They give evidence, installation de Dadang Christanto à l'Art Gallery of NSW
(Photo ex-libris.over-blog.com, le 11 février 2013)
Ne voulant pas quitter Sydney sans avoir parcouru de nouveau la superbe Art Gallery of NSW, nous y sommes retournés le lundi 11 février 2013. Dans une salle un peu retirée de la partie Art moderne, l’impressionnante procession funéraire, érigée par l’artiste australien Dadang Christanto, s’est offerte à nous. Cette œuvre, intitulée They give evidence (1996-1997), saisit par son ampleur et sa dignité.
Les seize figures masculines et féminines de cette installation sont réalisées en poudre de terre cuite, mélangée avec de la fibre de verre et de la résine. Les vingt-deux pièces de vêtements que portent les personnages sont en tissu et en résine de couleur.
D’origine indonésienne, descendant de Chinois, la famille de Dadang Christanto fut victime des massacres de 1965-66, perpétrés sous le régime de Suharto. Si l’œuvre est certes inspirée par la douleur personnelle de l’artiste, elle n’en témoigne pas moins de sa capacité à transcender sa souffrance intime pour accéder à l’universel.
Droites, figées pour l'éternité dans un cri silencieux sans fin, ces figures évoquent les victimes de la guerre et de la violence. Muettes, dans un geste d’offrande, elles portent le corps d’hommes, de femmes, d’enfants innocents qui ont été tués. Dans leur simplicité, leur silence, leur hiératisme, leur impuissance, elles témoignent de l’oppression, de l’injustice sociale, de l’inhumanité foncière de l’homme.
Acclamée au Japon en 1998, admirée à la 14 ème Biennale de Sao Paulo en 1998, cette œuvre fut exposée à Jakarta. On regrettera cependant que, pour voiler la nudité de ses personnages, l’artiste y ait été contraint de les recouvrir de tissu noir. Cachez cette mort que je ne saurais voir !