Un blog pour lire, pour écrire, pour découvrir et s'étonner. "La Vie a plus de talent que nous" disait Nabokov.
Par Catheau
On m'a offert le premier roman d'un jeune poète belge (Ecart-type, Cavale russe, Cadastres), Célestin de Méeûs. Roman qui possède un titre énigmatique, Mythologie du .12.
Je l'ai lu rapidement, en apnée, certaine que les deux pages noires au début de chaque partie n'auguraient rien de bon.
Par le biais de phrases longues de parfois deux, voire trois pages, mais bien structurées (plus de 4 000 virgules), on entre dans le flux de conscience de Max, Théo et du docteur Rombouts. Les deux premiers sont des jeunes désœuvrés, zonards à la fin de leur scolarité, lors du solstice d'été. Le second est un médecin "arrivé", séparé de sa femme et de ses fils, et aigri contre la terre entière.
Cette forme originale, à laquelle on s'habitue très vite, est au service du fond et lui confère toute son intensité. On découvre trois êtres, qui n'auraient jamais dû se rencontrer, mais pour qui la vie est également incompréhensible et leur pose des questions sans réponse. Tout comme est mystérieuse cette fin dont je ne dirai rien mais qui est en forme d'énigme.
Dans le choix précis des mots, on perçoit le poète dans le romancier et j'ai été séduite par les pages dans lesquelles l'auteur décrit la nature avec l'art d'un botaniste. Il affirme en rappelant ce que dit André Pieyre de Mandiargues : "Pour apprendre à écrire, il faut écrire de la poésie. Et de préciser : "Evidemment, je n'avais pas pour intention d'écrire de la poésie pour passer ensuite à autre chose. Mais j'aimais l'obligation d'être précis, de savoir ce que je voulais dire et comment je voulais le dire."
Quant au titre énigmatique, qui associe la passion de Max pour les mythes grecs au chiffre des cartouches d'un fusil de chasse Defender, il résume bien les angoisses d'une société contemporaine qui ne possède plus aucun sens ni pour les jeunes ni pour ceux qui sont censés avoir réussi.
J'ai cependant souri en retrouvant le nom des pâtisseries belges, le couke et le pistolet, que je dégustais à La Panne et le dimanche à Dunkerque.
Une belle découverte pour ceux qui aiment être surpris et étonnés.
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