Vendredi 16 janvier 2010, La 5 diffusait dans la série Empreintes un film consacré à Hubert Nyssen, créateur de 1977 à 1994 des Editions Acte Sud, des Assises de la Traduction littéraire et de l’Association du Méjean (soirées musicales et lectures), qui a redonné vie à un quartier d’Arles.
Le film de Sylvie Deleule nous a fait rencontrer un écrivain et éditeur de 84 ans, passionné et passionnant, qui a raconté avec simplicité son enfance à l’ombre de ses grands-parents très aimés, sa jeunesse, et l’audace que fut la création d’une maison d’éditions à Arles, loin de tout parisianisme. Il a évoqué comment Actes Sud est née de son désir de faire découvrir des auteurs étrangers méconnus, le bonheur de les avoir accompagnés dans leur travail d’écriture, le compagnonnage avec sa femme traductrice, la « consécration », lorsque Laurent Gaudé, publié dans sa maison d’édition, obtint le Goncourt pour Le Soleil des Scorta.
Grand passeur, celui qui nous donna la chance de lire Paul Auster et Nina Berberova, nous a accordé un petit moment de grâce. On le voit en effet dans le superbe cloître Saint-Trophime d’Arles, lors des Lectures en Arles, de juin 2009. Marie-Christine Barrault y lit sans emphase aucune, en toute vérité, L’Homme assis dans le couloir de Marguerite Duras. Lorsque la comédienne a fini sa lecture, il s’approche d’elle, l’embrasse pour la remercier, et s’adresse au public : « Il y a ce que Marguerite Duras a écrit, il y a ce que Marie-Christine a lu, il y a ce que vous avez entendu. »
En quelques mots, il nous donne ainsi à comprendre le merveilleux voyage des mots en littérature et la magie de l’acte de lecture, dont il s’est fait toute sa vie l’ardent défenseur.
Samedi 16 janvier 2010