Courtisane à la pipe, Utamaro
La première fois qu’il avait vu Yukiko une cigarette aux lèvres, il était demeuré pétrifié. Cela était en complète contradiction avec la vision qu’il avait de la femme du Japon, d’un blanc de craie, aux yeux mi-clos, et tellement soumise sous son échafaudage de cheveux aile de corbeau. Non, vraiment, cela offensait son sens de l’esthétique, sa conception de la femme extrême-orientale.
Et pourtant, il n’avait rien osé lui dire. Il avait attendu que les jours se passent, que le temps se dévide, qu’il découvre qu’elle n’était pas du tout celle qu’il aimait ou plutôt qu’il avait cru aimer. Et puis, un jour, par hasard, dans une galerie de peinture, il avait vu une composition d’Utamaro, intitulée « Courtisane à la pipe ». Ce moment lui était resté fiché en plein cœur, telle une épingle de chignon en nacre, et il avait su définitivement qu’il ne l’aimait plus.
Pour le défi des Croqueurs de mots n°115.
Choisir des mots dans son livre de chevet : p. 12, le 3, p. 15, le 8, p.20, le 5, p. 35, le 11, p. 38, le 10, p. 45, le 6, p. 53, le 7, p. 67, le 24, p. 78, le dernier, dernière page, le 1.
Les mots ont été choisis dans le roman de Thomas B. Reverdy, Les Evaporés.