Maggie Cheung (Mme Chan) et Tony Leung (M. Chow),
dans le In the Mood for Love (2000), de Wong-Kar-Wai
Dans ta robe en satin je te vis un matin
Dansante arachnéenne insecte damassé
Ta longue silhouette aux reflet diaprés
Pétrifia mon regard et scella mon destin
Dans ta robe flammée ressuscitaient des mondes
Des mystères moirés des vagues chatoyantes
Des légendes filées des bagues opalescentes
Tes mouvements faisaient de sensuelles ondes
Dans ta robe ocellée soyeuse de reflets
Dormaient des temps anciens des princesses chinoises
Des mandarins figés dans des brocarts turquoise
De longues caravanes aux luxueux secrets
Dans ta robe de faille s’agitaient des bannières
Aux motifs rehaussés de lys et de dragons
Des rois s’agenouillaient aux coffres très profonds
Le tissu fabuleux vibrait dans la lumière
Dans ta robe brillante aux yeux de vers luisants
Vivaient des arcs-en-ciel tremblant d’iridescence
Et des magnanarelles aux doigts pleins de patience
Le cocon du bombyx y croissait lentement
Dans ta robe ottomane éclair de nuances
Sanglotaient les canuts révoltés sans chemise
Tissant chasubles d’or pour les grands de l’Eglise
Taffetas et shantung irisés de souffrance
Dans ta robe organdi ton corps se mouvait
Tes gestes dessinaient des courbes lumineuses
La minute arrêtée claire et voluptueuse
Au miroir de soie que ton âme habitait
Pour le Jeudi en Poésie des Croqueurs de Mots,
Thème proposé par Jeanne Fa-Do-Si :
Les vêtements