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Un blog pour lire, pour écrire, pour découvrir et s'étonner. "La Vie a plus de talent que nous" disait Nabokov.

La Dame et les deux Mantes.

 Les reliefs du repas de la mante (Photo ex-libris.over-blog.com, le 19 octobre 2015)

Les reliefs du repas de la mante (Photo ex-libris.over-blog.com, le 19 octobre 2015)

 

 

Le 14 octobre, j’avais écrit un petit poème sur une mante religieuse venue chercher la chaleur de la maison sur le seuil de la porte de ma cuisine. J’y évoquais les mœurs cannibales de la dame verte. Je n’avais nullement songé que ce bref poème pût être prémonitoire.

Et voilà que lundi 19, mon petit-fils découvre une autre de ses congénères à l’orée de la porte du salon. Nous nous sommes donc amusés à la placer dans le vase où se trouvait la première afin qu’elle lui tienne compagnie. Certes, tout au fin fond de mon esprit, une petite voix m’avait alertée mais je ne l’avais pas écoutée.

Puis, insoucieux du danger, nous sommes partis faire une balade par les sentiers d’automne. En revenant, quelle n’a pas été notre stupéfaction horrifiée de voir que la première mante avait dévoré la moitié du corps de la visiteuse, n’en laissant sur la feuille de salade que les ailes et l’arrière-train !

Nous n’avions pas identifié précisément les protagonistes de cette tuerie mais, au vu de leur taille, il nous a semblé qu’il s’agissait plutôt de deux femelles que d’une femelle et d’un mâle. Ainsi, il est vraisemblable que l’une, affamée, n’ait point accepté la présence intempestive de l’autre.

Une cruelle leçon de choses pour mes petits-enfants mais qui m’a inspiré cette petite fable !

 

La Dame et les deux Mantes

 

Quand octobre survient

Avecque ses matins humides et brumeux,

Ses soleils capricieux et ses ors somptueux,

Les Mantes frissonnantes recherchent la tiédeur

Des maisons où crépite un foyer plein d’ardeur.

Et c’est ce qu’il advint

A la Mante pesante aux trois centaines d’œufs,

Promesse d’héritiers et de printemps heureux.

Elle trouva accueil en une maison forte

Au seuil d’une cuisine et la Maîtresse accorte

Lui offrit un doux havre en un pot de cristal,

Orienté aux rayons d’un soleil automnal.

La Mante jubilait

D’avoir été élue, d’être ainsi admirée

Pour ses grands yeux ardents, ses pattes acérées.

Or il ne dure point

Le temps des préférés et l’Hôte, en bonne mère,

Donna bientôt asile à une congénère.

La première attitrée fut en proie à l’envie,

Sa nouvelle compagne devint son ennemie.

« Que faites-vous ici - dit-elle à l’importune -

C’est moi que Madame aime, je suis la seule et l’une ! »

Dressant ses mandibules, ses vibrantes sensilles,

Ses pattes antérieures effilées en faucille,

Dans le champ clos du lieu, la femelle jalouse

Se jette sur l’intruse : voilà qu’elles en décousent !

Acharnée à tuer, elle coupe, elle hache, cisaille et décapite

Celle qui aspirait à être favorite.

La tête a disparu qui plaisait à l’Hôtesse,

Dévorée toute crue par la verte tigresse :

De la belle n’est plus qu’un tronc mort mutilé,

Pattes déchiquetées et ailes arrachées.

Sans scrupules ni honte et sans remords aucun,

La Mante victorieuse rit à son suzerain.

 

Moralité

 

La faveur d’un monarque est toujours exclusive ;

Elle ne tolérera ni ami ni rival.

Quand on veut la garder, foin de bel idéal !

La lutte est sans merci, il faut que mort s’ensuive.

 

 

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S
Une leçon de vie ou une leçon de guerre? "Une leçon d'amour" nous réppondrait la mante. Que bellle fable!
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C
Merci, Suzâme. Les mantes sont des habituées de notre jardin !
P
Tout est occasion de versifier et de profiter des petits moments de la vie!Bravo<br /> Une bien infidèle admiratrice...
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C
Bénédicte, merci de ton passage entre mes pages. A bientôt.
E
Un havre de paix qui finissa en cauchemar ! .Une bien triste réalité dans le mon animale et superbe cliché de cette mante sur ton orchidée , merci et bonne semaine avec ta maman . je t'embrasse ,<br /> + J'ai aussi une " Martine" qui passe sur mon blog , peut être la même ! ,
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C
Eh oui ! Une belle leçon de sciences naturelles ! A bientôt entre tes pages.
L
Encore une belle leçon que nous offre la Nature, magnifiquement illustrée par votre poème ! Et l'homme étant un animal, même doué d'intelligence, n'échappe pas à la règle : manger ou être mangé ! car chacun "voit midi à sa porte" ....<br /> Merci de ce témoignage ... qui glace même si on connaît la chanson.... mari apiculteur et il faut voir le combats des reines dans la ruche..... ou la reine malmenée et finalement tuée par ses abeilles (on dit pelotée !) parce qu'elle ne leur convient plus.... le meurtre des bourdons une fois leur mission de reproducteur accomplie.... <br /> Bises admiratives pour votre facilité d'écriture
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C
La loi de la jungle vaut pour l'homme et l'animal et "l'homme est un loup pour l'homme". Merci, Luciole, de votre passage entre mes pages.
A
La nature offre de bons sujets de fable, comment imaginer qu'une mante mangerait sa congénère ? un drôle de caractère décidément !
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C
Les animaux sont notre miroir en effet. Il nous suffit de les regarder.
N
Ésope, La Fontaine<br /> Et Catheau,<br /> Autre anneau à la chaîne.
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C
Je suis en bonne compagnie ! Merci, Noune.
M
Cruauté de la mante, cruauté de la vie! En effet une leçon terrible mais un enseignement très profitable! et votre fable en est le reflet talentueux! Merci Catheau
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C
Oui, Mansfield, une leçon à méditer. Les hommes ne sont pas moins cruels. A bientôt.
M
Oui, les lois de la nature sont sans état d'âme. " Manger ou être mangé". La mante , l'oiseau ou l'araignée ne sont pas cruels. Ils suivent leur instinct. . Bien que je me plaise à humaniser la vie végétale et animale, je garde cette règle dans un coin de ma tête. Cela permet au poète ou au conteur de belles inspirations en partages. <br /> <br /> <br /> La belle nous fait frissonner et vos mots nous ravissent comme toujours.<br /> <br /> Merci Catheau.
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C
Les animaux suivent leur instinct et les hommes ont leur conscience. La violence de ceux-ci est d'autant plus terrible ! Merci de vos visites fidèles, Martine.
F
Bonsoir, la loi de la nature nous étonnera toujours. D'aucuns pensent que seuls les humains seraient capables d'atrocités ? Mais les humains, eux aussi, font partie de la nature (ils ne se sont pas créés tout seuls), et n'échappent à la règle. La jalousie, l'envie, la colère... ne sont que des mots pour qualifier nos comportements, mais les mantes nous ont donné une leçon, on croirait presque que la victorieuse nous murmure : "vous n'avez pas le monopole de la guerre"... Voilà qui pourrait sans doute nous rassurer un peu, mais l'histoire reste terrifiante, en effet, pour reprendre les mots de Carole.<br /> Merci du partage, en tout cas, ce fut instructif.<br /> FP
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C
De l'animal à l'homme, ce n'est qu'une question de degrés. Et, hélas, dans le domaine de la violence, l'homme n'a rien à envier à l'animal. Merci de votre passage entre mes pages qui me permet de découvrir votre blog, plein d'humour et de légèreté. A bientôt.
C
Une histoire terrifiante. Que la fable apaise d'un sourire.
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C
Terrifiante, en effet ! Le combat a eu lieu en notre absence, en l'espace de deux heures, et nous avons été horrifiés à notre retour. !