Vers la fin de notre séjour en Australie, à Bondi, je me suis rendue au Bondi Pavillon pour y voir une petite exposition de peinture, intitulée A lo Cubano. Du 05 au 17 février 2013 y étaient exposées des toiles d’artistes cubains et particulièrement de Reinaldo Valera. Déjà venu à Bondi, Sydney et Melbourne, Valera est un peintre cubain qui expose pour la cinquième fois en Australie. Ses toiles proposent un aperçu vivant et coloré de la vie à Cuba à travers des portraits d’hommes et de femmes, des scènes d’intérieur, que sa fantaisie et son style puissant s’amusent à détourner. L'emblématique cigare cubain y est en bonne place ! Derrière ces toiles souvent proches de la caricature, point cependant une certaine tristesse et un regard qui dit la lassitude d’un quotidien pas toujours facile. On peut y découvrir aussi de nombreux croquis qui sont le point de départ de son inspiration picturale.
En parlant avec le gardien des lieux, j’ai appris de quelle manière cet artiste cubain a traversé les mers pour aborder au continent austral. Stephen Burns, un Australien, m’a expliqué que c’est lui qui promeut les œuvres de Valera et qui s’attache à développer les liens entre La Grande Ile et Cuba. Il m’a conté son parcours, assez original ma foi, qui lui donne l’occasion désormais de pratiquer une activité qui lui plaît et lui permet de nombreuses rencontres.
Il a d’abord été importateur de vêtements à Vaucluse dans la banlieue chic de Sydney. Parlant espagnol, curieux de sport et de politique cubaine, il se lie d’amitié avec des joueurs de base-ball cubains rencontrés lors d’un tournoi pré-olympique. Invité à Cuba par ses nouveaux amis en février 2000, il tombe amoureux de La Havane où il fait par la suite de nombreux voyages. Il y rencontre sa femme Norma qui lui donne un fils, Alejandro. Apprenant que les immigrés jamaïcains jouaient au cricket à Cuba il y a cinquante ans, il entreprend de faire revivre ce sport en l’enseignant et en formant des équipes. Tâche ardue dans un pays où l’on joue surtout au base-ball ! Parallèlement, il fonde son entreprise culturelle, Cubaust (Cuba/Australie), laquelle entreprend de faire la promotion croisée des cultures australienne et cubaine.
En dépit de mon anglais médiocre, j’ai apprécié cette rencontre avec un Australien dont l’ouverture d’esprit m’a beaucoup plu. Amoureux de Cuba, il m’en a vanté les beautés. Je reconnais cependant qu’il a gommé tous les aspects fâcheux de la vie dans un des derniers pays communistes du monde.
Toile d'un autre artiste cubain (dont j'ignore le nom)
Après avoir écrit ce billet, j'ai pensé au poème de la cubaine Nancy Morejon, qui pourrait exprimer l'amour que l'Australien Stephen Burns porte à Cuba. Il s'intitule "Divertimento (Bouteille à la mer, 1997)", Comme les aime Rafael Alberti (pour guitare) :
Entre l'épée et l'oeillet,
j'aime les utopies.
J'aime les arcs-en-ciel et le cerf-volant
et j'aime le chant du pèlerin.
J'aime la chanson d'amour
entre l'ours et l'iguane.
J'aime les passeports : quand
cesseront d'exister les passeports ?
J'aime les labeurs du jour
et les tavernes
et la guitare à la nuit tombante.
J'aime une île plantée au beau milieu
de la gorge de Goliath
tel un palmier royal
au centre du Golfe.
J'aime David.
J'aime cette liberté que j'appelle
immortelle.
Amo la libertad que es una
siempreviva.
Crédit photos : photographies des toiles prises par Stephen Burns
Sources : www.cubaust.com