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15 août 2016 1 15 /08 /août /2016 14:04
L'Assomption, Le Titien

L'Assomption, Le Titien

Lors de mon récent voyage en Sicile baroque, nous avons fait halte à Caltanissetta. L’église, qui se trouve Piazza San Domenico, a été fondée en 1300 par saint Reginald, disciple de saint Dominique. Elle fut reconstruite vers la fin de 1700 dans de plus grandes dimensions.

Nous avons pu y admirer la Vierge du Rosaire de Paladini. Le retable, signé et daté de 1614, représente la Vierge assise sur des nuages. Elle offre  le chapelet à une religieuse dominicaine qui est à sa gauche, tandis que l'Enfant Jésus, debout sur les genoux de sa mère, tend un autre chapelet à un frère dominicain. 

En ce 15 août, jour de l’Assomption de la Vierge Marie, où les chrétiens fêtent la mère de Dieu, ce thème du rosaire m’a fait penser à ce texte de Paul Claudel, intitulé « Le Quinze Août », extrait de La Rose et le Rosaire. Ecrit en 1945 et 1946, et publié en 1947, cet ouvrage consacré à la Vierge Marie, est composé de « feuillets » tombés d’un livre que Claudel n’achèvera pas. Il s’agit d’un ensemble de textes réunis par le modèle récitatif du rosaire donné par la liturgie. Il suit le parcours d’une âme humaine, du bas vers le haut ; le modèle de ce parcours est ainsi donné par le rosaire dont l’étape ultime « consacre, consomme, parachève cette ascension de l’âme humaine que typifie la Sainte Vierge ».

« Le Quinze Août marque le comble et le sommet de l’année, la sainte Vierge monte au ciel tenant entre ses bras une gerbe d’or : je veux dire qu’après cette courte séparation pour elle, le corps a été invité à rejoindre l’âme. La création une fois de plus est venue à bout de son fruit suprême, elle a confié à cette messagère les prémices pour une semaille nouvelle de l’espèce eucharistique […]

Tout s’est éteint sur la terre, mais quel est là-haut ce petit nuage couleur de feu dans le ciel qui vient de s’allumer comme une écharpe éperdue ? Quelle est cette femme là-haut qui s’élève sur les ailes de la prière ? Ce n’est plus une gerbe qu’elle porte dans ses bras, ce ne sont plus des clefs qu’elle serre contre sa poitrine, c’est notre cœur, c’est une grappe entre ses mains ! Son propre cœur entre ses mains qu’elle serre, c’est cela qui la fait monter ! Alleluia ! Dites ! Quelle est cette colombe de feu là-haut qui a oublié le chemin du retour ? Elle s’éteint… »

Et en relisant ce texte, dont la prose claudélienne est particulièrement poétique, j’ai aussi repensé à la toile de Titien, L’Assomption, 1518, admirée il y a bien longtemps dans l’église Santa Maria Gloriosa dei Frari à Venise. Les rouges du manteau de Dieu, de la robe des apôtres et de Marie y sont somptueux et inoubliables !

 

La Vierge du Rosaire, Paladini.

La Vierge du Rosaire, Paladini.

"Le Quinze Août", de Paul Claudel.
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commentaires

C
Merci pour toutes ces mises en relation qui donnent à réfléchir et à admirer. A se prélasser au jardin chaque 15 août, on finirait par l'oublier, le bel élan de l'Assomption.
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C
Oui, Carole : une inv (c)itation à aller vers le haut. Belle fin d'été à vous.
M
Ma fille va visiter la Sicile au mois de septembre, je lui conseillerai cette halte après lui avoir fait lire votre texte! merci Catheau. Et merci pour votre gentil commentaire sur ma page!
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C
La Sicile baroque devrait l'enchanter. Bon retour de vacances à vous, si ce n'est déjà fait.

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