Un blog pour lire, pour écrire, pour découvrir et s'étonner. "La Vie a plus de talent que nous" disait Nabokov.
Par Catheau
La Valse chaloupée (1906), Kees Van Dongen
Chiquita sentait la vanille
Et, quand parfois je la pinçais,
Elle disait tout bas : - Assez !
Mé prénez-vous por ouné fille ?
Je la croyais et la laissais.
Alors elle éclatait de rire
Ou, se remettant à danser
Comme ne l’eût pas fait la pire
Des gitanes, elle pressait
Son corps au mien et m’embrassait.
C’est dans la dernière partie de La Bohème et mon Cœur de Francis Carco, intitulée « Petite suite sentimentale », que l’on trouve cette suite de dix vers en octosyllabes, construite sur trois rimes. Dans la préface du recueil, Francis Carco évoque ses « belles années disparues ».
Il se rappelle ses amis, « ce groupe de très jeunes gens de province, désœuvrés, collaborant aux publications d’avant-garde et n’aimant que la poésie ». Il se décrit « avec cette cravate noire en forme de plastron, cette longue mèche de cheveux, ce regard trop sincère » et « comme un enfant qui […] n’avait d’amour que pour Clara d’Ellébeuse, Pomme d’Anis, et la provinciale Aloïda… »
Dans ce bref poème, j’aime la manière vive dont il brosse la silhouette d’une de ces filles, aux amours faciles ; le souvenir de sa danse brille en lui comme une étincelle.
Pour les Jeudis en Poésie des Croqueurs de Mots,
Thème : badinages libres,
Proposé par Vert de Grisaille
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