femmes et du cardinal de Richelieu. A bientôt, chère Elo.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> il y en a eu effectivement quelques-uns et unes...<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Et il y en  a toujours...<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> Poésie dérangeante mais poésie nécessaire -et toujours belle-<br /> Valdy<br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Les sorcières, on les brûlait. De nos jours, on enterre vivantes des femmes, on les lapide, on les vitriole, on les immole avec de l'essence : éternelles victimes. Merci, Valdy.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Merci pour ce poème et pour les détails de l'Histoire du moment !<br /> Monelle<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Toujours d'actualité, hélas, même si ce n'est plus le bûcher. Amicalement.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Ce feu du fanatisme me fait penser, actualité oblige, à l'exécution capitale qui vient d'avoir lieu. J'aime la fin du poème avec l'envol du phénix qui nous ramène à une conscience qui dépasse la<br /> conscience ordinaire et nous invite à poser un autre regard sur la vie.<br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Toujours et partout, le fanatisme infâme guette. Merci, Adamante, de votre mot.<br /> <br /> <br /> <br />

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