Philémon et Baucis, Antoine Bourdelle, Aquarelle, 1919
Le mardi 17 mars 2015, j’avais regardé une émission de la série Couples, de Thierry Demaizières et Alban Teurlai. Le philosophe Pascal Bruckner y avait rappelé l’expression magnifique de Milan Kundera, selon laquelle des amants fidèles éprouvent l’un pour l’autre au fil du temps une « compassion éblouie ».
Actuellement, je lis le petit ouvrage de François Cheng, Œil ouvert et cœur battant (2016), où l’écrivain poète se demande comment envisager la beauté au cœur du mystère du mal, inhérent à notre monde. Il réfléchit, entre autres, sur le rôle de la pitié qui, selon lui, « nous fait voir les conditions réelles de la beauté, et par là, tout le prix de ce don inouï ». De plus, ajoute-t-il, ce sentiment possède « la capacité paradoxale de replacer les instants de beauté dans la durée : par sa juste compréhension des choses qui reconnaît les possibles faiblesses ou failles, elle nous prémunit contre d’éventuelles déceptions futures qui pourraient venir ternir ces instants uniques ».
A cette occasion, lui revient en mémoire une phrase de Jacques de Bourbon-Busset, « le chantre de l’amour durable » : « Point de vraie passion sans compassion », affirme l’auteur de L'Amour durable (1969). Ainsi, comme Milan Kundera, il pense que « la compassion assure à la passion sa durée ». A la veille de célébrer mes noces d’or, cette pensée est pour moi particulièrement lumineuse.
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