A la fin de l’été, près d’un bassin tranquille,
Un Jardinier zélé taillait, la main habile,
Un buisson d’hortensias d’un rose desséché,
Aux pétales fanés, tout recroquevillés.
Au-dessus du quidam volaient les hirondelles,
Bourdonnaient les abeilles, rêvaient les tourterelles,
Quand, soudain, il avise sur le rebord pierreux
Une Grenouille verte au regard curieux.
Son iris doré le fixe et dévisage
L’amoureux de la flore et l’as du jardinage,
L’ami des animaux, le sauveur des oiseaux,
Le confident des bêtes, moineaux et crapauds.
Etonné que Phryné, la belle ensorceleuse,
Jette sur sa personne un regard d’amoureuse,
Il est soudain la proie d’une invincible envie
Et d’une douce main caresse la jolie.
La belle est immobile et sa peau en frissonne,
Aux doigts du Jardinier sourit et s’abandonne,
Quant à lui, séduit par l’immobilité,
Il jouit et savoure un instant de beauté.
Hélas ! Triste ici-bas ! Le temps est éphémère,
La Grenouille rieuse a fui tel un éclair.
Le Jardinier s’en veut et pleure amèrement
De n’avoir plus longtemps prolongé ce moment.
Et puis il s’interroge : qui était cette dame
Au regard immobile, à la robe ottomane ?
Une âme voyageuse, une reine des fées,
La diseuse de pluie, riche en fécondité ?
Jamais il n’oubliera cet instant virtuose
Où l’amour s’est allié à la métamorphose,
La rencontre furtive, étonnante et secrète
D’un Jardinier ému, d’une Grenouille verte.
Texte librement inspiré par la rencontre réelle entre mon jardinier de mari et une des grenouilles de notre bassin.
Photos : ex-libris.over-blog.com