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9 septembre 2010 4 09 /09 /septembre /2010 16:50

  bon-papa écrivant

Mon grand-père au front, écrivant (Collection personnelle)

 

C’est le triste sort des amantes, des épouses et des mères, depuis tout temps, d’attendre l’homme parti guerroyer et de vivre « l’amour de loin », tel que le chanta l’époque courtoise. Ma grand-mère ne fit point exception à la règle, puisque mon grand-père participa à la Grande guerre.

Dans son Carnet de Poésie, j’ai retrouvé sur un feuillet libre un texte, intitulé Prière de Mercier (si je déchiffre bien), évocatrice d’un éloignement douloureux qui dura quatre longues années. Je la restitue avec la ponctuation d’origine.

Cette préoccupation tendre de la femme aimée qu’éprouve le soldat au front m’émeut. Alors que la peur sans doute tenaillait sans relâche mon grand-père, il souhaitait que son épouse soit épargnée par l’inquiétude et les « effrois obscurs ». Très classique dans sa forme, cette prière de demande, dans sa simplicité, est ainsi le témoignage de l’amour qui liait mes grands-parents.

 

 

Seigneur mon Dieu veillez sur l’absente qui m’aime

De tout le grand amour dont je l’aime moi-même

 

Donnez à ses matins un rayon de clarté

Pour que son pauvre cœur en soit réconforté

 

Qu’elle ne sente pas dans la douteuse aurore

Que la maison est vide, hélas, et trop sonore

 

Qu’en se mettant à table elle ne pleure point

En songeant qu’elle est seule et que je suis bien loin

 

Par ces après-midi où l’hiver est si triste

Qu’un rayon de soleil de temps en temps l’assiste

 

Mais surtout, ô mon Dieu, que les soirs, les longs soirs

Ne l’environnent pas de pressentiments noirs

 

Au retour de la nuit, gardez sa solitude

Des souffles de la peur et de l’inquiétude

 

Que le grand vent plein d’ombre et dont tremblent les murs

Ne la pénètre pas de ses effrois obscurs

 

Que celle dont elle a le charme, que la lampe

D’une lueur de paix illumine sa tempe

 

Donnez-lui de dormir d’un sommeil calme et doux

Qu’un songe la visite et qu’il vienne de vous

 

Seigneur mon Dieu veillez sur l’absente qui m’aime

De tout le grand amour dont je l’aime moi-même

 

Prière de Mercier ( ?)

 

  P1000381

 

 

 

Samedi 11 septembre 2010

 

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