Vendredi 29 octobre 2010 la collection Empreintes de France 5 proposait un portrait d’Abdou Diouf, qui fut à trois reprises président du Sénégal (1981-2000), et qui est, depuis 2002, Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie.
Cet élégant Sénégalais, aux origines peul, wolof et toucouleur (par sa mère) et sérère (par son père), surnommé parfois « la girafe » à cause de ses deux mètres de taille, fut le protégé et le successeur du grand Léopold Sedar Senghor, l’auteur d’Ethiopiques (1956). Le grand poète, qui déclarait être lié à l’Europe « par le nombril », n’écrivait-il pas : « Le français, ce sont les grandes orgues, qui se prêtent à tous les timbres, à tous les effets, des douceurs les plus suaves aux fulgurances de l’orage. »
Abdou Diouf apprit à lire au cours préparatoire avec le manuel Mamadou et Bineta vont à l’école et reçut ainsi la langue française en héritage. Il n’eut alors de cesse d’œuvrer pour sa diffusion. Paraphrasant la phrase de Cioran, il précise qu’on habite un pays, bien sûr, qu’on habite un monde, certes, mais aussi et surtout une langue. Selon lui, l’"honnête homme" du XXI° siècle doit parler sa langue maternelle (le wolof pour lui) et au moins les deux grandes langues de communication internationale que sont l’anglais et le français.
Cet humaniste, qui a agi sans relâche pour l’unité du continent africain, est par ailleurs très attaché à l’idée de laïcité. Musulman lui-même, il a épousé une catholique, et certains membres de sa famille sont juifs. Il vit ainsi au quotidien la diversité culturelle et religieuse.
Et Abdou Diouf a conclu le rappel de son étonnant parcours par cette phrase de Soeren Kierkekaard : « Ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin.»
Samedi 30 octobre 2010