Dali enfant, soulevant la peau de la mer pour regarder un chien,
Salvador Dali,1950
Charles petit garçon c’est ton anniversaire
Et je voudrais savoir en curieuse grand-mère
Quelle ronde tremblée dansent dans ta mémoire
Les beaux abécédaires dessous tes cheveux noirs
Quel est ce lumineux et fragile brûlot
Qui incendie soudain la forêt de tes mots
Cet Eole ouragan qui souffle dans ta bouche
Et t’invite à nommer les lunes et la mouche
Fabuleuse genèse des alphabets défunts
Qui sans cesse revit en l’enfant incertain
Charles petit garçon aux limbes du mystère
Qui ânonne les mots de ton père et ta mère
Quand de ta voix ailée tu chantes des comptines
Les langues ressuscitent dans ton âme enfantine
L’accent mélodieux du vieux parler latin
Et l’unique syllabe du doré viêt-namien
D’où vient que lentement tel un blanc nénuphar
Du plus loin de toi-même et de tes cauchemars
Tu fais soudain éclore un mot incandescent
Petit Poucet perdu aux lointains cailloux blancs
Charles dont les yeux noirs dessillent tous les mondes
Ignorant du miracle des lettres vagabondes
Je ne saurai jamais au temps où il renaît
De ce Verbe hermétique l’indicible secret
Pour les quatre ans de Charles Hoàng-Long, le 13 janvier 2011