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8 mai 2009 5 08 /05 /mai /2009 18:27

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Philippe Hamon, professeur à l'université Paris III-Sorbonne nouvelle et co-auteur avec Denis Roger-Vasselin du Robert des grands écrivains de langue française (2000-2004), a sélectionné pour cet ouvrage cent cinquante des plus grands auteurs du Moyen Age à nos jours. Prenant de la distance avec la définition classique des « classiques », associée à l'institution scolaire, qui serait une sorte de panthéon consensuel, doté d'une certaine pérennité et fixité, il préfère une définition plus ouverte et plus dynamique. Il propose plusieurs critères. Le critère stylistique d'abord : est classique un écrivain qui a inventé une langue, un style, un type d'image, une formulation. Ce qu'il appelle le « critère de fond » : est étudié comme classique un auteur qui a des idées, qui les a émises sous une forme d'essai, un philosophe par exemple, mais qui n'a pas nécessairement un style marquant. Le critère de sexe : Philippe Hamon considère qu'on n'a pas encore donné leur véritable place aux femmes dans une société qui fut longtemps phallocratique. Le critère nationaliste : un Belge ou un Suisse qui écrit dans un français remarquable méritera plus que nombre de Français d'être choisi. En dépit de ce que disait Baudelaire (Aller « Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau. »), le critère de la nouveauté n'est pas toujours pertinent car nous sommes dans une société où il y a inflation de la nouveauté. La diversité, le poids de l'œuvre sont encore des critères mais qui ne sont pas essentiels non plus. Quant à la définition d'un « classique » moderne, elle est délicate. « Moderne » veut dire à la mode aujourd'hui. Et la mode se démode vite. En croisant ainsi tous ces critères, on parvient à constituer une notion acceptable du « classique », bien qu'elle ne soit jamais ni nécessaire ni suffisante !

 

Par ailleurs, l'intrusion de l'argent dans le champ de la littérature, l'inflation des prix littéraires, le développement d'Internet, font que la notion de « classique » doit être reconsidérée dans un sens plus dynamique et sans doute plus aléatoire.

 

Dans le but de constituer une bibliothèque idéale, le jeudi 12 mars 2009, dans son émission La Grande Librairie, diffusée sur la 5, et à l'occasion du Salon du Livre, le journaliste François Busnel, accompagné de quelques écrivains connus, est parti en quête des grands « classiques ». Il a demandé à chacun de présenter le livre qui serait pour lui LE « classique » parmi les « classiques » et une autre œuvre qui lui semblerait surfaite.

Cette question a donné lieu à un échange et à des éclairages passionnant sur des œuvres que chacun connaît de nom...mais n'a pas toujours lues.

C'est en effet ce qu'a d'abord dit avec un brin de provocation Philippe Besson (La trahison de Thomas Spencer) : un « classique », c'est un roman dont tous parlent mais que personne ne lit ! Si l'on fait jouer l'argument du temps, c'est une histoire de morts même si l'auteur d'un « classique » peut aussi symboliser une nation, son génie. Mais pour résumer, c'est un mec invité chez Pivot !  A l'ombre des jeunes filles en fleurs est son « classique », qu'il qualifie de phénomène météorologique, de tourbillon, qui lui permit d'entrer « en Proust ». Dans cet « himalaya », on trouve toutes les amours et toutes les sexualités. En même temps que la détestation de soi et le masochisme, on y décrypte l'inversion à tout propos. C'est une bombe atomique littéraire puisque quasiment tous les personnages sont homosexuels et la fin de l'œuvre ressemble à un bordel pour hommes. Proust est donc un voyou en littérature !

Frédéric Beigbeder (Dernier inventaire avant liquidation) trouve cette  présentation restrictive.Pour lui, La Recherche est surtout un grand roman d'amour, qui fait la part belle à la jalousie, au temps, à la mémoire. A quoi Charles Dantzig lui répond que c'est un livre fermé qui se suffit à lui-même. Et Alain Mabanckou (Black Bazar) de rajouter que cette œuvre obéit au principe de la micro-fiction. Avec le « classique », le nombril d'un individu devient le nôtre.

Busnel s'amuse à ce moment de l'émission à  proposer un quizz sur Proust à ses invités en leur demandant de choisir entre différents titres imaginés par Proust avant de choisir son titre définitif : Les Intermittences du Cœur, Les Stalactites du Passé, Reflets dans la Patine, Les Miroirs du rêve...

Céline vient ensuite sur le devant de la scène, avec Le Voyage au bout de la nuit, « Le livre que c'est pas la peine », comme le définissait Jean Paulhan. Le nihilisme absolu, la haine, la méchanceté font que ça m'est toujours tombé des mains, dit un des invités. Les pointillés, les exclamations lui apparaissent comme une méthode, un truc, c'est comme « un cheval de cirque qui ne sait faire qu'un tour. » Il écrit comme un chauffeur de taxi « à coups de klaxon ». Par ailleurs, il n'apprécie pas son côté persécuté, geignard qui l'agace. En revanche,  il retient la trilogie de la fin : « Il a su mettre en scène sa défaite ».

Pour Beigbeder, c'est le « classique » absolu, celui que l'on peut relire tous les jours, musical et symphonique. C'est une « odyssée » qui embrasse la guerre de 14-18, le Congo, New-York, Detroit, des prostitués sublimes et des médecins obscurs. Fresque émouvante, ignoble et géniale de l'être humain, baignant dans la haine et la trouille, « C'est l'amour infini à la portée des caniches. »

Pour Mabanckou, ce roman a affaire avec le désordre et propose une vocation orale nouvelle. Le Voyage l'a réconcilié avec la littérature.

Selon Régis Jauffret (Lacrimosa), Proust est encore plus nihiliste que Céline puisque la vie n'existe que dans le souvenir, la Vie avec une majuscule !

Lorsque Amélie Nothomb (Le fait du prince) prend la parole, c'est pour exprimer son admiration absolue pour L'Eloge de l'Ombre de l'écrivain japonais Tanizaki Junichirô, un écrivain effrayant et doux, né dans le sud du Japon. Selon cet auteur, les Japonais ont un cerveau qui a une conformation différente : c'est pour cela que la spécificité japonaise n'est pas un vain mot et que les Japonais écrivent des livres « pestilentiels ». Tanizaki avec un art inégalé crée un art du clair-obscur, lorsqu'il exalte le grain de la peau poudrée de la geisha grâce à la description de ses dents noircies artificiellement. C'est en cela qu'il peut faire penser à  l'écriture de Kawabata dans sa nouvelle Les belles endormies.

Se pliant avec bonne grâce à l'exercice de Busnel, Amélie Nothomb évoque le poète Maurice Carême comme repoussoir littéraire. Pour elle, ce poète de l'école primaire, est le bien-pensant par excellence, un « tue-l'amour » en littérature. Et pour confirmer son opinion, Amélie Nothomb récite le poème « L'homme et le chien », ce qui fait rire tout le monde !

Les poètes que Mabanckou étudiait au Congo-Brazzaville était d'un autre tonneau et cela allait de soi : Verlaine, Rimbaud, Baudelaire et surtout Césaire. Son  grand « classique » est Cahier d'un retour au pays natal, « le livre qui nous a tous bousculés », « le monument lyrique du XXème siècle ». En 1942, André Breton lit le recueil dans sa première édition et il est ensuite publié dans Présence africaine. Dans ce « classique » d'une communauté, on retrouve le monde ; c'est un appel vibrant à la fraternité, un hymne des peuples en souffrance, car le Nègre, c'est aussi le Juif, l'Arabe...

Atiq Rahimi (Prix Goncourt 2008 avec Synghé Sabour) présente ensuite le livre qu'il a d'abord détesté, Les cent-vingt journées de Sodome de Sade, lu dans l'édition non-expurgée de 1973. Venant d'Afrique, il se demandait où était la littérature dans ce roman qu'il abandonnait de fatigue après la lecture de quelques pages. Plus tard, il en a fait la redécouverte et aurait voulu écrire ce texte qui, selon lui, a mis au monde le corps et le désir en littérature. Il considère désormais Sade comme l'un des plus grands écrivains français, celui dont l'œuvre gigantesque, faite de pensées fulgurantes, a quadrillé la philosophie. Il incite à la lecture des Lettres à sa femme, merveille de liberté et de complicité.

Son autre grand livre est Jacques le Fataliste et son Maître, première grande réflexion sur le roman (Le roman est-il arbitraire ou non ?) et qui lui a permis de se replonger dans le XVIIIème siècle.

Charles Dantzig (Encyclopédie capricieuse du tout et du rien) fait alors l'éloge de Gatsby le Magnifique, roman « mal foutu », sans architecture, qu'il considère comme un chef-d'œuvre. Tout en reconnaissant qu'un chef-d'œuvre peut être parfaitement construit, comme Madame Bovary par exemple, il aime cette œuvre où il respire la liberté avec cette succession de tableaux à la Edward Hopper. Comme La Recherche, c'est un roman sur une réputation, sur les potins, les ragots, sur la guerre perpétuelle faite aux réputations. Après la mort du héros dans la piscine, on n'en sait pas plus à la fin qu'au début. Le charme fou du livre vient sans doute aussi que l'auteur, Scott Fitzgerald, est inséparable du roman. Dantzig évoque encore Tendre est la nuit, livre terrible sur la dépression, et Le dernier Nabab, déjà très moderne et peut-être pas tellement différent de ce que Proust écrit.

Pour l'auteur du Dictionnaire égoïste de la littérature, le « classique » surestimé, c'est La Princesse de Clèves, livre à la fois raté et réussi. Plus qu'un roman, c'est davantage un objet de préciosité et une fable qui agace par son côté hyperbolique. C'est un roman du « monde poli », alors que le romancier est un être mal poli. Tout le monde n'était-il pas brouillé avec Proust ? C'est cependant une œuvre qui a eu nombre d'imitateurs, si l'on songe au Bal du comte d'Orgel de Radiguet ou au Miracle de la Rose de Genet.

Amélie Nothomb apporte la contradiction en précisant que, malgré tous ces éléments de fable et de mécanique précieuse, le roman « fonctionne à fond ».

Beigbeder renchérit en insistant sur la précision d'analyse de la psychologie du mari, le prince de Clèves. Roman, dont le sujet est encore une fois la réputation, La Princesse de Clèves ne serait-il pas un roman à thèse sur le thème : comment je ne quitte pas mon mari ?

Régis Jauffret, l'auteur de Micro-Fictions, se lance alors dans un panégyrique exalté du roman de Madame de La Fayette, qui est pour lui la quintessence de la littérature. Il en admire le cristal de cette langue du XVIIème qui sait si bien rendre adéquats la forme et le fond. Selon lui, Proust vient du fin fond du temps de Madame de La Fayette, qui a écrit le premier roman psychologique français et mondial. La beauté de l'œuvre, à la limpidité psychologique et aux résonances jansénistes, réside dans l'inassouvissement de l'amour, bien loin des vulgaires « amours de bureau » !

Jauffret profite de cette occasion qui lui est donnée pour dénoncer les propos de Sarkozy sur l'inutilité de mettre au programme  du concours de certains fonctionnaires de catégorie A La Princesse de Clèves. Il a sans doute eu 2 à un devoir sur cette œuvre pour en parler de cette manière que Jauffret  juge injurieuse, et pour les fonctionnaires qui n'auraient rien à gagner à lire cette œuvre, et pour la littérature. Cracher sur La Princesse de Clèves, c'est cracher sur la France ! Il faut protester contre cet éloge de l'inculture et faire ainsi un geste patriotique. C'est d'ailleurs ce qu'ont fait pendant plusieurs jours, sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris, universitaires, étudiants et lecteurs « lambdas » en lisant chacun à son tour des passages du roman de Madame de La Fayette.

Clara Dupont-Monod (La passion selon Juette) prend alors la parole pour défendre avec passion Tristan et Yseut, roman du milieu du XIIème siècle, « qui nous a constitués » et qui a composé l'âme occidentale. Pour elle, il est une étymologie des passions et a institué le coup de foudre en littérature : coup de foudre du roi Marc (dont Clara Dupond-Monod raconte la douleur dans La Folie du roi Marc) et coup de foudre de Tristan à cause ou grâce au philtre. Ce texte, dont la genèse est complexe, orale sans doute au départ, puis écrite par Béroul et Thomas, instaure le mépris des codes sociaux, Tristan n'étant pas roi, et exalte l'amour- passion, plus fort que la vie, au détriment de l'institution du mariage. Toute la littérature occidentale en sera irriguée, d'Anna Karénine à Lolita en passant par Roméo et Juliette.

Mabanckou raconte alors comment, alors qu'il avait huit ans, au fin fond du Congo, il entendit parler des amants célèbres dans une chanson qui disait : « Aimons-nous à l'instar de Tristan et Yseut. »

Pour Beigbeder, le choix de Clara-Dupont-Monod est un beau choix, dans la tradition de Longus avec Daphnis et Chloé et dont Héloïse et Abelard furent l'incarnation de ces « amoureux de l'amour ». Yseut représente les innombrables visages de la femme : la vipère, l'amoureuse. Quant au vin herbé, n'est-il pas bien avant l'heure un éloge de la drogue ?

Puis Alain Mabanckou s'arrête sur Le capitaine Fracasse, « classique » qu'il remet en cause. Gautier mit trois décennies à écrire ce roman qui parut en feuilleton et eut en 1863 un immense succès, supérieur à celui des Misérables. La construction y est trop visible, on y décèle trop les codes du roman de cape et d'épée. Mabanckou lui préfère, et de loin, Les trois Mousquetaires.

Beigbeder ajoute qu'il lui paraît ridicule de critiquer des génies morts auxquels on n'est pas sensible. Ainsi, il lui fut toujours très difficile de lire l'Ulysses de Joyce, qu'il considère cependant comme un ouvrage génial. Dans ce roman inclassable, complexe, inventif et cubiste, deux « potes »  déambulent à Dublin en 1904 et vont au bordel. Les images sont de véritables trouvailles et sont l'expression de l'absurdité de la vie elle-même. Si cette œuvre est fondatrice de la littérature des XXème et XXIème siècles,  il n'en demeure pas moins qu'elle requiert un grand effort pour y entrer.

Régis Jauffret n'en a pas du tout la même approche. Il a lu ce roman comme n'importe quel autre livre et n'a ressenti aucune difficulté à la lecture. Pour lui, on y raconte une histoire, un point c'est tout.

C'est au tour de Clara-Monod de confesser le « classique » qu'elle déteste : les Confessions de Rousseau. Elle est exaspérée par cette manière qu'a Jean-Jacques de se dédouaner sans cesse, de ne rien assumer, de vouloir toujours se trouver des circonstances atténuantes et de baigner dans l'auto-satisfaction. La scène de la fessée, « scène capitale », elle ne la supporte pas ! Quant à l'arrogance du Prologue, quelle affirmation d'orgueil ! Rousseau ne serait-il pas un Alain Delon avant l'heure ?

Jauffret tente de défendre Rousseau, avant tout un philosophe, à la sexualité perturbée par des problèmes de vessie. Ne parvenant pas à évacuer ses calculs, il a « évacué » ses enfants à l'Assistance publique ! On ne peut cependant lui dénier qu'il a été un des premiers (après Montaigne) à oser parler de soi et à se livrer, même s'il le fait à travers un filtre.

Alexandre Jardin surprend par son choix, un « bouquin ahurissant », dit-il, et intitulé Les Découvreurs, écrit par Daniel Boorstin. Cet ouvrage raconte la biographie des gens qui ont « inventé » le monde, des fous furieux qui ont pensé le monde, des hommes qui ont franchi les portes de la Peur : les Egyptiens, Henri le Navigateur...Après la lecture de ce livre, on est obligé de penser autrement. Certes, c'est un essai, mais la langue en est  "jouissive".

Le grand « classique » de Chloé Delaume (Eden, matin, midi et soir), c'est L'Ecume des jours de Boris Vian et qui signe son entrée en littérature. Elle en aime la langue jubilatoire, l'inventivité des mots (le « pianocktail » !), la précision de l'écriture. A la fin quand le chat et la souris observent Colin, l'un des deux dit : « Il n'est pas malheureux, il a de la peine » et c'est émouvant et juste. Le nénuphar, cancer qui envahit le corps de Chloé, est pour le jeune écrivain une des plus jolies métaphores de la littérature. C'est un livre dont elle se sent proche. Ce roman, souvent classé dans la littérature pour l'adolescence, est l'équivalent de L'Attrape-Cœur de Salinger. Ce livre mélancolique et drôle traverse le temps mais elle le juge sous-estimé.

Au cours de cette soirée, Rousseau n'est pas à la fête puisque le « classique » que Chloé Delaume déteste le plus est La Nouvelle Héloïse, roman épistolaire « à périr d'ennui ». Malgré plusieurs essais de lecture infructueux, elle considère que rien ne s'y passe, que personne ne meurt à la fin et que toute mélancolie en est absente. On y pouffe et c'est grotesque. Le problème est narratif et on se dit : « Tout ça pour ça ! »

Un invité lui réplique qu'il a éprouvé un grand plaisir à rentrer dans La Nouvelle Héloïse. Reconnaissant que le roman est «filandreux », il en a cependant un souvenir extraordinaire.  Il ajoute que souffrir quand on lit un livre est important. En fait, c'est le lecteur qui fait l'ennui, pas le livre.

Alexandre Jardin ajoute qu'il adore le moment où on n'est plus d'accord avec soi et où on se laisse embarquer. Cela n'a pas été le cas avec Salammbô, à cause d'une dame qui avait été méchante avec lui.

Le grand écrivain américain Douglas Kennedy (Quitter le monde) prend alors la parole pour dire son admiration sans failles pour Madame Bovary et pour Flaubert, inventeur du roman moderne. Le thème de l'Ennui, qui est celui de l'Enfer, est devenu grâce à lui un grand sujet littéraire. L'influence de Flaubert sur Updike, et surtout sur Richard Yates (mort en 1992), est indéniable. Le roman de ce dernier, La Fenêtre panoramique vient d'être adapté au cinéma sous le titre Les Noces rebelles, film dans lequel l'héroïne pourrait être une Emma Bovary de l'Après-Guerre. Ce roman de Yates est le « classique » le plus reconnu aux Etats-Unis. Chez Flaubert et chez Yates, l'adultère étant le remède à l'Ennui, leurs œuvre ne peuvent-elles pas être considérées comme optimistes ? Yates était professeur en Alabama ; adoré de ses étudiants, fumant trois paquets de cigarettes par jour, il était alcoolique, dépressif, et après deux divorces, mourut ruiné. On retrouva son manuscrit dans son congélateur !

Régis Jauffret, à son tour, déclare son amour pour George Sand, une mère extraordinaire et la première féministe qui ait « réussi », tout en prenant son destin en mains. Si l'on veut dégoûter les enfants de la lecture, on leur fait lire La Mare au diable mais si on veut amener à la littérature, on fait lire les Lettres de Flaubert à George Sand. L'écrivain normand lui doit beaucoup et il appelle la « bonne dame de Nohant » « Cher Maître ». Histoire de ma vie est un chef-d'œuvre qu'il faut lire absolument.

La conspiration économique exerce une pression terrible sur l'écrivain. Etre écrivain est souvent un second métier. Il faudrait professionnaliser l'écriture en France, la noblesse de l'intention ne garantissant pas le résultat. Molière n'écrivait-il pas pour faire tourner sa troupe ?

Le chef-d'œuvre naît souvent par hasard. Ainsi Le Feu de Barbusse  a vite échappé au dessein initial de son auteur.

En guise de conclusion, Douglas Kennedy remet en question le livre-culte de la « Beat generation », Sur la route, de Jack Kerouac. Selon lui, ce livre est plus dactylographié qu'écrit. Kerouac l'aurait écrit en trente-et-un jours sous l'influence de la benzédrine, produit comparable à l'absinthe, et à raison de vingt-cinq café serrés par jour, tous éléments appartenant à la mythologie de l'auteur américain. Les lecteurs souvent n'achèvent pas la lecture de cette œuvre...

 

Cette rencontre a été ainsi l'occasion d'un échange passionné entre écrivains d'hier et d'aujourd'hui. A chacun maintenant de lire ou de relire les « classiques »  d'hier qui ont été évoqués et de découvrir les textes de ces écrivains contemporains qui seront peut-être les « classiques » de demain.

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commentaires

C
bravo et bon courage !!....merçi et à bientot ,
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