Le cimetière allemand de Mongoutte à Sainte-Marie-aux-Mines
(Photo ex-libris.over-blog.com, mardi 08 novembre 2011)
En bas de la vallée la vie roule sans trêve son bruit de camions
Une écharpe de brume flotte dans l’air humide et doux
Au flanc de la montagne sous un tapis de feuilles blondes
Dorment mille cent soixante quinze soldats allemands
Et le baron Fitz-James de Berwick colonel de la garde impériale de Russie
Tous
Qui ne chargeront plus sabre au clair
Qui n'avanceront plus baillonnette au canon
Qui ne salueront plus au garde-à-vous
Qui ne marcheront plus au pas de l’oie
Soldats de guerres sans nom sauvages et meurtrières
Soldats de tous les grades Schütze Pioner Hauptmann
Julius Kantorowitz Jäger Karl Ochs Landsturmann
Que la mort a mêlés et confondus dans les ténèbres de l’humus
Quatre croix de métal au cimetière allemand de Mongoutte à Sainte-Marie-aux-Mines
(Photo ex-libris.over-blog.com, mardi 08 novembre 2011)
Désormais
Ils gisent dans l'amitié tendre et ténue de la terre
Ils respirent le vent dans les branches tendues et frémissantes
Ils prêtent l’oreille au murmure de l’eau sous le pont de pierre
Ils écoutent le cri des corneilles et des corbeaux au-dessus des prés
Ils tressaillent au son cristallin des cloches villageoises en contrebas
Ils remuent doucement parmi les plantes et les racines à la vie obstinée
Comme le dormeur dans ses draps fuyants et ondoyants
Savent-ils si leur casaque est bleue ou verte
Soupirent-ils pour l’Allemagne songent-ils à la France
Murmurent-ils Alsace appellent-ils Elsass
Leurs rêves sont-ils français ou bien sont-ils allemands
Maintenant
Je crois qu’ils n’en ont cure ceux-là qui dorment éternellement indifférents
Dans le compagnonnage serein et universel des morts
Au cimetière allemand de Mongoutte
Sainte-Marie-aux-Mines,
mardi 08 novembre 2011, 11h du matin