Au lendemain du centenaire du 11 novembre 1914 et à la faveur d’une visite récente au Musée Départemental de Flandre à Cassel, le 19 octobre 2014 je voudrais évoquer le souvenir du Maréchal Foch… en lien avec celui de ma grand-mère. Il est en effet l’hôte-surprise de son Carnet de Poésie, avec une carte postale en noir et blanc sur laquelle est apposée sa signature. Celle-ci accompagne les quelques mots qu’il adressa à mon aïeule, par l’intermédiaire d’un ami de celle-ci, et qui sont ma foi très bien tournés.
Cette carte postale représente une « pendule Louis XVI, offerte au Maréchal Foch, par la ville de Cassel en souvenir de son séjour en cette Ville, du 23 Octobre 1914 au 22 Juin 1915 ». Au recto, en haut, à droite, figurent les armes de la Ville de Cassel ; à gauche, la photo du Maréchal, sur laquelle il a apposé sa signature volontaire.
Cette carte rappelle que celui qui n’était alors que le général Ferdinand Foch (1851-1929) avait été nommé commandant en chef adjoint de la zone Nord avec le général Joffre, après son succès lors de la bataille de la Marne. On connaît les mots célèbres : "Pressé fortement sur ma droite, mon centre cède, impossible de me mouvoir, situation excellente, j'attaque ! "Il avait installé son quartier général à Cassel, au premier étage de l’hôtel particulier de la Noble-Cour. Il dirigera deux des cinq batailles autour de la ville d’Ypres, parvenant à chaque fois à sortir les troupes françaises de situations difficiles.
La plaine flamande vue des hauteurs du Musée départemental de Flandre, hôtel de la Noble-Cour, où Foch avait son quartier général
(Photo ex-libris.over-blog.com, dimanche 19 octobre 2014)
Sur le piédestal de sa statue équestre, dominant la plaine flamande et réalisée par Georges Malissard en 1928, on peut lire : « Mon inquiétude en 1914 et mon regard s’étendaient surtout d’Ypres à Nieuport. Ce sont les feux de cette ligne que je considérais la nuit, de la hauteur de Cassel. »
Le 19 octobre 1919, les habitants de Cassel, qui l’avaient connu aux heures les plus noires de la guerre, lui offrirent en cadeau de reconnaissance la pendule qui ornait son bureau de l’hôtel de la Noble-Cour. C’est cet objet décoratif qui est représenté sur la carte postale dont je parle.
Au verso de celle-ci, on découvre les lignes suivantes, rédigées par cet ami de ma grand-mère qui la lui offrit : « Faire plaisir à une charmante Dame est pour moi-même un plaisir irrésistible me dit le Maréchal Foch, quand je lui ai présenté cette carte. Donnez-moi votre stylo, j’y appose bien volontiers ma signature. Veuillez transmettre à Madame Duriez mes hommages, ce que je fais avec empressement. » La carte est signée par l’ami de ma grand-mère.
J’imagine que c’est à l’occasion du don de la pendule au Maréchal Foch que cette carte postale fut éditée. Sans doute est-ce lors de la venue de ce grand soldat à Cassel que mon aïeule demanda à son ami de lui faire signer cette carte. Pour ma grand-mère, que la Grande Guerre avait séparée de son époux alors qu’elle était toute jeune mariée, le Maréchal Foch devait représenter beaucoup. N’est-ce pas lui qui avait réussi à bloquer les dernières offensives allemandes de l’année 1918 ? Lui que Clemenceau avait choisi pour coordonner l’action des armées alliées sur le front de l’ouest et dont il disait : « Essayons Foch ! Au moins, nous mourrons le fusil à la main ! […] j’ai adopté ce fou qu’était Foch. C’est le fou qui nous a tirés de là ! » Le 6 août 1918, il sera fait maréchal de France et l’armistice sera signé le 11 novembre 1918.
Alors bonne-maman, groupie de ce maréchal qui lui avait permis d’avoir de nouveau son mari très aimé auprès d’elle, cela ne m’étonne guère !
Sources :
Musée Départemental de Flandre, Cassel, Catalogue des oeuvres choisies, Silvana Editoriale, 2010
wikipedia.org, Maréchal Foch