La Vierge au Buisson de roses, Partie centrale du retable sur bois, Martin Schaungauer, 1473,
Eglise des Dominicains, Colmar
Il était venu d’Allemagne
Le beau Martin Schongauer
Lui le fils de l’orfèvre
Dont le burin si fin
Traçait les vierges folles
Comment se peut-il
Qu’en ses vingt-trois ans
De jeune peinture
Il peignit si belle
La Vierge parfaite
Au Buisson de Roses
Sous le chœur voûté d’ogives
De l’église des Dominicains
L’unique rose sans épines
La rêvante au front haut
Tient son visage incliné
Les deux bras de son enfant
Agrippés à son cou
Ses longs cheveux spiralés
Roulent sur sa robe rouge
Comme ses lèvres closes et souriantes
Et deux anges aux ailes noires
A la robe aux reflets bleus
Portent la couronne de gloire
Sertie de pierres précieuses
Tu iras toi aussi me cueillir
Pour ton fils ô très sainte Vierge
Assise au gazon vert
Marie écoute à l’infini
Les doux anges musiciens
Le moineau pépiant de modestie
Le chant du rouge-gorge
Qui flambe la passion
Au-delà du banc de pierre
Eclate la roseraie
A la rose immaculée unique
Blancheur qui répond
Au tissu clair de l’Enfant pur
Et sur la claie de bois
Rougeoient les roses rouges
Rapportées de croisade
Par Thibaut de Champagne
Elle respire l’odorance des lys
Disant le sacrifice
Et le sang des martyrs
Elle sait les tendres giroflées
Fleurs du crucifié
La puissante pivoine
Rose de Pentecôte
Qui soulage et qui soigne
Pour son petit enfant
Au crâne rayonnant
Tenu dans ses doigts ivoirins
Elle aimerait cueillir
Aux plis de son manteau
Les humbles fraises du jardin clos
La nourriture des enfants morts
Dimanche 1er janvier 2012, jour de la fête de Marie Mère de Dieu
Profil de Martin Schaungauer, Statue de Bartholdi,
devant le musée Unterlinden à Colmar