Anguish, Gandaghar Mahato, Photo de Gordana Kezic
Cet homme-là debout
Sa bouche est comme un trou
Ses orbites sont vides
Et son corps est livide
Il n’a plus de cheveux
Ses genoux sont cagneux
On voit les ligaments
De son cou haletant
Cet homme-là debout
Il possédait tout
Il portait dans ses mains
L’espoir des lendemains
Mais on lui a tout pris
Ne reste que son cri
Sead, Ken Sealley, Photo de Clyde Yee
Déjà
Nu
Dans la rondeur maternelle
Je nageais
Somnolais
Dans l’amniotique tunnel
Mes doigts n’étaient que bourrelets
Mes pieds étaient encore palmés
Mes bras souples comme murènes
Mon dos sinuant comme queue de sirène
J’ondulais doucement
En de vifs mouvements
Je flottais dans cette eau
Ces lointains sidéraux
Je flottais me mouvais
Et puis me retournais
En harmonie totale
Dans l’océan fœtal
Et j’étais en apnée
De toute éternité
Puis
Nu
Il m’a fallu naître
Ouvrir la fenêtre
De la maison humaine
De ses joies de ses haines
Mais
Quand me roule la mer
Comme en son bathysphère
Quand m’enlace la vague
Voilà que j’extravague
Que je me remémore
La maternelle amphore
Breaking wave, Jean-Marc Rivalland, Photo de Gordana Kezic
Ces textes m'ont été inspirés par les photos d'une exposition qui a lieu à Bondi, Australie, aux antipodes, où vit mon fils. D'autres photos de cette exposition, qui a lieu au bord de la mer, sont visibles sur le site http://sculpturebythesea.com/gallery.html