Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 11:53

Truth_Lies_at_the_Bottom_of_the_Well_c1912-1915_Frances_Mac.jpg

      La vérité au fond du puits, Frances MacDonald MacNair (1912-1915)

 

 

 

Dans le puits de sa nuit

Une femme est tombée

Pitoyable pantin

Dans un lent mouvement tremblant

Tourbillonnant et tournoyant

 

La servante engrossée

La fille abandonnée

La grand-mère oubliée

L’épouse délaissée

Et la mère infertile

 

Ses cheveux se défont

Comme tombent les liens

Sa robe est le linceul

Qui leste son corps lourd

Et ses rêves enclos

 

Le puits aura tari

Et la poulie grincé

Mais du profond de l’eau

En haut sur la margelle

Elle voit un rond de ciel

 

Pour Papier Libre de Juliette,

Thème : la nuit est un puits

 

 

 


 

Partager cet article
Repost0
3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 09:34

ODILON-REDON-CLOSED-EYES 2

Yeux clos 2, Odilon Redon

 

Ton âme

Est une contrée très lointaine

Volatile aérienne

Derrière l’horizon et sa ligne secrète

Un sfumato bleuté un boréal halo

En tremblée perspective

Et lorsque je me penche sur ton regard noyé

J’y découvre hantés en stellaires voyages

D’infinis pays sages

 

Pour Papier Libre de Juliette,

Thème : d’infinis paysages

 

 

Partager cet article
Repost0
14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 21:17

  lelong-nature-morte-avec-rouet-et-oiseau-en-cage

 Nature morte avec globe et oiseau, Lelong

 

 

La fenêtre est ouverte

A l'oiseau musagète

Il volète et se pose

Sur la beauté des choses

Sa douce aile frissonne

De peur qu'on l'emprisonne

 

Dans un rai de soleil

A la couleur d'abeille

Danseur sur un fil

C'est un instant fragile

Celui où il musarde

Sautille et se hasarde

Et mélodieusement

Fait se lever son chant

 

Chanteur sur le qui-vive

A la marche furtive

Pour l'oiseau en alerte

Laissez la porte ouverte

 

Pour Papier Libre de Juliette,

Thème : ouvres portes et fenêtres

 

 

la-fenetre-ouvert-friedrich.jpg

 La fenêtre ouverte, Karl-Caspar Friedrich

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 10:34

  pablo-picasso-mendiant-et-enfant

Mendiant et enfant, Pablo Picasso

 

 

 

Assis en tailleur

Devant les vitres

Brillantes et bruyantes

Du Monoprix qui crie

Sur sa couverture rapiécée

Effrangée et salie

Vieux bouddha oublié

Aux yeux demi-fermés

Il attend

 

Quoi ?

 

La piécette jetée

Dans la sébile en fer

Le kawa clairet

Dans la tasse en carton

Le jambon périmé

Laissé sur le marché

La pomme rongée blette

Tombée dans la poubelle

Le filet d’eau glacée

Dans la douche cassée

Du froid foyer d’accueil

 

Sous son front

Le brouillard du vide

Dans ses yeux

Le trou noir de l’indifférence

Dans sa bouche

Le goût amer de la solitude

Sur sa peau

Les crevasses du manque et de l’oubli

Dans ses membres

La lassitude des errances

 

Le temps passe

Et repasse

Les gens passent

Et repassent

 

Lui

Il attend

La fin

De sa nuit

 

 

 

Pour Papier Libre de Juliette,

Thème : Attente

 

Partager cet article
Repost0
16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 10:39

  lit de verdure

Ophelia, John William Waterhouse (1889)

 

La nacelle d’osier où l’on me déposa

Et le petit lit bas de l’enfance muette

Le si grand lit carré de la jeune mariée

Une ancienne chanson

Et les couches de mousse les sables près des sources

Où j’aimais à rêver

Les lits de camp fiévreux les somnolents transats
Quand mon corps s'irisait

Les banquettes de cuir les canapés profonds

Retraites de lectures

Les hamacs de mystère les recoins parfumés

Ecrins de solitude

 

Il y aura un temps

Je les retrouverai

Je m’y endormirai

Dans mon  lit de verdure

 

Pour Papier Libre de Juliette,

Thème : le lit de verdure

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 17:59

  397px-William-Adolphe Bouguereau (1825-1905) - The-copie-1

La Leçon difficile, William-Adolphe Bouguereau

 

C’était un vendredi, jour de Vénus, et jour de lessive au village, que ÇA  lui était arrivé. Par-delà les années profondes, le souvenir lui en revenait parfois par bouffées délirantes. Elle était obligée de s’asseoir et Elle demeurait pétrifiée, les yeux fixés sur l’incompréhensible, l’indéchiffrable, le sibyllin.

C’était peu de temps après la Guerre. Elle allait avoir douze ans et s’apprêtait à passer le certificat d’études. Elle vivait avec la mère et la grand-mère, toutes deux veuves de guerre, dans un petit village du Berry, là où la « birette » porte une peau de sanglier, où le meneur de loups empoisonne les bêtes, où l’œil du sorcier crucifie la chouette sur le linteau des portes. La mère était la directrice crainte et respectée de l’unique école du village. Cependant, sa réserve naturelle, une certaine rigueur puritaine, faisaient qu’elle décourageait les amitiés. Quant à la grand-mère, dite « la sauvagine », elle préparait des potions d’herbes médicinales amères, que les villageois venaient quérir à la sauvette, sur le seuil, à la nuit tombée.

C’était une vie sans hommes. Tombés dans les oubliette du Chemin-des-Dames et de la Débâcle de 1940, le grand-père et le père n’étaient que des images fantomatiques sur le buffet de la salle à manger. Les histoires de violence et de débauche masculines venaient mourir aux murs de la maison, comme une écume lointaine. Elle ignorait ce que sont les hommes. Le seul qu’elle rencontrât parfois était le braconnier, qui leur apportait à la nuit quelque hase, surprise au collet. Il déposait le gibier sur la toile cirée de la cuisine. Un tremblement courait en Elle devant le mince filet de sang, qui faisait comme une petite rigole dans la tendre fourrure grise et blanche.

Elle portait un unique sarrau, d’un gris de fumée. Tout taché d’encre violette, de traces de peintures salies, de poussière de craie, du reflet des alphabets, du sucre des bonbons acidulés, il était pour Elle comme une cuirasse contre le froid du monde.

Les soirs d’hiver, à la clarté de la bougie, Elle lisait la Bible dans l’édition hallucinée de Gustave Doré. Le couteau sur la peau innocente d’Abel, la tête d’Holopherne brandie par Judith, celle du Baptiste sur le plateau que tient Salomé, le mauvais sang était partout, il ne cessait de couler. Elle ne savait pas pourquoi.

Les soirs de printemps, après avoir fait ses devoirs aux côtés de la mère qui corrigeait les cahiers, Elle s’asseyait sous le tilleul aux feuilles sucrées, dans la cour de récréation. Elle y frissonnait avec François le Champi, Elle y rêvait avec Augustin Meaulnes. Et lorsqu’elle sortait de la petite maison de garde-barrière pour appeler la fille, la mère ne voyait plus qu’une silhouette indécise aux cheveux d’un blond d’auréole, perdue dans son sarrau de souris. Elle le portait jusqu’à la nuit et ne l’enlevait qu’au moment de rentrer dans le petit lit à rouleaux.

Les jours s’écoulaient, grisés et lents, dans la solitude à trois. Et, s’il n’y avait pas eu les livres, leurs reliures chaudes et mordorées, les fines pages du papier de soie, la ronde dansée des mots, le regard lavé de la grand-mère, le visage incliné de la mère sur les cahiers d’écolier, Elle serait peut-être allée marcher dans l’étang de la Mer Rouge.

Un soir de juin, la cloche avait sonné la fin de la classe et les enfants étaient debout devant leurs pupitres, attendant que l’institutrice sortît de la salle, comme à l’accoutumée. Elle sentit se faire comme un mouvement derrière Elle et monter doucement comme un brouhaha. Elle se retourna et vit les élèves qui se poussaient du coude et la regardaient en ricanant. Dans le même temps, Elle sentit quelque chose de chaud couler le long de sa jambe et Elle vit une étoile rouge sur sa socquette de fil blanc. Elle poussa un cri d’oiseau, croyant qu’Elle s’était blessée à un clou. La mère s’approcha, et lui serra les doigts. « Sortez en rang », intima-t-elle aux enfants qui, chuchotant entre eux, avaient les yeux rivés sur le sarrau gris, couleur de plomb.

Telle une vestale, Elle suivit sa mère, Elle traversa la cour et toutes deux rentrèrent dans la maison. « Elle a ses menstrues », murmura la mère à la grand-mère qui se signa. Elle entendit le mot monstrueux et Elle revit les sangsues noires et voraces sur le ventre blanc et malade de son aïeule. La grand-mère marmonna :  « Pauvre petite ! ». Les deux femmes la dévêtirent de son sarrau impur et on lava sa tunique de Nessus sous un filet d’eau froide, dans la dure auge de l’évier de pierre. Ses larmes à Elle coulaient, transparentes et pures, sur ses joues blêmes. Et ce fut tout.

La nuit venue, dans son lit, Elle pleura encore silencieusement, les jambes recroquevillées sur la  boule de chiendent et d’orties qui la fouaillait au creux du ventre. Inexplicablement, Elle se répétait la phrase qu’Elle avait lue dans Macbeth : « Tous les parfums de l’Arabie ne pourront effacer cette tache de sang ! » Elle ne comprenait plus rien, Elle ne comprendrait plus jamais rien.

Et c’est ainsi que, dans son sarrau d’écolière, dans les larmes, la honte et le silence, Elle rejoignit la harde éternelle des sacrifiées au sceau du sang.

 

 

Pour Papier Libre de Juliette,

Sur la photo d'une petite fille en sarrau d'écolière.

 

 



Partager cet article
Repost0
5 janvier 2011 3 05 /01 /janvier /2011 11:21

  la mémoire magritte 1948

  La mémoire, Magritte, 1948

 

 

 

Fut-il jamais au monde

Cet instant

Sortilège

Où tout se pétrifia

 

Eut-il une existence

Ce moment

De mandorle

Où ma vie tituba

 

Quelle réalité

Ce long temps

De sorcière

Quand ta main me frôla

 

Virent-elles bien le jour

Les minutes

Immanentes

Où ma peau s’irisa

 

Ont-elles été vivantes

Les secondes

Insolentes

Où mon corps exulta

 

Les jours ont naufragé

J’ai tremblé l’heure exquise

Je ne m’en souviens pas

 

 

Pour Papier Libre de Juliette,

Thème : l’heure exquise

 

 

 

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 19:04

  adoration des mages 2

L'Adoration des Mages, Très riches heures du duc de Berry, (Frères Limbourg, XV° siècle) 

 

 

 

Je me souviens : c’était l’été de 1986, l’année du passage de la comète de Halley. Tandis que, dans les froidures du Canada, une femme avait reçu un cœur artificiel, un autre cœur, dans l’Ukraine des Cosaques, avait quant à lui explosé pour ne laisser que mort et destruction. Et ma fille avait eu sept ans.

Nous étions dans le jardin à contempler le ciel étoilé, dans cette béatitude de l’après-dîner, sous les effluves des dernières fleurs qui se ferment, quand on attend que le sommeil vienne. « Maman- m’avait- elle demandé- ça veut dire quoi à la belle étoile ? » et je lui avais conté cette histoire.

Il y a des milliards d’années- lumières, quand Gaïa et Ouranos s’étaient déchirés, une étoile fragile était née dans la froide nuit sidérale. Un amour de petite comète, avec ses longs cheveux fins, qui flottaient telles des algues de lumière, et un cœur plus transparent que le cristal des neiges. Curieuse comme une petite fille qui se penche au balcon du firmament, elle jouait avec ses sœurs dans le jardin du ciel.

Elle aimait à vagabonder à travers la Voie lactée, musarder parmi les constellations, gambader de l’Etoile du Berger à l’Etoile du Sud et rêver avec les étoiles filantes. Le ciel était trop petit pour elle qui n’avait de cesse de tout connaître de l’infini du monde. Elle avait voyagé jusqu’aux grandes oreilles de Saturne, le seigneur des Anneaux, glissé au sein de la nébuleuse de Vénus, celle qui est ronde comme un œuf, et pérégriné dans les aurores boréales, quand la nuit devient arc-en-ciel.

Mais c’était la Terre qu’elle aimait, la Terre qui la fascinait, avec toutes ses vagues bleues, tellement plus bleues que celles de la nuit stellaire où elle se mouvait, avec sa grâce de danseuse- étoile. Emerveillée, elle y avait vu les mages babyloniens scruter le ciel mystérieux du haut des ziggourats ; étonnée, elle avait surpris les sages chinois en train de prononcer les formules magiques de la poudre et du verre. Avec amusement, elle avait guetté Gambiel et Josué, les deux grands voyageurs hébreux, qui avaient appesanti leurs vaisseaux de boisseaux de farine par peur qu’elle, une si petite étoile, ne les égare. Avec ses amis, les fuyants astéroïdes, elle se souvenait avec horreur de la déroute sauvage des Champs catalauniques, quand Attila avait fait un grand bûcher des selles de ses innombrables cavaliers et qu’il les y avait jetés. Et le baiser de la gloire l’avait effleurée quand le bâtard Guillaume s’était assis sur le trône de l’Anglais Harold.

Un jour, insouciante comme les papillons qui volent trop près de la bougie, elle avait voulu faire comme Icare, et elle avait caressé le soleil. Les rayons dardants du roi des astres avaient été bien près de la métamorphoser en méduse de feu. Ouranos l’avait punie et avait décrété qu’elle ne pourrait  désormais péleriner vers la Terre que tous les soixante-seize ans. Comme son cœur était lourd quand elle tournait, minuscule toupie folle, dans les froids espaces intergalactiques !

Alors, pour retrouver éclat et reprendre vigueur, elle se perdait en songeries et se rappelait sans jamais se lasser le plus merveilleux souvenir de sa vie de comète. En cette année-là, alors que Quirinius était gouverneur de Syrie, avait paru un édit de César Auguste ordonnant le recensement de tout le monde habité de la Terre. Et des foules impossibles à dénombrer s’étaient mises en marche sur les routes poudreuses, pour aller se faire recenser là où on leur avait donné la naissance.

Et elle, petite étoile errante, avait aussi pris la route vers le monde des hommes. Or, il se trouva que son sillage vif et lumineux fut surpris par trois astrologues au regard perdu dans l’océan du ciel ténébreux. Le premier, au teint de cuivre jaune, quitta son orient de rizières vert absinthe et se dirigea vers l’ouest avec son escorte chamarrée et ses coffres remplis de l’or le plus fin. Le deuxième, aussi noir que la réglisse, fit lever ses caravanes de chameaux chargées de brûle-oliban, et abandonna les terres arides où il demeurait pour remonter vers le nord. Quant au troisième, au visage clair comme matin d’hiver, il mena vers le sud, par-delà les montagnes enneigées, son escorte de chevaux tarpans, dont les sacoches de cuir étaient emplies de la myrrhe la plus odorante.

Toujours guidés par la petite étoile, dont la lumière étincelante faisait plisser leurs yeux las, ils parvinrent tous les trois à Bethléem, humble bourg de Judée, non loin d’une mer qui se trouve au milieu des terres. L’étoile vagabonde avait achevé sa course dans un paysage d’oliviers et de sable. Et c’est là que, dans leurs robes de brocart et de soie déchirées par les ronces et les cailloux de leur long périple, ils firent enfin halte.

Ils crurent d’abord à un mirage lorsqu’ils découvrirent dans un simple abri de roches et de palmes un enfant nouvellement né, que veillaient ses parents. Emerveillés, ils comprirent au plus profond de leur cœur que cet humble enfançon vers qui l’étoile les avait menés était le roi des Juifs, dont ils avaient découvert l’astre luminescent à son lever, et qu’ils avaient suivi pendant de longs mois aventureux. Ils s’agenouillèrent autant que leurs jambes de vieux mires le pouvaient encore et lui donnèrent en offrande l’or, l’oliban et la myrrhe. Cette nuit-là, épuisés mais heureux d’avoir rendu hommage à l’Enfant-Dieu,  Melchior, Gaspard et Balthazar lancèrent un dernier regard vers la céphéide phosphorescente qui avait été leur guide fidèle. Ils se couchèrent sur le sable blanc du désert et s’endormirent à la belle étoile.

Ce souvenir mémorable apprenait la patience à la petite étoile de Noël. Toute fière et plus scintillante que jamais, elle s’en retournait vers le coryphée de ses sœurs. Elle en était sûre, on se souviendrait d’elle jusqu’à la nuit des temps.

 

Pour Papier Libre de Juliette,

Thème : la comète de Halley

Partager cet article
Repost0
21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 19:31

  coquillage.jpg

 

 

Sur les plages de Crète dans les temps reculés

Lorsque le roi Minos aimait Pasiphaé

Pâtres et mariniers marchaient sur le rivage

En quête d’un nacré et vibrant coquillage

 

Ils aimaient sa spirale rêvaient son pavillon

Celui qui donne un son si rare et si profond

Que les prêtres le font résonner pour les dieux

Et qu’on le remercie quand la pluie vient des cieux

 

Ils voulaient l’emboucher le fabuleux buccin

L’instrument que Triton le fils du dieu marin

Anima de son souffle barbu et éclatant

Pour chasser de la terre les eaux et les courants

 

Ils le trouvaient si beau dans ses torsades ornées

Sa conque traversière son apex acéré

Sa musique de cor en charmait les sirènes

Et les filles de Nérée chantaient sa cantilène

 

Ils racontaient souvent  la troublante légende

D’une Aphrodite nue aux cheveux en guirlande

Jaillie de la coquille rose en sa nudité

Déesse de la mer vierge Anadyoméné

 

Sur les plages de Crète pâtres et mariniers

En quête de musique les sables ont déserté

Seuls les petits enfants qui ont l’oreille fine

Entendront éblouis la trompette marine

 

 

 

Pour Papier Libre

Thème : sur une photo représentant un coquillage (triton) : Ce  magnifique coquillage vous invite à une visite non guidée. A vous de rêver.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
20 octobre 2010 3 20 /10 /octobre /2010 18:01

   garden eden-

  Le jardin d'Eden, 1410, Peinture sur bois,

Städelsches Kunstinstitut, Francfort

 

Loin très loin

Au fond des labyrinthes de buis et de pierre

Où se perdent les amants

Caché très caché

Derrière les moucharabiehs des harems

Aux senteurs de musc et de benjoin

Retiré très retiré

Dans les prisons sans mémoire

Où gémissent les condamnés

Enfoncé très enfoncé

Comme un clou planté

Dans une plaie qui saigne

Profond très profond

Dans les couloirs de mines

Où croissent opiniâtrement les gemmes

Bas très bas

Dans les grottes souterraines

Où l’eau goutte sur les stalactites silencieux

En apnée limite

Dans la mer abyssale

Où nagent des poissons qui n’ont pas de nom

Creux très creux

Dans les veines rougeoyantes

Des volcans furieux

Là où la terre n’est plus que feu

A des milliards d’années-lumière

Dans le ciel des trous noirs et des super novas

Où l’infini ne se dit pas

Petit si petit

Que c’en est invisible

Dans l’infime des microscopes

Où vibrent les atomes

 

Au cœur de mon corps

Verger de pommes d’or

Au nadir de moi-même

Un jardin clôturé

La clef en fut jetée

Et nul

N’en ouvrira

La porte

Etroite

 

Mercredi 20 octobre 2010

 

 

 

Pour Papierlibre de Juliette,

Thème : mes jardins secrets 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Ex-libris
  • : Un blog pour lire, pour écrire, pour découvrir et s'étonner. "La Vie a plus de talent que nous" disait Nabokov.
  • Contact

ex-libris

 ex-libris

 

Voie lactée ô soeur lumineuse

Des blancs ruisseaux de Chanaan

Et des corps blancs des amoureuses

Nageurs morts suivrons-nous d'ahan

Ton cours vers d'autres nébuleuses

 

La chanson du Mal-Aimé, Apollinaire

Recherche