Un blog pour lire, pour écrire, pour découvrir et s'étonner. "La Vie a plus de talent que nous" disait Nabokov.
Par Catheau
Deux Lapins nains vivaient heureux comme Epicure
Chez deux Bourgeois-Bohèmes, partisans de Nature,
Qui s’en furent un jour pour une croisière ;
Des Têtes de lion il fallut se défaire.
La Dame, sûrement, les mit dans un carton
Et les jeta vivement, sans une hésitation,
Dans un jardin lointain par-dessus la clôture :
Pour nos pauvres Lapins, quelle mésaventure !
Quand le soir fut venu, le blanc fit tant la fête
Qu’il mourut bien vite d’une indigeste herbette ;
Quant à l’avisé noir, il se mit dans un coin
Attendant sagement soleil du lendemain.
Le Maître de céans, après maintes esquives,
Parvint à l’attraper, ultime tentative.
Appelant ses Enfants et sa Femme à grands cris,
Il montre le captif à ses Bambins ravis,
Qui caressent le poil du tremblant animal,
Anxieux, on le comprend, d’un sort futur fatal.
Sa crainte était en vain, on l’accueillit si bien
Qu’il se retrouva vite tel un vrai patricien.
On le dota fissa d’un luxueux clapier
Avec nombre d’étages reliés d’escaliers,
Où le Conin* pouvait s’ébrouer sans mesure,
Manger force carottes et riches épluchures.
Mais ce qu’il préférait, c’était la promenade,
- Certes sans les gambades et puis les cavalcades -
Quand la Fille du Maître le maintenait en laisse,
Tout soumis qu’il était à sa jolie maîtresse.
« Trèfle de plaisanterie » se disait mon Lapin,
« J’ai bien failli mourir avec des turlupins,
Me voilà bienheureux d’avoir trouvé des maîtres
Qui ne me jetteront pas hors de leur périmètre. »
Fable librement inspirée par l’arrivée fortuite de deux lapins nains, négligemment jetés dans le jardin de mon fils.
.* Conin est l'ancien nom du lapin comme goupil était celui du renard.
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