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3 décembre 2009 4 03 /12 /décembre /2009 19:21


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Le jeudi 19 novembre 2009, la Compagnie Les Sans-cou jouait La Tragédie d’Hamlet Prince de Danemark (1600-1601), salle Beaurepaire à Saumur, dans une adaptation d’une heure et demie d’Igor Mendjisky. Ce dernier explique qu’il a monté la pièce de manière à ce qu’elle puisse être jouée partout, dans n’importe quelle configuration, et que les acteurs soient à la fois sur le plateau et aux côtés des spectateurs, brisant ainsi « le quatrième mur » du théâtre.

Romain Cottard, qui interprète Hamlet, le fait avec une belle fougue et sa silhouette longiligne et élégante sied bien au rôle du prince comédien. Le reste de la distribution apparaît très inégal : Gertrude et Ophélie tirent particulièrement leur épingle du jeu au détriment des Polonius et autres Rozencrantz et Guildenstern, qui sont desservis par leur apparence de loubards de banlieue. Fanny Deblock, notamment, à la diction précise, propose une Ophélie sensible et irradiante

On reconnaîtra que le metteur en scène a été inventif, usant de la  poursuite avec un certain talent, notamment lorsque Hamlet parle avec Horatio, d’un étage à l’autre. Il a par ailleurs « modernisé » le texte, afin de le rendre plus accessible, mais ne perd-on pas ainsi la « chair » de cette langue magnifique, si riche en images ? D’autres trouvailles laissent rêveur : ainsi en est-il de la scène du duel entre Hamlet et Laërte, l’affrontement se faisant à travers des bassines d’eau et c’est au comédien qui laissera le plus longtemps la tête dans l’eau ! Que dire encore de la musique qui associe Shakespeare à Marilyn Manson et Eurythmics ? Sans doute ces remarques sont-elles celles de puristes d’arrière-garde puisque cette troupe a remporté le Grand Prix du Festival d’Anjou 2009 des jeunes compagnies !

Le plus grand reproche que l’on peut cependant faire à cette adaptation, c’est d’avoir empêché le comédien Romain Cottard de prononcer la question fameuse : « To be or not to be ? » Elle est en effet évincée, puisque l’acteur écrit la phrase à la craie sur le plateau.

Sans vouloir se focaliser sur ce passage qui a fait l’objet de toute une littérature critique, reconnaissons qu’il est dommage de ne pas avoir donné l’occasion à l’interprète de se la mettre en bouche, d’en balancer le rythme binaire, d’en savourer la dualité, de donner son approche de cette phrase, qui est la plus parfaite expression du dilemme entre action et inaction. Alors que la diction de cette alternative mythique consiste en l’un des exercices les plus répandus dans les cours de théâtre, on regrettera qu’on ait refusé à un jeune acteur, qui avait sûrement toutes les qualités pour nous en proposer l’ambiguïté, l’occasion de nous la faire entendre.


Jeudi 03 décembre 2009. 

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