Aujourd’hui, on apprenait avec émotion la mort de la jeune chanteuse Lhasa de Sela, décédée d’un cancer du sein à l’âge de 37 ans.
Trop brève existence et trop brève carrière, mais déjà tellement remplie, pour cette chanteuse américano-mexicaine qui avait trouvé à Montréal un endroit où poser ses valises. « N’importe où dans le monde, ce ne sera jamais comme à Montréal » disait-elle.
Née en 1972 dans une famille anti-conformiste, elle avait durant sa jeunesse connu une vie nomade dans un bus sur les routes du Mexique et des Etats-Unis. Nul doute que ces errances l’avaient ouverte aux beautés du monde et avaient inspiré par la suite ses chansons.
Sa musique chaude, intimiste, était exaltée par une voix cassée, voilée, qui évoluait du grave à l’aigu avec un égal bonheur. Elle avait composé des chansons aux influences multiples, tsigane, pop, blues, folklore mexicain, qu’elle pouvait chanter en anglais, en espagnol et en français. La Lhorona (La Pleureuse) en 1997, puis The living road en 2003, et enfin son dernier album, sorti en 2009, sobrement intitulé Lhasa, lui avaient valu une reconnaissance internationale. En 2005, elle avait été consacrée « Meilleure artiste des Amériques » aux Awards for Worldmusic de la BBC. Toujours curieuse de tout, elle préparait un album dans lequel elle voulait interpréter des chansons des artistes chiliens Victor Jara et Violeta Parra.
Certaines paroles de son dernier album, qui porte donc son prénom, résonnent tel un testament, comme si elle pressentait le tragique destin qui serait le sien. On écoute le cœur serré la première strophe de « Is anything wrong » :
I used to say
I’m ready show me the way
Then another year or two
Would pass by me
Dans la deuxième chanson “Rising”, elle se décrit emportée dans un orage :
I got caught in a storm
That’s what happened to me
So I didn’t call
And you didn’t see me for a while
[…] I was rising up
Dans “A fish on land”, elle s’interroge sur la vie:
I had a dream last night
A fish on land
Gasping for breath
Just laughed
And sang this song
Is life like this for everyone
Is life like this for everyone
Un intense sentiment de mélancolie nous gagne quand elle chante « Where do you go » :
Where do you go
When your tides get low
In the summer dress
Of your drunkenness
I go far from here
Where the silence sleeps
In the very deeps
Of the holy blue
And I dream of you
I dream of you
Petite araignée qui se demande quand reviendra le bonheur :
Lonely spider waiting in her web
Hoping she can catch some happiness
Oh when will happiness come by again
Elle sait pourtant que la liberté- celle de l'au-delà de la mort?-viendra:
I have no way to prove it
No proof but I believe
A thousand and one nights of this
And then I will be free
Dans “I’m going in”, Lhasa ne nous dit-elle pas qu’elle s’en va ?
When my lifetime had just ended
And my death had just begun
I told you I’d never leave you
But I knew this day would come
A la dernière chanson de l’album, les larmes affleurent aux paupières:
The leaves are falling falling down
Down into sound and sun
And no one is afraid of you
And you’re not afraid of anyone
Lhasa, where did you go?
Lundi 04 janvier 2010.