Les fleurs de rocaille dans le jardin
J’ai vu
Le jaune fou du forsythia
Effarant le soleil
Tout par-dessus le mur
Les fines herbes fébriles
Qui se haussent du col
Dans les deux pots jumeaux
Celles qu’on dit mauvaises
Têtues de vouloir-vivre
Et trouant le gravier
Le prunus rosé
Comme un Japon ancien
Dans le fond du jardin
Le prunus en fleur dans le fond du jardin
Le bois dur des rosiers
Frémissant de leurs feuilles
Résillées et pointues
Dans le cœur des palmiers
La dague dégainée
Droite et qui s’éploiera
L’efflorescence bleue
Arrondissant les angles
De la rude rocaille
Les arbres à papillons
Mûrissants leurs senteurs
Pour leurs hôtes futurs
Les poissons rouges dans le bassin
Les poissons remontés
Des tréfonds du bassin
Que je ne peux compter
La jacinthe très bleue
Au parfum capiteux
Dans la terra cotta
La jacinthe bleue
Sous l’écorce grattée
Des très vieux althéas
Du vert à volonté
Les pigeons gris et blancs
Aux ronds roucoulements
Que je n’entendais plus
Désormais revenus
La mouche qui trottine
Au hasard musardine
Sur le tuffeau chauffé
De silencieux félins
Les chats de mes voisins
Marquant leur territoire
De leurs excréments noirs
Un chat dans les herbes
Le coq orange
Et arrogant
Ressuscité dans le regain
Le coq indifférent
Refusant son regard
Au tapis blanc des plumes
Eparpillées éparses
De la poule ventrue
De la poule perdue
Violentée
Par le renard roué
Et qui ne verra pas
L’éclatement ardent
De son mortel
Printemps
Le renard est passé