Un blog pour lire, pour écrire, pour découvrir et s'étonner. "La Vie a plus de talent que nous" disait Nabokov.
Par Catheau
Miguel de Cervantès (1547-1616) est surtout connu par son roman, Don Quichotte de la Manche (1605), qui connut un succès immédiat et de nombreuses rééditions. Certains épisodes furent adaptés pour le théâtre et ses personnages apparurent dans des fêtes foraines. L’influence de ce personnage a irrigué toute l'art occidental : la littérature avec Madeleine de Scudéry, Fielding, Laurence Sterne, Walter Scott, Marivaux et Diderot ; la musique avec Mendelssohn, Richard Strauss, Manuel de Falla, Maurice Ravel, Marius Petipa pour le ballet ; la peinture avec Fragonard, Coypel, Delacroix, Daumier, Gustave Doré, Picasso...
Prenant prétexte que la première édition de Hamlet et la première partie de Don Quichotte parurent la même année au début du XVII° siècle, Ivan Tourgueniev (dans Hamlet et Don Quichotte, 1860), a proposé une réflexion sur ces deux héros majeurs de la littérature occidentale. Selon lui, l’humanité se divise en deux figures fondamentales, celle de Hamlet et celle de don Quichotte. Il explique que si l’on compte plus de Hamlet que de don Quichotte, ceux-ci « n’ont pas entièrement disparu. » Les Hamlet, ce sont « les penseurs, dont la conscience embrasse parfois l’univers entier, mais qui le plus souvent sont inutiles et réduits à l’immobilité ». Quant aux don Quichotte, s’ils sont eux aussi « à moitié fous », ils « rendent des services qui font marcher l’humanité parce qu’ils ne voient et ne connaissent qu’un seul point, et ce point n’existe même pas sous la forme que leur imagination lui prête. »
Tourgueniev poursuit en expliquant que la vie humaine n’est que « la lutte éternelle de deux principes sans cesse séparés et réunis ». Les Hamlet, c’est « la force centripète de la nature ; en vertu de cette force, tout être se considère comme el centre de la création et regarde le reste de la nature comme créé pour son usage exclusif ». A cette force centripète de la nature s’oppose une force centrifuge, « qui veut que tous les êtres n’existent que les uns pour les autres. C’est cette force, ce principe de dévouement et de sacrifice que représentent les don Quichotte […].
A l’occasion de l’anniversaire de la mort de l'écrivain espagnol, le 23 avril 1616 (la même date que la mort de Shakespeare), je publie les photos de la glorieta de Cervantes. Il s'agit d'un espace polygonal, décoré d’azulejos, retraçant des scènes de l’œuvre de Cervantès, situé dans le parc María Luisa à Séville. L'infante du même nom l'avait créé en 1893 et il avait été réaménagé par un paysagiste français, Jean Claude Nicolas Forestier, à l'occasion de l'exposition ibéro-américaine de 1929. C’est au cours d’un séjour en Andalousie, du 14 au 21 avril 2012, que j’avais photographié cet endroit.
Sources :
Le Magazine Littéraire, janvier 2016
Photos ex-libris.over-blog.com, avril 2012
Eclipse Next 2019 - Hébergé par Overblog