Deux Ramiers de l’année frissonnaient au matin,
Attendant le printemps, blottis sur une branche.
Le plus jeune, impatient, décida tout soudain
De s’envoler bien loin au soleil de la Manche.
Son frère, raisonnable, patient et grand lecteur,
Avait lu les fables d’un certain La Fontaine.
Fort de l’enseignement, il freina son ardeur
En lui déconseillant la Transpyrénéenne.
Vous ignorez, mon frère, d’un voyage charmant
Menaces et dangers et tromperies du ciel.
Songez donc aux orages, aux lacs et aux enfants
Qui auront bientôt fait de vous briser les ailes !
Je ne vous parle point des chasseurs, des vautours,
Du blé empoisonné et des chats chattemitte…
Demeurez près de moi d’un fraternel amour,
Renoncez au voyage et demeurez au gîte.
Et vous, gentil lecteur, vous reconnaissez-vous ?
Etes-vous dévoré par l’appel du voyage
Ou bien préférez-vous le calme d’un chez-vous ?
Moi, je ne sais des deux lequel est le plus sage.