Suzanne Lenglen
Sur les bords bleus du ciel
Là-bas près de la mer
Sur l'arène rouge et battue
D'une ville portuaire
Une femme au geste vif
A relancé la balle
Une ellipse de clarté
Elevée vers le ciel pâle
Entre les nues et la terre
Le globe parfait est le lien
Et la joueuse déploie
En des gestes très certains
De beaux signes éphémères
D'envolée et d'envergure
Gravant dans notre mémoire
Le souvenir d'une épure
Célérité et patience
Enthousiasme et élégance
Qualités d'un ancien jeu
Qui se joue comme une danse
La femme en son mouvement
Suit des yeux le soleil jaune
La vie est comme un terrain
Que l'on mesure à son aune
En un lieu géométrique
Ainsi vous m'apparaissez
Danseuse extraordinaire
Telle que toujours vous êtes
Et vous fûtes aux jours passés
Et le Temps se désespère
Il n'aura jamais de prise
Dessus vous ma svelte mère
Que la balle immortalise
Pour le Jeudi en Poésie des Croqueurs de Mots, Nounedeb propose le thème de la balle (Juin et Roland-Garros obligent !). C'est ainsi que je publie de nouveau ce poème, écrit en août 1995, à l'occasion des 70 ans de ma mère. Grande joueuse de tennis devant l'Eternel, elle ne cessa de fouler la terre battue qu'à l'âge de 84 ans. Ce texte lui rend hommage.