
Héloïse Gaillard en l'église Sainte-Croix de Marson (Photo ex-libris.over-blog.com)
La saison culturelle 2020-2021 de Rou-Marson s’est ouverte avec brio grâce à la présence de la flûtiste et hauboïste de renom, Héloïse Gaillard. Samedi 20 août, à 16 h 30, dans l’église Sainte-Croix de Marson, sous le regard de la Vierge à l’Enfant et de sainte Catherine, la jeune musicienne a interprété les 12 Fantaisies pour flûte seule de Georg Philipp Telemann (1681-1767), compositeur baroque prolifique, qui jouait lui-même de cet instrument ainsi que du violon, de la cithare et du clavecin.
Avant de commencer son récital, Héloïse Gaillard a dit son attachement à ce musicien qui l’accompagne depuis ses premiers pas musicaux et dont elle ne cesse de revisiter cette œuvre si riche. Il « nous incite à l’audace tout en requérant la rigueur nécessaire à la juste compréhension du discours » précise-t-elle dans la Note de programme.
L’artiste a aussi insisté sur sa joie de retrouver le public pour la première fois après le confinement. Certes, il y a eu beaucoup de vidéos sur internet pendant ce temps d’isolement mais rien ne remplace le spectacle vivant, a-t-elle souligné.
Selon Héloïse Gaillard, pour cette œuvre particulière, Telemann « souhaitait laisser aux interprètes le choix des instruments ». C’est pour cela qu’elle a préféré jouer les 12 Fantaisies pour flûte seule sur quatre flûtes différentes, nous donnant là une superbe occasion de découvrir les possibilités variées de la flûte alto, de la flûte soprano, de la grande flûte de voix, chaleureuse et profonde, et de la petite flûte sopranino, aux sonorités plus aiguës.

Quel plaisir d’écouter ces fantaisies, qui méritent si bien leur nom tant la liberté, la virtuosité (et, on pourrait le croire, l’improvisation), y sont reines ! Si elles sont invitation à la danse et à la gaieté, Héloïse Gaillard précise bien que cette musique a été composée dans ce temps baroque « où la rhétorique jouait un rôle fondamental, ce qui engage à l’humilité et [lui] impose le respect du texte ». J’ai particulièrement aimé la Douzième fantaisie en sol mineur, extraordinaire dans ses couleurs, ses nuances, sa variété.
J’ai été aussi très impressionnée par l’engagement physique de l’artiste, dont tout le corps est sollicité par l’interprétation : l’émotion, la tension y sont palpables. Héloïse Gaillard a joué la première partie de son récital assise puis, après une petite pause de quelques minutes, elle a choisi d’être debout.
En l’écoutant, comment ne pas penser aux vers de Jean Richepin, qui font parler la flûte :
« […] Et depuis, quand sa lèvre aux souffles musicaux
Eveille les chansons au creux de mon silence,
Je tressaille, je vibre, et la note s’élance ;
Le chapelet des sons va s’égrenant dans l’air ;
On dirait le babil d’une source au flot clair ; […] »
Merci à Héloïse Gaillard pour ce moment intense de pureté musicale.

Sources : Note de programme.
Photos : ex-libris.over-blog.com