Pour faire suite à un deuxième voyage récent dans la Sicile baroque du 11 au 18 mai 2016, j'ai écrit ces vers, sorte de pot-pourri ou bric-à-brac de mes souvenirs siciliens.
Trinacria, Sicile, la Gorgone triade,
Ile des tremblements, soubresauts d’Encelade,
Exhalant son haleine lorsque l’Etna parade.
Mer de tous les dangers en Charybde et Scylla,
Terre des voyageurs où Ulysse accosta,
Et du grand Polyphème l’unique œil aveugla.
Sicile aux verts printemps, aux étés-siroccos,
Concave et puis convexe, piazza del duomo,
Agathe de Catane, aux beaux seins tenaillés,
Lucie de Syracuse, vierge violentée
Femmes douces et saintes, toujours martyrisées.
Sicile des Sicanes qui fut grecque et romaine,
Amphithéâtre où vinrent Euripide, Platon,
Sacrifiant à Zeus sur l’autel de Hiéron,
Edifiant son temple au poète Apollon.
Carrière des Tyrans, au creux des latomies,
Quand les soupirs venaient à l’oreille de Denys,
Qu’Aréthuse la nymphe coulait à Ortygie.
Sicile tant baroque, aux palais ouvragés,
Aux balcons arrondis, aux assises sculptées
De putti, de sirènes, de monstres inventés.
Sicile, îlot artiste, sensible et violente,
Empédocle mourant dans la fournaise ardente,
Archimède, savant à l’invention brillante,
Pirandello, Nobel, maître de la nouvelle,
Quasimodo, poète, secret et naturel,
Lampedusa le prince, romancier éternel
D’un monde qui s’en va, qui meurt dans la chaleur
D’un palais délabré et, à sa dernière heure,
Voit la femme voilée au charme ensorceleur.
Sicile, sous le joug de Rome et des Vandales,
Des Normands, de Byzance, du pouvoir impérial,
Victime séculaire d’un combat inégal,
Aux vêpres siciliennes au risque du va-tout,
Massacrant les Français du roi Charles d’Anjou
Et relevant le chef, le foulard rouge au cou.
Sicile des marchés, fontaines, mosaïques,
Aux multiples clochers, charrettes, céramiques,
Vives marionnettes des légendes épiques.
Sicile, beau jardin, où les bougainvillées
Sont soleils rougeoyants près des verts caroubiers,
Je voudrais m’endormir sous tes vieux oliviers.