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4 septembre 2010 6 04 /09 /septembre /2010 15:48

 

 ne bougeons plus 2

Catalogue de l'exposition, 

Anonyme, Dame à la polonaise, s.d,

Négatif sur verre au collodion, 300x325 mm,

Archives municipales de Saumur

 

Du 29 mai au 29 août 2010, le Centre d’art contemporain Bouvet-Ladubay  à Saint-Hilaire-Saint-Florent a accueilli une  très belle exposition de photographies anciennes, intitulée Ne bougeons plus ! Photographies de la collection Perrusson, 1862-1912. Le fonds, d’une extraordinaire richesse, provient d’une  rare collection de 291 négatifs sur verre, qui ont appartenu à Georges Perrusson, un photographe installé à Saumur en 1952, au 57 de la rue d’Orléans. Les plaques de verre de ces clichés représentent tout ce qui reste de la production de ses prédécesseurs : Joseph Toussaint Le Roch (photographe de 1862 à 1869), Victor Coué (de 1870 à 1912), Maurice David  (de 1913 à 1920) et Eugène Leconte jusqu’en 1951.

La majorité des plaques mesure 24x30 cm, quelques-unes étant plus importantes. La plupart ne sont pas datées mais les informations qu’elles procurent permettent souvent d’en estimer l’année. Par ailleurs, l’émulsion de la plaque indique deux périodes : celle du procédé au collodion (1855-1880) et celle du procédé au gélatino-bromure d’argent (à partir de 1880).

Dans les élégantes salles du Centre d’art Bouvet-Ladubay, les photos ont été exposées sans cadre et en grand format sur les murs blancs, les personnages et les vues d’architecture prenant ainsi toute leur force. Ces clichés donnent un aperçu de la vie saumuroise entre 1860 et 1900 et la place de l’Ecole de cavalerie s’y révèle particulièrement prépondérante. Outre une photo de groupe pleine de vie représentant les officiers en récréation devant la verrière de l’atelier du photographe, on a pu admirer notamment un très beau cliché épuré représentant une superbe photo d’amazone, dont la silhouette d’un noir profond se détache sur un mur de tuffeau. Parmi les portraits, celui d’une grand-mère au regard plein de douceur et de malice, avec une coiffe et tenant un livre entre ses mains noueuses, est particulièrement émouvant. Le noir et le blanc sert superbement par ailleurs le rendu des robes de faille, de velours ou de soie des femmes portraiturées, dans un décor de salon stéréotypé.

Quant aux vues de paysages et de monuments, elles sont saisissantes par l’art du cadrage et le goût du détail pittoresque. Ainsi, le nouveau théâtre de Saumur construit par Charles Joly-Leterme dresse le rectangle éclatant de ses lignes régulières derrière un premier plan de yuccas, tandis que, sur un autre cliché, la lumière pénètre de biais à travers les hautes fenêtres arrondies dans l’atelier d’arçonnerie de l'Ecole de cavalerie. Quant à la photo du château et du moulin de Montreuil-Bellay, elle témoigne des dons artistiques de Joseph Le Roch, qui s’intitulait artiste peintre sur ses cartes de visite. Le château se dresse fièrement au-dessus du moulin qui se reflète dans les eaux du Thouet, bordées par des peupliers élancés. De l’ensemble émanent sérénité et harmonie.

Enfin, un des intérêts de cette exposition a été de monter comment la photographie devient à cette époque la fidèle alliée du reportage. De l’image de la banquise de Saumur lors de l’hiver 1879-1880 à la construction du pont de chemin de fer, en passant par les clichés de la production des vins pétillants, le nouveau medium  conquiert alors ses lettres de noblesse.

Les photographies de la collection Perrusson ont été tirées de l’oubli grâce à deux passionnés, Guy-François Le Calvez et Alain Citolleux, et à ses donateurs, Pierrette et Dominique Perrusson, Dans cette magnifique exposition, cette technique, qui deviendra bientôt un art à part entière, est bien apparue comme l’expression de ce que souhaitait Charles Baudelaire. N’écrivait-il pas que son but est de « sauver[er] de l’oubli les ruines pendantes, les livres, les estampes et les manuscrits que le temps dévore, les choses précieuses dont la forme va disparaître et qui demandent une place dans les archives de notre mémoire » ?

 

 

Cette collection sera mise en ligne sur le site Internet des Archives de Saumur à la fin de l’année 2010 (http://archives.ville-saumur.fr).

 

Sources :

Catalogue de l'exposition, Ne bougeons plus ! Photographies, Collection Perrusson, 1862-1912.

 

A consulter aussi :

http://saumur-jadis, Article "Les photographes saumurois".

 

Vendredi 03 septembre 2010

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